jeudi 28 juin 2007

Sport - Natation, Laure Manaudou enchaîne les titres


Le syndrôme français du champion

Il a flotté ces dernières semaines comme un parfum de psycho-drame autour de Laure Manaudou. L'appliquée élève du devenu très médiatique Philippe Lucas était un peu l'enfant modèle besogneuse, obéissante, respectueuse du père. Et badaboum elle fait ses valises, et pour l'étranger s'il vous plait ! une passade d'adolescente qui fait vite craindre le pire. D'ici peu nous aurons droit à un nouveau best seller "Moi, LM, 20 ans, droguée, prostituée". Bon sportivement on en parlait déjà plus si ce n'est pour soupçonner un futur dopage. Elégant tout cela...

Des débuts de championnat de France timides et les voix des ténèbres ressurgissaient. Quelques jours ont passé et force est de constater que les titres sont au rendez-vous, les chronos arrivent, le sourire en prime ! avec peu de préparation c'est plus que bien pour notre championne. Ah, le mot est laché, championne, champion... des termes pas simples en France car à l'admiration et au respect se mèlent souvent la jalousie, la bassesse et une forme de réjouissance à les voir chuter. Dans d'autres pays, d'autres cultures, on en reste à un espèce de respect éternel pour ce que le champion a fait, pas chez nous. Il est impressionnant de constater le nombre de nos stars qui ont quitté notre territoire pour mieux s'épanouir. La réussite sportive en particulier dérange chez nous. Peut être parce qu'elle est indiscutable, imparable, elle s'impose par le chrono, la performance, le résultat. Parce qu'elle provient d'un don entretenu et développé par le travail. Plus le temps passe et plus l'image de la star et de la réussite s'éloigne de cette représentation : on rêve de gagner au loto, de participer à la star ac, d'avoir l'idée géniale qui va se vendre à des millions d'exemplaires. Et que dire des autres élites en place ? les politiques ne sont pas dans le domaine froid du résultat et ils en ont peur : pas question pour eux d'être jugé par un chrono ou de se remettre en cause chaque samedi. Ils préfèrent le lent calendrier électoral, les promesses sans lendemain qui ne seront pas analysées en vidéo par l'entraîneur adverse... et les artistes ?ils vivent de fait dans un monde virtuel, imaginaire, ils jouent des rôles qui n'existent pas, réalisent des performances qui ne sont pas mesurables.

Dans ce contexte, le sportif surtout individuel est isolé, fragilisé, il n'a nul part où se réfugier, il est une proie facile dans ce monde audimaté.

Oui mais voilà, le champion il a un truc que les autres n'ont pas forcément. Une classe, des tripes, du cran... qui lui font se dépasser et franchir des obstacles physiques et psychiques. Laure Manaudou en fait partie c'est une évidence. La planète nous l'envie. Réjouissons nous qu'elle ait su se détacher un temps pour mieux repartir; tant de jeunes champions disparaissent prématurément, lassés, usés. Qu'elle s'émancipe d'un bodybuilé chevelu qui se voit très beau n'est qu'une anecdote, il n'est qu'une anecdote de la natation quand elle bat tous les records. A l'approche des jeux olympiques, pourrions nous nous souder derrière elle, lui faire confiance dans sa préparation et faire la seule chose dont elle a besoin : la soutenir, l'encourager pour qu'en plus de marquer l'histoire sportive, elle devienne une femme comme elle l'aime. Et puis elle sera en Italie, bon, en 2000 on leur a fait reboucher des mégalitres de champagne en finale de l'euro, en contrepartie on peut bien leur laisser héberger notre Laure nationale !!

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