jeudi 27 novembre 2008

Sarkozisme - La médaille et... son revers


A l'heure de partir en campagne, au moment de briller en société et d'attirer les médias, dans tous ces instants choisis qui font le charme de la vie d'un politicien professionnel, Nicolas ne s'est jamais privé. Il a même brillé après avoir beaucoup travaillé pour cela. Car telle est sa vocation. Pour la servir, une stratégie simple : parler le premier et... le dernier, occuper l'espace médiatique par des annonces toujours renouvelées et souvent provocantes. Pour deux ambitions : empêcher les autres de parler, susciter des débats qui évitent de s'appesantir sur d'inutiles bilans.


Dans cette fuite effrénée vers l'avant, la surenchère s'invite régulièrement, on peut même penser qu'elle apparait dès qu'une note discordante menace. Ces dernières semaines ne dérogent pas à cette règle puisque nous voilà tour à tour conviés à travailler jusqu'à 70 ans, plutôt à temps partiel, mais dimanche compris, sous peine de devenir sdf et d'être raflé chaque soir où le
mercure n'excède pas 5°. Evidemment ces perspectives enchanteresses ne manquent de faire réagir tout un chacun. On peut cependant noter quelques soubresauts de l'actualité qui ne manquent pas de piquant, piquant comme le froid de la rue un soir d'hiver. Pendant sa campagne électorale, Nicolas s'était un brin enflammé un 18 décembre 2006, du côté de Charleville-Mézières. Et pour s'enflammer à Charleville, il en faut. Super Nico y allait Franco, «d'ici deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid». A 15 jours du miracle sarkozien on ne peut cependant "que" déplorer deux cent soixante-cinq personnes sans-abris mortes dans la rue cette année en France. Dont les dernières, comble du désobligeant furent médiatisés. Des inconnus en Une, quel contraste. Le symbole de l'ouverture, Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives (?) tombe même de son haut piedéstal et se fait copieusement siffler, huer lors d'un hommage aux mourants inconnus. En avril 2007, Nicolas donnait une leçon d'économie à quelques apotres subjugués : Pendant ce temps-là on en risque plus de s'interroger sur la pertinence de la provocation du mois précédent. Notre roue de l'infortune n'en finit pas de ne pas rendre son verdict. "Depuis 25 ans, on vous dit que le plein emploi est impossible et que le chômage est une fatalité. Rien n’est plus faux. En cinq ans, nous pouvons atteindre le plein emploi, c’est-à-dire un chômage inférieur à 5% et un emploi stable à temps complet pour tous. C’est de cette manière que nous pourrons vraiment réduire la pauvreté, l’exclusion et la précarité."

Au-delà d'une pauvreté et d'une précarité qui ne semblent pas cesser de croître et d'entraîner la mort jusque dans la forêt parisienne, on notera cette semaine que le chomage... repasse le cap des deux millions. Selon la police gouvernementale. Selon les manifestants, on peut penser qu'il est de toute façon bien plus conséquent. Depuis 25 ans, on nous mentait peut être mais pas sûr que cela ait vraiment changé depuis. Du reste la sortie présidentielle sur le travail partiel vaut tout de même son pesant de cacahuètes puisque l'on passe d'"un emploi stable à temps complet pour tous" à
"l'activité partielle, c'est préférable au chômage total" décliné cette semaine à Valenciennes. Fichtre.

Bon mais après tout qu'importe puisque l'essentiel est ailleurs, la vie ce n'est pas que métro-boulot-dodo,
pour un douillet dodo, y a Nico.
"Je veux permettre à chaque ménage d’être propriétaire, parce que la propriété est le rêve de chacun d’entre nous. Je vous permettrai notamment de déduire de votre impôt sur le revenu les intérêts de votre emprunt immobilier. Ceux qui ne paient pas l’impôt sur le revenu
recevront une aide de l’État pour emprunter." Outre le fait que cette fameuse promesse de déduction n'était pas... constitutionnelle, et que les subprimes à la française avaient un adepte, on apprend cette semaine de la Fédération des promoteurs-constructeurs que "l'attentisme marqué des acquéreurs de résidences principales et des investisseurs, confrontés à des difficultés d'obtention de crédits, s'est tr aduit par une baisse des ventes (16 329 ) de 44 % par rapport au troisième trimestr e 2007. Ce recul s'est accompagné d'une contraction des mises en vente (21 341 ) de 38 %. Le nombre de logements neufs offerts à la vente a augmenté et, avec 113 400 logements (dont 97 312 en collectif ), représente désormais 18 mois de ventes." Bonjour le rêve brisé...

Dans ce contexte bien morose, il nous reste cependant le meilleur, le panache, ce je ne sais quoi de typiquement français qui éclaire de ses Lumières le monde. Ouf. "Je veux être le
Président d’une France qui se sente solidaire de tous les proscrits, de tous les enfants qui souffrent, de toutes les femmes martyrisées, de tous ceux qui sont menacés de mort par les dictatures et par les fanatismes." Après les pantalonades devant lybiens ou syriens, la triste épopée de l'ouverture des JO, la realpolitik made in Sarko est ridiculisée par le grand pays communiste. Le sommet Europe-Chine est boycotté : "La date du sommet dépendra du moment où la France, qui assure la présidence de l'Union européenne, adoptera des mesures concrètes pour créer les bonnes conditions nécessaires pour ce sommet". Et dire qu'après bien des atermoiements, Nicolas se décidait à rencontrer le Dalaï Lama tranquille...

Décidemment, l'information ce n'est pas possible à maitriser tout le temps. Pire, ce ne doit pas être possible. Sale temps pour les amoureux des médailles même en chocolat, elles ont toujours un revers. Récemment décoré du courage politique il ne devrait pas manquer non plus le prix du bonimenteur.
Ce qu'Anna Arendt expliquait joliment : "Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille".

mardi 25 novembre 2008

Foot - Le Losc tout près du bonheur

La décevante sortie parisienne avait quelque peu douché les plus enthousiastes des supporters. malgré une nette possession, les hommes de Rudy Garcia étaient apparus ni inspirés ni percutants au point de parvenir même à laisser marquer Giuly qui n'en demandait pas tant. Coup d'arrêt sérieux ou accident de parcours, la suite ne devait pas tarder à nous rassurer.

C'est Saint-Etienne qui faisait d'abord les frais du réveil lillois. Des verts à forte connotation nordiste avec Tavlaridis, Dernis ou Mirallas mais sans Roussey, l'ancien adjoint de Puel ayant été éjecté peu avant. Rythme, pressing, vitesse, habileté et petit brin de chance firent la différence. Obraniak-Bastos-Hazard assurant le spectacle et la marque. mention spéciale au dernier nommé, tout juste 17 ans et qui connaissait là une titularisation méritée après plusieurs entrées remarquées. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas manqué son match, bluffant le revenant Janot d'un intérieur du pied droit d'école. Les verts frappèrent bien le poteau mais perdirent dans la continuité un joueur, c'en était fini pour cette fois de leurs ambitions. Le chemin sera long mais pas impossible pour ce groupe stéphanois afin de sortir de l'ornière.
Les trois points de la victoire dans la besace, les dogues pouvaient préparer sereinement et avec appétit un déplacement attendu au stade Vélodrome. Face à un OM piteusement défait par des Merlus affamés, la rencontre promettait. Elle n'a pas déçu. Au sortir d'une première période de grande qualité, le LOSC étouffait le milieu marseillais tout en concrétisant sa domination par deux jolis buts de Rami et Bastos, ce dernier profitant d'une belle cagade comme on dit là-bas. Défense physique et appliquée, milieu tentaculaire et attaquants performants, pour contrer ce Lille-là, l'OM ne pouvait compter que sur quelques exploits personnels de Niang ou Ben Arfa. Dés la reprise, c'est... l'improbable Massama qui marque le but de l'espoir. Marseille pousse alors mais Rami impérial et Malicki vigilant tiennent la baraque à frites. On peut alors envisager le meilleur d'autant que Bastos puis Fauvergue, rentré à la place d'un bon Vittek, ont la balle de match. Mandanda se rappelle cependant à notre bon souvenir et démontre que sur sa ligne au moins il est excellent. Les dernières minutes voient les rouges reculer, Ben Arfa prend de la vitesse sans contrainte avant d'être séché au 18m. Le coup franc de l'espoir durant les arrêts de jeu devient celui de la délivrance par la grâce d'un autre revenant, Zenden dont le coup de patte finit au fond des filets. 2-2, pas de regrets à avoir tant la prestation fut de qualité. Et puis, prendre des buts de Massama et Zenden dans le même match, ce ne peut être que par la grâce de la Bonne Mère. Il n'y avait donc rien de mieux à faire. Malgré l'absence du meilleur buteur Obraniak et de son attaquant brésilien De Melo, le LOSC a tenu tête à l'OM comme à Lyon, et comme il a battu Bordeaux à domicile... L'effectif peut donc regarder vers le tout haut du classement comme d'autres équipes inattendues telles Nice ou Toulouse. Un effectif qui peut compter sur l'éclosion spectaculaire d'Eden Hazard qui légitime la filière belge malgré le départ précipité de Mirallas. Et même sur le retour de Pierre-Alain Frau, blessé dès la première journée à Nancy, PAF revient de sa fracture de la malléole avec courage et abnégation. Un atout de plus pour une escouade offensive qui n'en manque pas. Rudy Garcia pousse Lille vers l'avant, on ne s'en plaindra pas. Lorient peut-être.

dimanche 23 novembre 2008

PS - bouillon de cultures

En étant incapable d'organiser sa propre élection, le Parti Socialiste est arrivé au bout de son cheminement, une impasse. Quand un parti se clamant démocratique et proche des militants se déchire en criant à la fraude et à la manipulation lors de ses élections internes, il lui reste peu à apporter à la scène politique hexagonale. Et à espérer.

Une bonne nouvelle dit-on pour bien des prétendants depuis la gauche de Besancenot au centre de Bayrou en passant par le parti du Duce, enfin je veux dire le parti présidentiel quoi.
Peut être, même si on peut penser que le débat politique est censé se nourrir plus d'idées nouvelles que des errements des autres. Surtout dans un contexte aussi dramatique qu'actuellement, la crise financière étant aujourd'hui une crise économique majeure qui annonce massivement fermetures d'établissements et chômage massif. Bien sûr cette gue-guerre des cheftaines va immanquablement éloigner un certain nombre de militants et sympathisants qui chercheront ailleurs chaussures à leurs pieds. Elle va aussi priver de légitimité et de poids la voix de ce parti, seule voix d'opposition en sarkozisme. Pas sûr cependant que ce silence à venir portera chance au locataire de l'Elysée qui n'est jamais aussi insupportable que quand il agit en toute impunité. A l'entendre aujourd'hui, c'est son action, sa politique et son énergie qui sont à l'origine de toutes les initiatives françaises, européennes et... même mondiales contre la crise. Rien que ça. On espère qu'il mettra la même énergie à venir expliquer sa politique et ses choix aux salariés licenciés. Il peut déjà largement s'occuper des intérimaires des grands sites de production automobiles français qui sont mis à la porte.
Pour le parti présidentiel extrêmement encadré, les fausses notes sont de toutes les façons interdites sous peine de connaître le même sort qu'un certain De Villepin.
Reste que ce naufrage électoral du PS ne doit rien aux autres, mais tout à lui-même, à sa caste dirigeante notamment complètement coupée de la réalité. Du reste la décision de remettre aux militants les clefs du parti à l'issue d'un congrès insignifiant montre l'absence de gouvernance autant que de pertinence des éléphants. La mobilisation contre l'une des candidates, Ségolène Royal, de tous les leaders n'a même pas permis à ces derniers d'obtenir une vraie majorité, c'est dire leur décalage avec le monde réel. Comme le soutien à Martine Aubry, à l'origine assurément de la principale réforme de la gauche de ces 20 dernières années, les 35h, mais raillée, abandonnée, contredite depuis si souvent. Même si on ne comprend pas bien ce qui différencie aujourd'hui Aubry de Royal, on perçoit dans ce vrai-faux drame que ce parti souffre depuis des années d'une vraie culture de la défaite alimentée par autant de courants qu'il n'y a d'ambitieux. Parti d'intellectuels BCBG devenus gauche caviar puis Bobos, la conquête du pouvoir n'apparait plus comme un objectif depuis bien longtemps. Hostiles à la personnalisation et au ralliement derrière un candidat unique, ces professionnels de la défaite ne peuvent décemment espérer autre chose de leurs agissements que ce Gloubi-Boulga indigeste mais pas étonnant. La culture de gauche se complait dans les luttes d'influence, les débats sans fin et les différenciations multiples. En oubliant que pour régner Mitterrand avait su faire le vide de ses ennemis et proner l'Union de la Gauche. Deux éralités inimaginables aujourd'hui. Chacun a son argument, son idée, son favori.Une hérésie dans le système institutionnel français qui réclame une majorité et un ou une candidate. Le PS est en passe de devenir un super CES, un conseil économique et social national qui émettra des avis dont tous se moquent. Mais qui leur permettra de demeurer en vie et de faire ce pourquoi ces hommes et ces femmes s'entre-déchirent sans autre ambition : vivre de leurs agissements, intrigues et petites phrases.
C'est un échec des anciens barons, les Jospin, Fabius, DSK... mais aussi pour les jeunes complètement éclipsés du débat. C'est un échec également pour les gestionnaires, ces hommes et femmes de gauche qui concrètement dirigent de grandes collectivités territoriales et qui, au fond, sont les seuls à produire quelque chose de concrèt au quotidien. Ils ont été soigneusement laissés en marge des discussions. Reste à ces éléphants à se déplacer majestueusement certes mais résolument vers leur cimetière. Et à espérer que les plus petits de ce monde, les plus faibles de notre société trouvent à défaut d'éléphants, d'autres vocations pour s'intéresser à leur défense.

jeudi 20 novembre 2008

Rachida Dati - Cachez cette bague que je ne saurais voir

Ma chère Elvire, vous n'êtes plus seule, Rachida, un peu aidée par le Figaro, pas le marié, le journal, cache également ses atours. Plus riches et plus coûteux. Mais tout aussi bien dissimulés...
On savait la préférée du Président plus très tendance depuis quelques mois déjà à tel point qu'un émissaire présidentiel fut dépêché d'urgence cet été pour recadrer sa communication. Ses interrogatoires nocturnes commandités à l'encontre d'une magistrate messin n'ont cependant pas particulièrement servi son image. Quelques semaines plus tard, sa visite surprise en Lorraine ne devait recueillir que le silence et le boycott impressionnant du tribunal. On ne peut pas ainsi gommer des années de pratiques du pouvoir oscillant entre arrogance, assurance et ambition. Une bague par contre si. On peut la gommer. Le Figaro ne s'est en tout cas pas privé de retoucher sa Une aux fins de faire disparaître du portrait de la Ministre de la justice une bague des plus bling bling. Une initiative digne de la Pravda du temps jadis que le Figaro n'a jamais cessé de combattre, comme quoi, comme disait Pierre Desproges, 'L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui".
Comme dans tout crime dérangeant, l'auteur certifie avoir agit seul mais il est troublant de constater à quel point cette décision personnelle du journal épouse le souhait présidentiel.Pour une publication qui revendique identitairement "Sans la liberté de blâmer, il n'y a point d'éloge flatteur", il semblerait que la devise ait pris un petit coup de vieux. Ou de jeune pour finalement se réduire à un langage sms ne conservant que les deux derniers mots. Car voilà un éloge bien flatteur que de s'autoriser à gommer un signe extérieur de richesse d'une ministre de la justice subissant la grogne de magistrats exigeant plus de moyens dans une France entrée en crise économique....
Pour le symbôle de l'intégration à la française qui tente de se refaire une virginité en parcourant les quartiers sensibles, il y avait comme un hic, un détail, une faute de goût.
C'est vrai qu'il y avait comme un décalage mais n'était-il pas finalement de votre devoir que de rendre compte de ce décalage plutôt que de travestir la réalité au service de vos idées ?
Amis journalistes professionnels, vous êtes souvent bien prompts à dénoncer l'amateurisme des blogueurs et leur absence d'éthique. Vous m'indiquerez volontiers ce qui éthiquement a motivé cette retouche flagrante et quel professionnalisme anime vos comités de censure, euh je voulais dire de rédaction bien sûr. Paris Match avait déjà masqué quelques bourrelets débordants de notre Davy Crockett de président en Amérique, mais on pouvait pardonner à ce journal people des débordements de sa catégorie. Mais au Figaro tout de même, l'inquiétude m'assaille. Vos favoris au pouvoir, c'est une autoroute de l'information unique qui vous est offerte, les confidences des ministres garanties en avant-première, des pages et des pages de publicité assurées par les copains industriels. Tout, vous aviez tout pour être heureux, prédominant, exemplaire même. Et patatras, la peur de gagner sans doute, vous fautez bêtement sur une pécadille, un ridicule petit bijou de rien du tout qui vous reclasse au rang de vulgaire feuille de choux à Nico. Enfin je vous l'accorde, la bague est estimée à 16 000 euros ce qui, pour les salariés de l'automobile ou de la sidérurgie condamnés au chomage technique pendant des semaines peut paraître excessif. Mais quand même, parmi les centaines de planches à votre disposition, il n'y avait donc pas moyen de dégoter une autre photo plus neutre. Peut être ne le vouliez-vous pas et cela s'appelle un lynchage. Peut être le vouliez-vous et cela s'appelle une manipulation, ou vous lui avez peut être prise et cela s'appelle un vol... et il vous faut la lui rendre.
Notez qu'il aurait été plus rigolo de lui ajouter une moustache, plus protecteur de lui retoucher le ventre, plus ambitieux de lui refaire la coiffure, plus raisonnable de ne pas trop la faire parler. L'ancienne stagiaire d'Albin Chalandon a certes été à bonne école avec ce chantre de la corruption et puis elle n'est pas non plus Ministre de la justice sociale. Elle aime le luxe, les robes de grands couturiers qu'Yves St Laurent a parfois du mal à récupérer, elle est plutôt directe voire autoritaire. C'est son droit. Mais alors qu'elle l'assume mieux que son MBA non obtenu. Visiblement ses amitiés du CAC 40 ne peinent pas trop malgré la crise financière. Qu'elle en profite donc.
Qu'elle prenne toutefois garde de ne pas se faire offrir un collier, le Figaro, et d'autres, pourraient bien vouloir lui couper la tête...

lundi 17 novembre 2008

Assemblée Nationale - Le silence des agneaux

En se donnant la mort, un député mosellan provoque compassion et recueillement de la classe politique toute effarée de l'acte désespéré d'un vaincu des dernières municipales.

L'homme de pouvoir et d'action atteint d'impuissance se réfugie dans la solitude, le doute puis le désespoir jusqu'au suicide. Raccourci mythique qui entretient la flamme de nos élites et leurs légendes. Les voilà donc de ce pas à lui répondre hommage par une minute de silence ouvrant les travaux de l'Assemblée. Alors qu'il faut parfois des années à ce qu'une loi soit justement modifiée, quelques minutes et bribes d'informations auront suffit à justifier les honneurs de la République pour ce député tragiquement disparu.
Une réaction collective solidaire certes et partant plutôt d'un bon sentiment mais qui laisse tout de même un goût amer. A commencer par ses deux enfants.
Au déchaînement policier et médiatique un tantinet tragi-comique des dangereux terroristes de l'épicerie de l'ultra-gauche pour quelques parpaings éparpillés, la reconnaissance de la Nation au serviteur élu frappé par le pire ennemi du système démocratique : la défaite électorale et son cortège de mauvaises nouvelles et de sombres perspectives. La perte du pouvoir serait donc une explication plausible nous dit-on aux actes incontrôlés d'un homme jadis public. Ce pouvoir doit donc être bigrement disproportionné et vraiment mal adapté pour générer de tels comportements. Plutôt que de l'admettre dans la tristesse voire la fatalité mieux vaudrait s'en inquiéter vraiment et revoir à la baisse les prétentions d'un vainqueur qui, un fois au pouvoir de toute collectivité, se sent investi d'une destinée presque divine. A tel point que le retour au rang de simple citoyen n'en apparait plus acceptable. Cette théorie bien vite diffusée, ils ne doivent pas bien la comprendre les deux enfants. Non, pas les deux enfants du député, ceux de la femme qu'il a tué après l'avoir battu. Car c'est cet homme là dont on a honoré la mémoire à l'Assemblée Nationale de la République Française ce jour. Un homme marié de 65 ans qui se rendait en toute vraisemblance au domicile de sa maîtresse de plus de 20 ans sa cadette et qui, n'acceptant pas la rupture annoncée, a distribué coups et balles dans la tête. Avant d'en finir avec lui-même.
Forcément vu comme cela, on cherche la grandeur et l'exemplarité qui justifièrent la réaction de la Chambre basse. A moins qu'il ne faille simplement interpréter cette minute de silence que comme un témoignage vibrant de corporatisme d'une caste apeurée de vivre un jour la même déchéance, voire intégrant des dommages collatéraux sur l'autel de la gloire politique.
Sexe, morale et politique font rarement bon ménage même si en France une étrange tradition désintéresse les journalistes de ces aspects. On en a vu récemment les résultats au FMI où un ancien gauchiste caviardeux a été pris la main sur la braguette, alors que des années d'actes similaires dans l'hexagone étaient soigneusement et discrètement ignorées...
Pour Michel Campiche, "Le silence est le dernier refuge de la liberté", mais quand il s'agit d'agneaux, faut voir....

jeudi 13 novembre 2008

L'homme qui cassait les prix


Il y a un bon petit moment que l'on attendait une bonne nouvelle, elle est arrivée sur tous les téléscripteurs de France et de Navarre, par la grâce de notre trublion national. Non content d'être partout et d'avoir un avis sur tout, le voilà qu'il casse les prix.

Hélas ce n'est pas le prix du pain ni celui de l'essence qui a, particularité chimique ?, une telle propension à suivre les hausses de pétrole et, beaucoup plus lentement les baisses...
On peut lui accorder une part de la baisse des prix de l'immobilier, notre président n'ayant pas été le dernier, par le passé, à encourager les banques et les particuliers à toujours plus s'engager. Depuis il s'est cependant fait pardonner en accordant une pharaonique enveloppe de 360 milliards d'euros contre un modeste accord... moral.
On peut aussi lui reconnaître une part dans la baisse de notre pouvoir d'achat puisqu'après le paquet fiscal et sa propre augmentation, il l'a dit et redit, les caisses étaient vides. Enfin vides jusqu'à ce que l'on retrouve un peu miraculeusement tout de même 360 milliards.
A terme, on peut penser que son action dévastatrice ne devrait pas manquer de faire chuter les prix des voitures neuves et de toute l'industrie qui va avec, avant l'aéronautique et d'autres niches bien françaises...
Ce 11 novembre dernier on a pu noter également sa faculté à diminuer le nombre de Poilus décédés chaque année, un résultat que l'on doit cependant relativiser puisqu'il n'y a plus de Poilus... vivants. Pour la seconde guerre mondiale, il lui faudra cependant attendre quelques mandats avant de pouvoir rééditer une telle performance.
Au chapitre des baisses significatives, Carla Bruni peut le remercier de l'avoir accompagné à baisser magistralement ses ventes d'albums ce qui est, convenons-en une bonne nouvelle, peut être pas pour l'industrie du disque, mais pour les mélomanes...
Et que dire de la baisse de moral généralisé qui nous entoure, fruit de mois de critiques sournoises, de remises en cause systématiques, de provocations, d'agressivité, de passage en force et de manipulations du pouvoir politique. Alors que l'on écrit ici ou là joliment qu'avec Obama, l'Amérique se reprend à rêver, force est de constater que la France cauchemarde au quotidien tour à tour accusée de ne pas vouloir travailler, de ne pas assez travailler, de ne pas bien travailler, de ne pas bien consommer non plus, de bénéficier de trop de congés ou de jours de commémorations....
Nouveauté, la baisse de ... notre culotte devant quelques dictateurs bien sentis ou des chinois olympiques sans compter la pantalonade georgienne qui entérine de fait l'annexion russe des provinces visées.
Innovante, la baisse espérée des espaces d'expression sur internet, l'Elysée souhaitant "réaliser une veille quantitative et qualitative sur le traitement de l'actualité gouvernementale effectué par les médias en ligne."
Radicale, la baisse de la population imposée plutôt à des villes de gauche en rayant de la carte des régiments entiers.
Oh, je sais bien ce que vous allez me dire si j'évoque la baisse à venir des températures, il n'y est pour rien, m'enfin c'est quand même pas moi qui clame à qui veut l'entendre qu'il va tout mettre en oeuvre pour lutter contre le réchauffement climatique !
Et puis il faut que je vous avoue quelque chose, toutes ces baisses n'enrayent pas mon moral et je ne manque pas d'espérer en des jours meilleurs, plus rationnels et partagés.
Mais tout de même, apprendre que Nicolas Sarkozy, grâce à de solides amitiés, se fait décerner le prix du... courage politique, ça me casse le moral et tout le reste. Ce n'est plus une décote, c'est un tsunami des valeurs qui emportent tout, et à tout prix.

lundi 10 novembre 2008

Obstacles - Peur sur la France

Je sais bien que la course d'obstacles, le turf, est un sport national mais là tout de même, il y aurait comme un maléfice sur notre pays que ça ne m'étonnerait pas. Des obstacles se dressent à la pelle qui ne doivent quand même pas qu'au hasard !


Tout commence avec un des derniers fleurons de notre technologie, non je ne parle pas du Rafale qui est un obstacle à lui tout seul, non je parle du TGV, ce fameux Train à Grande Vitesse que même la Californie nous envie. Et bien il n'avance plus, enfin disons par intermittence, là faute à des blocs de ciment posés deci-delà façon chasse aux trésors, trouvez la rose des vents. En plus dur.
Un tel symbole de puissance aussi simplement désarmé, ça vous fiche le moral d'un pays en l'air. Enfin en l'air, faut pas trop non plus y aller comme ça, si l'on veut bien se souvenir que notre glorieux Concorde termina sa carrière la faute à une lamelle mal placée du côté de Garges-Les-Gonesse. Peut être était-ce alors un avertissement que nous n'avons su interpréter...
Je passe sur nos déboires sportifs car en coupe du monde de rugby comme à l'Euro de football, nous possédions en notre sein notre propre obstacle, en la personne des sélectionneurs. Des fois la main mystérieuse joue des tours, Tony Parker ne vient y pas de se tordre la cheville après un match historique à 55 points et 10 passes ? Et vous voudriez me faire croire qu'il s'est blessé tout seul.
Sur le plan économique, ça n'est tout de même pas un long fleuve tranquille qui s'est dessiné là faute à des obstacles incongrus appelés pays émergents, compétitivité et libéralisme sauvage. Du coup nos grandes entreprises perdent peu à peu leur indépendance, Arcelor ou leurs marchés, Renault, ou leur savoir, Airbus.
Sur le plan social la rupture s'est rapidement concrétisée mais il s'agissait en fait de la rupture du pacte social, une notion qui ne semblait pas avoir été ainsi présentée pendant la campagne électorale... Les obstacles s'appellent chômage, précarité et inégalités.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir consommé, investi, dépensé pour faire tourner la mécanique. D'être devenu propriétaire aussi comme le voulait nos dirigeants qui, il n'y a pas si longtemps louaient les crédits généralisés et l'hypothèque audacieuse...
Mais tel le TGV, la mécanique s'enraye et bientôt le crédit se fait rare, les prix s'envolent et les banques s'affolent. Sacré virus que voilà dont l'antidote parait bien curieux : renflouer les endettés avec de l'argent public en espérant qu'ils regagnent bientôt leur mise sur le dos du grand public. A se demander si, des fois, nous n'avons pas une certaine propension à créer nous-même les obstacles qui demain nous ferons tomber...
Sur le plan politique, certains ont aussi lourdement chuté tel de Villepin la faute à de drôle de fichiers ou plus récemment de Lanoë la faute à la persistance d'une ennemie royale.
Les obstacles sont partout même là où on ne les attend pas : regardez sur le plan culturel, pourtant souvent un drôle de désert lisse et plat, Bigard stoppe prématurément ses représentations théâtrales faute de spectateurs alors qu'il remplissait le Stade de France avec de simples insanités. Ou sur le plan spirituel où la mort de Soeur Emmanuelle est quand même mieux vécu que le futur départ de Johnny.
Moi tout ceci m'inquiète un tantinet. Non pas que je craigne de sortir dans la rue ou de m'exposer en public, non, mais j'ai la désagréable impression que le pire nous guette à chaque instant, que la chance a quitté pour longtemps notre bel hexagone. La chance et le reste. Ce qui faisait notre image, notre histoire, notre grandeur. Une certaine idée de la France comme on disait jadis. Que nous n'avons plus. Que d'autres incarnent désormais comme les USA aujourd'hui. A tort ou à raison.
Et si ces obstacles n'étaient finalement que les signes répétés de notre inexorable déclin, déclin renforcé par l'exercice opportuniste et désordonné d'un petit Président, petit par son ambition réelle pour notre pays. De réformes en démantèlement, nous filons vers des lendemains qui déchantent.
Reste la nostalgie des temps glorieux pour conserver l'espoir et se souvenir que jadis il en fut pour défendre cette idée, une veille de 11 novembre on peut dire qu'ils furent des millions.
Mais alors que notre Président dîne ce soir avec le Prince de Galles, j'aime à me rappeler ces autres princes, ceux des Baux de Provence qui se définissaient ainsi : "Race d'aiglons jamais vassale". A bon entendeur...

samedi 8 novembre 2008

Politiques - Leur petite entreprise...

"Donnez tout pouvoir à l'homme le plus vertueux qui soit, vous le verrez bientôt changer d'attitude" prédisait déjà Hérodote. Entre autres dérives, les dérives financières sont donc presque vieilles comme le monde, elles n'en demeurent pas moins révoltantes surtout quand le climat économique vire à la crise.
La France ne manque pas d'exemples éloquents qui se multiplient ces dernières semaines presqu' avec la même vigueur que les fermetures d'entreprises.
Tout avait commencé prestement puisque notre Président s'était auto-proclamé une augmentation de derrière les fagots, 140% s'il vous plait, de celles que vous pouvez toujours rêver même en travaillant jusqu'à 70 ans. Avec le cadeau fiscal fait au copain pas dans le besoin, il y avait comme une orientation qui aurait pu être plus discrète si le contexte économique avait permis quelques menues compensations pour les autres. Pas de bol, ou manque de clairvoyance, pire de vision politique, c'est tout le contraire qui s'est passé rendant bien indélicat et impopulaire ces premières mesures. Pour autant, le fonctionnement quotidien des institutions ne s'en est pas trouvé plus perturbé que cela, l'Assemblée Nationale, très étroitement associée aux travaux présidentiels, s'accorde de similaires largesses.
La Cour des Comptes se devait au moins de le signaler à défaut de pouvoir le sanctionner. +47% d'augmentation budgétaire en à peine 10 ans, c'est une décennie glorieuse d'abus en tous genres entre travaux pharaoniques, prolifération de collaborateurs et frais de réception et de déplacements exponentiels. A l'heure où le gouvernement s'engage à ne pas remplacer les fonctionnaires partant à la retraîte par souci d'économie, il est tout de même surprenant d'apprendre que les 24 hauts fonctionnaires les mieux rémunérés de l'Assemblée preçoivent annuellement quelques 213 000 euros chacun...
Superbes et... pris sur le fait, nos chers voire trés chers députés l'ont promis, ils n'augmenteront pas leur budget l'an prochain. Fichtre !
Et les ministères jouent collectifs puisqu'ils ont embauché pas loin de 400 petits nouveaux affectés aux si secrets cabinets ministériels distribuant au passage de conséquentes primes atteignant les 5 millions d'euros.
Des chiffres contestés comme il se doit mais qui viennent à la suite de l'implantation des bureaux des ministères sociaux par exemple, décidée en... 1992 et qui verra le jour au mieux en 2011 ; ou la restructuration des locaux du Ministère de la Culture qui aura nécessité de ne pas les occuper... 15 ans ! Sans compter les nombreuses suites plus ou moins avouées dans chaque région.
On comprend peut être mieux pourquoi une vaste réforme des départements et régions est aujourd'hui lancée. Car face à ces dénonciations, le politique de droite comme de gauche réagit non pas pour corriger ses erreurs mais surtout pour mieux se protéger.
Déjà le régime spécial des députés faisaient saliver, pourquoi ne pas l'étendre et l'institutionnaliser ? Les futurs conseillers généraux et/ou régionaux comme leurs homologues consulaires devraient être significativement rémunérés quitte à faire des économies tout de même mais via les salaires des anciens salariés. Moins d'emplois publics pour plus de politiques, tel sera demain le slogan porteur de lendemains qui chantent. Libéraliser le service public pour qu'il soit accessible à ceux qui pourront se l'offrir, fonctionnariser les élus pour que ce ne soit accessible qu'à ceux qui pourront se l'offrir. Imparable. Ne cherchez plus Monsieur Balladur !
Leur petite entreprise ne connait pas la crise, au contraire, en temps de crise, la fonction politique devient encore plus attractive C'est pourquoi il conviendra de la préserver de trop de convoitise et d'envies révolutionnaires. L'instabilité, le risque, la peur, des termes barbares qu'ils ne veulent pas entendre et encore moins subir comme le commun des français. Alors place à la continuité, la sécurité, la sérénité dans l'opulence tant qu'à faire.
Herodote voyait Cresus comme l'homme aveuglé par la richesse qui, après l'épreuve, apprend à mépriser les biens, on peut toujours y croire....

jeudi 6 novembre 2008

USA - Y a bon Obamamania ?

Avec l'élection pressentie de Barack Obama couplée à la crise financière, les médias français ont senti le bon filon à même de leur permettre de parvenir aux mêmes fins que leurs homologues américains : la rupture de stock. Pari en bonne partie gagné avec une conséquence éloquente de ce 5° pouvoir, l'adhésion écrasante du bon peuple de France à la cause d'Obama : 69% pour, 5% en faveur de Mc Cain. Un écart qui ne peut s'expliquer que par des raccourcis bien marqués et un parti pris de tous les instants du gentil contre le méchant, du bon contre le mauvais. Voilà qui en dit peut être long sur l'incapacité de nos médias à présenter équitablement et objectivement un fait politique plutôt que de s'en tenir à l'image et au paraître. Question d'entraînement sans doute... Ne nous y trompons pas, la victoire d'Obama me semble réjouissante et je m'incline devant la capacité du peuple américain à s'adapter sans cesse à son environnement jusqu'à contrecarrer ses propres tendances bien plus rapidement qu'ailleurs. En 1968, Tommie Smith et John Carlos levaient bien haut leurs poings gantés de noir du côté de Mexico. 40 ans plus tard, Barack Obama peut lui lever fièrement une main libre et conquérante qui le conduit à la Maison Blanche. Sacré parcours quand on sait que la France a pu connaître la collaboration active en 1942, et un leader d'extrême droite au deuxième tour de la Présidentielle 60 ans plus tard.
Au-delà, l'enthousiasme et les attentes générées sont à la hauteur des enjeux et des difficultés qui l'attendent. En même temps qu'ils témoignent d'une foi et d'une détermination à croire en des
lendemains meilleurs bien réjouissantes. Un "Yes we can" volontaire et universel, faut reconnaître que cela a une autre allure que le "Ensemble tout devient possible" plus policé de certain. Reste qu'il doit y avoir tout de même un part de Pavlov dans ces jugements bon enfant virant à l'adoration quand on sait que juste pour les primaires, plus d'un milliard de dollars étaient déjà dépensés par les candidats. Preuve s'il en est que les idées comme les bons sentiments ne suffisent pas, loin de là, à réveiller la conscience politique. Des heures de publicité et d'opérations promotionnelles, oui, bienvenu en Amérique. On comprend mieux le soin d'Obama a ne pas recourir aux fonds publics, histoire de ne pas être plafonné. Son dernier film, un clip publicitaire de 30 minutes aurait à lui seul flirté avec les 4 millions. Un décalage rare avec la situation financière mondiale et le quotidien économique made in US qu'il lui faudra vite gommer. Les chantiers ne manquent donc pas principalement au sein même du pays. Les engagements du vainqueur sont forts tant en matière de réduction d'impôts que d'extension de la couverture de l'assurance maladie ou d'accés à l'éducation. Mais Wall Street est mis en cause et l'activité se ralentit quand le chomage croît. A cela, il faut ajouter les positions américaines en matière de politique étrangère prises par son prédécesseur. Elles ont menè à l'enlisement et à la radicalisation tant en Irak qu'en Afghanistan.
Dès janvier et sa prise de fonction, il faudra passer de la parole aux actes et certainement faire des choix qui deviendront vite douloureux. Pour autant il n'y a pas lieu de trop se réjouir des difficultés du grand frère américain. Pragmatique et nationaliste, il saura s'il est bien guidé, se relever bien vite. ce pays s'adapte, il n'évolue pas forcément il choisit la mailleure solution au meilleur moment. La précipitation et la ferveur de nos politiques, toutes tendances politiques envers le vainqueur peut inquiéter. Pas étonner, notamment à droite, où les élections US sont toujours une victoire qu'elle soit républicaine ou démocrate...
Mais Obama semble en mesure de redonner à ce pays le sens de la conquête et se doit de lui inculquer de l'ambition. N'a t'il pas réussit l'impossible, lui le métis d'origine modeste ? n'a t'il pas brisé les tabous, enjambé les barrières, réalisé son rêve ?
Mais pour lu
tter contre les difficultés et mobiliser les énergies, il n'aura que faire des lointaines et petites contrées comme les nôtres qui risquent de ne pas être invitées au festin. Face à l'islam menaçante et à la Chine puissante, les Etats-Unis tâcheront sûrement de s'imposer, ou de composer. Dans les deux cas, nous risquons de ne pas quitter de sitôt notre fauteuil de spectateur. Une bonne nouvelle pour les journaux finalement qui n'ont pas fini de vendre choux gras et rêve américain à l'envie.

lundi 3 novembre 2008

Ligue 1 - Lille et le club des 5

En battant Nantes 2/0, le LOSC n'a certes pas réalisé l'exploit du siècle mais, au terme d'un match bien maîtrisé, a juste confirmé sa solidité. Il est vrai que les canaris ont paru bien inoffensifs et vite perdu loin de leur nid. Reste qu'avec 20 points dans la besace, les nordistes pointent à une convaincante 5° place après 12 journées.
Tout cela dans une saine discrétion loin des fumeuses analyses sur le jeu lyonnais, les errements parisiens ou les non entrées en jeu marseillaises... Qu'importe, les jeunes dogues n'en évoluent que plus libérés pouvant même revendiquer une impressionnante invincibilité en championnat depuis... le 24 Août. Sachant que ce 24 Août, les hommes de Rudy Garcia menaient paisiblement 1/0 à la 89° minute face à Rennes avant de s'incliner 5 minutes plus tard 2/1... C'est dire que la position en haut du classement n'est pas usurpée, en témoigne encore le récent nul concédé face à Caen après avoir pourtant mené 2/0 à la mi-temps. L'impression générale de solidité ne signifie donc pas que l'équipe joue en surégime ou qu'elle tire dangereusement sur le physique de quelques joueurs phares. Privé de Frau et de Plestan de longue date, plus récemment de Tafforeau voire Samedi de l'attaquant brésilien De Melo, le Losc fait tourner et voit éclore Hazard ou renaître Fauvergue et Dumont. On ne peut pas dire non plus que les 20 points résultent d'une réussite offensive insolente puisque le meilleur buteur est pour l'instant l'ancien messin Obraniak, milieu de terrain et tireur de coups de pieds arrétés.
C'est donc avec gourmandise que le club peut voir venir les journées prochaines à commencer par un déplacement au Parc des Princes plutôt alléchant. Le groupe est bien en place derrière un surprenant de constance Malicki et des costauds Rami et Béria. Avec Bastos percutant et un trio Mavuba-Cabaye-Balmont qui fait mal aux mileiux adverses, Lille se positionne clairement parmi les outsiders d'une saison qui, pour les européens notamment, sera peut être trop lourde.
Depuis Rennes, Lille ne perd plus, signe que ce coup de massue a plutôt été bien assimilé. Il y a quelques semaines, l'épisode Balmont, violemment agressé au petit matin du samedi à son domicile, et titulaire de caractère le soir au Stadium avait montré le chemin. La solidarité affichée par tous les joueurs à leur coach Rudy cette semaine alors qu'il perdait son père, confirme qu'un esprit est là, de celui qui peut en surprendre plus d'un et qui n'est pas sans rappeler quelques récentes et glorieuses épopées.
Sans s'enflammer, on prendra plasir à suivre cette équipe dans les prochaines semaines se découvrir qui sait de nouvelles ambitions. En espérant un petit déclic offensif en particulier des recrues De Melo et Vittek assez discret.
Comme on prend plaisir chaque semaine à suivre les pérégrinations de Kevin Mirallas. L'ancien lillois était prêt à tout pour rejoindre les verts et son entraîneur Laurent Roussey. 0 but marqué, un club 17° et un coach sur la sellette, ça sent le bon choix ou la mauvaise histoire belge...
sacré Kevin !

samedi 1 novembre 2008

Crise - Les dindons de la farce

C'est vrai que Noël approche à grands pas et que le commerce n'a de cesse d'inventer de nouvelles traditions, alors si décembre annonce la dinde, octobre aura plutôt été le temps du dindon. Crise économique et réformes obliges, il n'y a que le médiatique volontarisme du Président de la république qui a désormais droit de citer dans notre beau pays qui, c'est vrai n'a de démocratie que le nom. Et en matière économique le fossé ne peut donc que se creuser entre ceux qui dirigent et le bas peuple.


Une des conséquences assez manifeste est d'ailleurs que le premier des Français dans ces périodes pourtant bien troubles, ne s'est pas exprimé une seule fois en direct aux français alors qu'il sut le faire à tort et à travers par le passé. Non la communication ne passe que par des canaux bien identifiés, codifiés et maitrisés. Tour à tour, grandes banques, chefs d'entreprises, préfets, politiques locaux sont sollicités ou utilisés pour l'annonce du jour, sorte de long monologue aux allures de dictée officielle pour les journalistes suiveurs qui sont d'ailleurs quasi officiels eux-aussi. En plus, ils trichent car souvent ils ont le texte avant, enfin...
Ainsi, Nicolas Sarkozy s'est exprimé à l'Elysée pour affirmer qu'on ne pourra "pas éviter qu'il y ait des licenciements", en évoquant les difficultés économiques consécutives à la crise financière. Il faisait cette précision somme toute conséquente devant les préfets, trésoriers-payeurs généraux (TGP) - la centaine de hauts fonctionnaires du trésor qui gèrent les finances publiques au niveau des département - et les représentants des principales banques du pays. Avouons que les interlocuteurs devaient ne se sentir que trés indirectement concernés...

En Savoie, il s'était entouré d'un parterre d'entrepreneurs à Argonay pour évoquer la création "avant la fin de l'année" d'un "fonds stratégique d'investissement" français destiné à soutenir les entreprises qui seraient en difficulté face à la crise économique. Mais comme ce plan se concentre sur des "filières jugées stratégiques" je me demande combien de ces entrepreneurs présents pourraient en bénéficier. Alors bien sûr, il y a aussi l'exonération de taxe professionnelle pour tout investissement matériel dans les entreprises jusqu'en 2011 mais encore faut il être en mesure d'investir ce qui généralement témoigne d'une situation financière plutôt bonne donc pas trop en rapport avec la notion de crise. D'où la surprise d'ailleurs d'un François Fillon qui comprend mal d'être vilipendé en province comme lorsqu'il se rend à Manosque au siège de l'entreprise L'Occitane pour évoquer le développement local. Société de 416 millions de chiffre d'affaires, avec un réseau passé de 10 à 900 boutiques avec 2 200 salariés, on ne voit tout de même pas bien en quoi cette entreprise représente le tissu économique actuel. Alors forcément il y a comme un contraste avec le monde extérieur, même à Manosque.

Dans les Ardennes, c'était l'heure des annonces pour l'emploi, enfin pour ne pas être au chômage. Là encore, pas de salariés ou de citoyens en vue pour déclarer augmenter de 100.000 le volume d'emplois aidés. Les petites et moyennes entreprises pourront recruter des CDD sans restriction pendant une période limitée, ce qui n'est pas neutre mais se déroule lors de tables rondes triées sur le volet destinées à dialoguer avec des chefs d'entreprise mais aussi des chômeurs ou des personnes en CTP (Contrat de transition professionnelle). Un CTP que les 1.000 salariés licenciés par Renault vont expérimenter, ce qui pour un dispositif dédié aux PME est un peu curieux.... Bien sûr la politique n'est pas absente de cees rendez-vous choisis, Nicolas Sarkozy en profitant pour rallier à juste titre la position de Jospin face à Vilevorde. Mais venant de celui qui, à Arcelor-Mittal de Gandrange, affirmait «l'Etat est prêt à prendre en charge tout ou partie des investissements nécessaires»... laisse rêveur.

Beaucoup de mesures radicales, encore plus d'argent public engagé dans le secteur public, sans que nous n'ayons rien à dire ni aucune information sur les conséquences, en particulier fiscales, de ces mesures d'urgence frôlant l'affolement. Car tout ceci est fait pour nous bien sûr, c'est pour notre bien, enfin surtout pour le bien de la consommation et du crédit, deux variables qui ne peuvent passer que par les dindons que nous sommes. C'est la farce en quelque sorte. Si les banques sont refinancées c'est pour garantir qu'elles nous offriront encore des crédits, pour que nous continuions à prendre seuls le risque sans pouvoir escompter un moindre geste en cas de problème bien sûr. Le dindon de l'histoire est donc bien identifié : son contrat de travail est simplifié, les licenciements sont possibles, mais il doit emprunter et pouvoir rembourser...
Et pendant ce temps là, en l'espace de juste cinq séances, l'indice Dow Jones de la Bourse de New York a gagné 11,29 %. Paris, Londres et Francfort ont respectivement bondi de 9,38 %, 12,72 % et 16,12 %. A Tokyo, le Nikkei a gagné 12,13 %.
En toute discrétion, Wall Street a même réalisé, mardi, la deuxième meilleure performance en points de son histoire, le jour où l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board s'effondrait à un niveau jamais vu, ce qui est en définitive tout un symbôle du grand écart en cours. Entre ce monde que les médias nous relatent à longueur de temps, et le nôtre.
Les dindons sont rôtis à point, merci et pour longtemps, une recette culinaire en vogue aux quatre coins de la planète et qui devraient même être universalisée à la faveur du prochain rassemblement des plus grands dirigeants de la planète à Washington. La capitale fédérale des Etats-Unis, vous savez, ce pays tout de même assez étonnant où un candidat qui se dit démocrate, peut être parce qu'il n'en est pas lui-même persuadé, est capable de dépenser 600 millions de dollars pour se faire élire et bénéficier ainsi de quatre fois plus de spots publicitaires que son rival dans les 18 Etats clés. Belle exemple de "vivre ensemble" qui doit réjouir les quelques 300 000 ménages américains dont le foyer a été récemment saisi...