jeudi 18 juin 2009

L'UMP adepte de la nage à contre-courant

A parcourir les résultats des Européennes, on peut certes constater un émiettement des voix puisqu'hormis la nette victoire du parti des abstentionnistes, les autres listes s'éparpillent largement. Pas sûr pour autant que l'on puisse en tirer comme conclusion que notre paysage politique marche sur les pas de la glorieuse IV° République. Bien sûr, la multitude de petites listes à l'audience confidentielle et la faible mobilisation des extrêmes laisse à penser qu'un consensus mou s'affirme sans savoir quoi dire.

Un sentiment confirmé par le faible score d'un Modem qui s'y voyait déjà mais ne représente finalement rien de plus. Le PS, touché de la même manière, se voit talonné par des écologistes dont le triumvirat Bové-Joly-Cohn-Bendit ne laisse pas d'interpeller. Car le point commun entre toutes ces formations n'est-il pas d'être constituées de courants aussi divers que variés, alliés de circonstances autant qu'ennemis jurés d'hier. Et du coup bien incapable de proposer une position claire et une ambition sereine. Il est ainsi frappant d'entendre les élus socialistes évoquer chacun un point de vue différent alors que les écologistes s'attendent déjà à se déchirer et que les élus du modem s'interrogent sur les choix personnels et non partagés de leur leader. Quant à l'extrême gauche, elle a réussit sur les dépouilles du PC et autres trotskysme bon teint à constituer deux listes d'égale valeur qui s'entretuent pour mieux se priver de résultats...
Dans ce kaleidoscope j'ajouterai bien le FN dont la particularité est qu'il n'a pas rassemblé autant de courants qu'auparavant, un certain nombre ayant rallié le parti présidentiel.
On remarquera que les partis politiques ont d'autant plus de courants qu'ils n'ont pas d'idées suffisamment fortes pour imposer l'union.
En face, à contre-courant de tout cela, le bloc de droite parait un et indivisible, capable de parler d'une seule voix et de soutenir un seul homme. Que ce soutien soit voulu, factice ou subit il témoigne d'une vraie rupture, peut être la seule rupture de ce mandat. Elle est à la fois structurelle, un bloc face à la multitude, politique, un projet face aux critiqueurs anti-tout, humaine, un leader à droite face à des tonnes de prétendants à la carrure fragile.
Deux stratégies s'affrontent donc, celle de droite étant enviée par tous les autres qui cependant la dénonce... car la présidentialisation du pouvoir engendre la présidentialisation de... l'opposition. Le moindre acteur mineur se croit ainsi autorisé à s'imaginer un destin national avant même d'avoir le moindre projet ! Du coup l'unité est condamnée d'avance et ce ne sont pas les incertaines alliances possibles PS-verts, PS-Modem, Modem-verts, faites vos jeux.
Que Dominique de Villepin apparaisse comme le principal opposant du camp majoritaire en dit long sur l'état de notre démocratie et de notre système politique, l'intéressé n'ayant jamais abordé une seule élection...
Deux orientations nous sont offertes donc mais aucune ne s'impose vraiment car le bloc UMP a beau être soudé il est aussi exigu et peut attractif aux yeux d'autres formations. C'est dire l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Petit indicateur des tendances à venir, on peut considérer que le bloc de droite élargit cependant sa discipline auprès de nombreux médias bien prompts à souligner ces derniers jours le "bond" dans les sondages de Nicolas Sarkozy. Ils sont apparus plus mesurés sur l'envol des dépenses de l'Elysée voire absents dans les détails sur l'extension de l'appartement de fonction de François Fillon... en plein scandale des notes de frais outre-manche, l'absence de parallèle avec nos édiles est pour le moins étrange...
Cette complaisance sera t'elle suffisante pour faire basculer l'opinion dans un camp ? pas si sûr. Le contexte économique et social ne s'annonce pas bien porteur pour les gouvernants qui peuvent toujours agir à contre-courant mais, dans ce secteur là, les apparences ne suffiront pas.

mercredi 10 juin 2009

Des Européennes reçues 2 sur 5

En langage radio, lorsque l'on s'interroge sur "l'intelligibilité de ses signaux", 2 sur 5 correspond à un timide médiocre. De la même façon on ne saurait trop conseiller aux futurs candidats au bac à se contenter d'un tel ratio.
Quand à ceux qui envisagerait de ne déclarer aux impôts que 2/5° de leurs revenus, je les trouve joueurs...Mais il en va tout autrement de la politique qui sait faire mieux que s'en contenter. 2 sur 5, 4 sur 10, 40 sur 100, 40%... nous parlons bien de la même chose, le taux de participation des dernières élections européennes. Acquis et convenu d'avance, ce taux catastrophique n'a fait l'objet que d'un rapide consensus désolé pour mieux s'attaquer à de subtils, fastidieux, ridicules, étonnants (cochez la mention utile) commentaires sur la performance de chacun. Enfin, performance, cela doit se comprendre à l'échelle de référence du politique car Federer, par exemple, en ne gagnant que 2 points sur cinq serait encore assez éloigné d'un premier sacre Porte d'Auteuil...
A tout seigneur tout honneur saluons d'abord la cohérence de notre monarchie dont les humbles sujets respectent tant leur souverain qu'ils le placent en tête des suffrages. Le parti de la Majorité Présidentielle rassemble 27,8 % des suffrages exprimés. Vous me direz que 27,8% la majorité ce n'est pas cher payé, sûrement une conséquence inédite de la crise, même les voix se dévaluent. Crise peut être mais on n'en garde pas pour autant le moral, Roger Karoutchi pouvant exprimer un retentissant "Tout le monde dit 'I love you' à Nicolas Sarkozy" quand il évoque les 12% d'électeurs inscrits ayant soutenu son favori...
Le privilège des vainqueurs, car là est bien le point essentiel retenu et proclamé : l'UMP est la première force politique du pays. La première force plutôt isolée cependant et ne pouvant guère espérer rallier beaucoup d'autres voix lors d'élections qui appelleront un deuxième tour...
Voilà sûrement qui explique en partie l'empressement de notre Président à se clamer chantre de l'écologie et des énergies renouvelables. Ceci quelques mois seulement après s'être fait le garant de la relance de l'énergie nucléaire en France : "à tous les pays qui veulent lancer ou relancer l'atome civil, le chef de l'Etat signifiait en janvier dernier que la France faisait confiance à sa propre technologie. Et qu'elle entendait rester à la pointe de cette filière énergétique qui renaît lentement après vingt ans d'hibernation... rapportait Le Monde.
Mais on ne prête qu'aux riches et qu'aux vainqueurs alors que les vaincus n'ont que leurs yeux déjà rougis par d'autres défaites, pour pleurer. En looser magnifique, le PS se pose en candidat idéal, en champion de l'échec annoncé. Une sorte de nouveau PC, pas le parti, non, le Baron, Pierre de Coubertin. Le PS participe aux élections car il s'y voit exister enfin mais tout en s'assurant bien de respecter la célèbre maxime "L'important c'est de participer". Avec cette naiveté troublante qui les caractérise, les nombreux représentants socialistes reconnaissent volontiers à chaque fois qu'il leur faut un projet et qu'ils vont s'y mettre. Le millénaire nouveau est ainsi toujours en attente d'une idée, d'un programme... Cette faiblesse a été bien identifiée par le Modem qui a vu un espace politique entre la droite unie et le socialisme désuni. Seulement entre un omnipotent président qui dirige à l'opportunisme et un parti sans doctrine, l'espace est effectivement disponible mais il est tout également vide de sens. Et à l'heure de l'isoloir, c'est insuffisant pour convaincre surtout quand le leader s'emporte à défaut d'apporter.
Reste donc l'éclaircie de ce scrutin, la surprise relative aussi avec le retour fracassant de l'écologie politique. Retour car il faut tout de même se rappeler qu'en 1989 déjà, Antoine Waechter frôlait les 11%. La suite fut plus cahotique pour un mouvement qui supporte mal l'exercice du pouvoir et se perd régulièrement en de multiples courants. A quelques voix seulement du PS, le parti emmené par le charismatique mais déjà ancien Cohn-Bendit se voit offrir une nouvelle chance de surfer sur une vague porteuse. Pour quel usage ?
Le FN qui a porté Nicolas Sarkozy au pouvoir se fait désormais piller à l'approche de chaque élections. Un gros coup de projecteur sur l'insécurité, un brin d'immigration, une menace sur l'éducation et c'est autant de frontitstes qui rejoignent l'UMP. La fin de règne du leader historique n'arrangera rien.
Quant à l'extrême gauche, tant diabolisée par la droite, elle confirme son peu de goût pour la voie électorale. Ni le Front de gauche, sur les ruines du PC, ni le NPA, sur les fondations des conflits sociaux, ne percent vraiment. Mais ils s'installent dans le paysage. C'est bien le sentiment qui demeure à l'issue de ces élections : un minimum d'électeurs, un maximum d'acteurs, cherchez l'erreur ! ou trouvez le lien ? tant de professionnels défendant leur petit parti et leur pseudo légitimité, proposant de vieilles recettes et d'antiques alliances changeantes, cela donne t'il envie de voter ? Sur ce point, nos édiles ne disent mots trop accaparés à se construire déjà un destin, me modeste, qui leur garantira quelques années de pouvoir et d'existence publique.
Pas de quoi rassénérer un pays ancré dans une crise dont on parle désormais surtout pour arguer qu'elle est moins pire qu'ailleurs et qu'elle finira un jour. Il faudra sûrement un peu plus que cela pour rassurer, convaincre voire maitriser les 60% de non votants.
Eux ont été reçus 3 sur 5, soit une intelligibilité de leurs signaux... assez bonne.
A bon entendeur...

dimanche 7 juin 2009

Le retour de la vengeance contre-attaque

Voilà les semaines qui défilent sans que je ne m'aperçoive de mon silence numérique. Comme quoi il y a une vie hors de l'internet. Mais cette absence a fait quelques heureux ; les milliards d'internautes ne soupçonnant pas même mon existence d'une part, les quelques-uns à ne pas me supporter, et une poignée de joyeux drilles pour qui cette discrétion fut l'occasion de toutes les disgressions.

Il y a tout d'abord les optimistes éternels pour qui j'avais forcément empoché le super pactole du loto. De mon nouvel archipel des Seychelles je n'avais pas encore installé le wifi...
Les militants me croyaient en campagne pour les européennes (étrange idée il y a bien trop de listes !) alors qu'au mieux vous me retrouverez à la campagne pour les eurockéennes...
Les méchants m'espéraient à Rio et de retour sous peu, en Airbus si possible.
Les sportifs me croyaient à Roland Garros où mon épopée ne s'achevait, sur le court 19, qu'au cinquième set face au redoutable péruvien Luis Horna.
Les lillois me pensaient en soutien de Rudy Garcia pour décrocher l'Europe lors des dernières journées de championnat. Vu le sort réservé à Rudy, j'aurais du...
Les fans me pensaient au stade Saint Symphorien, campant avec deux semaines d'avance, pour être sûr de ne pas rater la der de Johnny...
Les craintifs imaginaient mon retrait pour échapper aux foudres de Nadine Morano prompte à mettre en accusation tout critiqueur. Mais connaissant la gouaille provocatrice de la dame je ne m'inquiète pas trop : elle finira au poste avant moi !
Les ambitieux me supposaient déjà en train de concevoir le web 4.0 qui me verrait bientôt réapparaitre, souverain.
Les timides n'osaient pas me demander pourquoi je ne publiais plus.
Les filles expliquaient qu'un coup de foudre m'avait emporté et mes réflexions acerbes pour quelques boucles blondes envoutantes. C'est naîf une fille...
Les intellos se réjouissaient de mon abandon de ces futilités pour m'attaquer enfin à une thèse digne de ce nom "Du rapport du sarkozysme avec la purée en sachet : qui a le plus de goût ?"
Les mystiques m'envoyaient en retraîte spirituelle dans un distant monastère pour mon bien alors que je le sais moi que je n'aurais pas de retraîte...
Les techniciens me projetaient le nez dans mon unité centrale en train de réinstaller l'alim tout en boostant le bios sans négliger des barettes supplémentaires et une nouvelle carte graphique NX8800GT...
Les besogneux expliquaient que le mois dernier j'avais achevé la première phrase du prochain post, des raisons d'espérer pour Noël prochain.
Les critiques s'auto-complimentaient d'avoir eu raison de penser que j'allais m'arrêter...
Les inquiets parcouraient les rubriques nécrologiques à la recherche d'un quelconque indice.
Les radins me comprenaient : franchement, 29 euros 90 le forfait mensuel c'est tout de même pas donné, il a sûrement fait comme nous : il ne prend un abonnement qu'un mois sur deux.
Les comptables se perdaient en conjecture après l'étude quantitative de ma production de ces derniers mois et envisageaient pour le moins un dépôt de bilan...
Les hypocondriaques m'affublaient d'un étonnant H1N1 qui ne les surprenait guère : j'avais été vu sortant d'un Tex Mex.
Les révoltés, après l'échec de leur première pétition, envisageaient un mouvement populaire d'ampleur afin de m'obliger à reprendre.
Les pénibles le demeuraient en arguant que tout ça c'était quand même de la faute au 35h, des jeunes, des charges, des fonctionnaires et des températures frisquettes pour la saison.
Les politiques rendaient hommage à mon engagement citoyen tout en débutant l'évocation de leur positif bilan, une évocation à cette heure toujours en cours...
Les bordéliques étaient contents de me revoir parce qu'avec tous ces papiers, plus moyen de mettre la main sur mon adresse web !
Les dilettantes trouvaient le nouveau rythme plus adapté à leurs attentes et pas du tout préoccupant.
Le corps médical paraissait impatient de me revoir à l'ouvrage, un bon signe parait il, espérant ainsi ne plus être l'objet de mon courroux, c'est pas gagné...
Les écolos soutenaient ma volonté de limiter mon bilan carbone au strict nécessaire, ce qui passait déjà par le recyclage de mon ordinateur. Ils m'ont promis d'en faire autant, bientôt.
Les traders analysaient ma disparition comme une conséquence directe de la crise financière qui fait plonger les marchés qui fait plonger les investissuers qui fait plonger les cours qui font plonger la confiance qui fon tplonger les bloggueurs, imparable.
Et finalement personne n'a pensé qu'un petit bout de chou, troisième du nom, pouvait prendre toute mon attention et mon temps, étonnant !