jeudi 29 janvier 2009

Préfectures - La nuit la plus longue

Ah quelle va être bien longue cette nuit du 29 janvier dans toutes les Préfectures de France et de Navarre. Le temps va s'égrener presqu'aussi lentement qu'au guichet des cartes grises, c'est dire. Et le moral, le moral de nos chers, très chers hauts fonctionnaires (62 000 euros en moyenne) est au plus bas.

Pourtant on pouvait penser le plus dur derrière eux après cette journée de mobilisation sociale de tous les dangers. Mais foin de soulagement, encore moins de petit sursaut d'adrénaline à l'approche du week end à venir sur les greens du golf voisin, non, la peur paralyse les plus audacieux. La crise économique qui a pourtant bon dos n'est même que trés indirèctement mise en cause tandis que la réforme des collectivités territoriales n'est pas encore suffisament avancée pour justifier quelqu'inquiétudes. Non cette nuit est devenue la plus longue de la Préfectorale depuis que Jean a tiré le gros lot, enfin surtout le mauvais, en tout cas il va le quitter, le lot, Saint Lô plus exactement. Préfet depuis peu de cette charmante et supposée paisible bourgade de 20 000 âmes, Jean Charbionnaud vient d'être prié de quitter la ville et le département avec pour n'avoir pas assez préservé notre présidentissime des quolibets de la plèbe. Mais qu'a t'il donc fait Jeannot pour mériter une telle punition, 6 mois après la première ? est-il donc récidiviste ? Bah oui parce que tout de même, être nommé Préfêt de la Manche, voilà qui vous habille pour l'hiver. Quand vous apprenez que votre Préfecture est basée à Saint Lo, dîte "capitale des ruines", vous ne me ferez pas croire qu'on le vit bien... La ville fut totalement détruite pendant la seconde guerre mondiale au point que même la préfecture ne retrouva la commune qu'en... 1953. Et il a traversé tout ça le Jean, le poids de l'histoire, le crachin local pour tomber par la faute d'un incroyable concours de circonstances qui a voulu que Nicolas 1er de Sarkozy choisisse Saint Lo pour présenter ses voeux. Déjà un sacré coup du sort. Mais en plus au monde enseignant ! alors qu'il aurait présenté ses voeux au monde des sourds et muets par exemple cela aurait été plus tranquille. Et bien non il a fallu que cela tombe sur le Charbionnaud ! alors on ne doute pas qu'il ait fait de son mieux le gaillard comme tous ses collègues finalement occupés un bon tiers de leur temps à préparer la venue de ces illustres élus, avec la hantise du couac qui change tout, même la carrière. Et puis il a fait avec ses moyens le gars, peut être même avec les moyens qu'il jugeait utile à la situation. Parce que voyez-vous, ce Préfet avait peut être un peu de respect pour le droit à s'exprimer dans ce qui s'appelle encore une République. Il aurait pu faire comme son confrère de Meutrhe-et-Moselle et distribuer aux manifestants qui demandaient l'autorisation de le faire de... faux parcours présidentiel. Non, il les a tenu à bonne distance, celle qu'il a jugé bonne mais qui n'était pas celle voulue par le visiteur funeste. Comme le relate Ouest France, "Furieux, le locataire de l'Élysée a marqué à plusieurs reprises son énervement hors caméra", une phrase bien curieuse qui signifie si je comprends bien que notre Chef de l'Etat n'était furieux que quand les caméras ne filmaient pas, content quand elles filmaient, pas content quand elles ne filmaient pas, content... bon j'arrête je commence moi aussi à prendre des tics.
Et puis dans la charette, le directeur départemental de la Sécurité Publique peut aussi faire ses bagages. Espérons que du département il ne soit bientôt pas amené à la faire, la manche, aux abords de quelques bouches de métro.
Alors comprenez l'ambiance quand l'info s'est propagée dans toutes les préfectures : un Préfet viré pour des dizaines de manifestants alors que le lendemain se déroule un mouvement social national de grande ampleur. Mais c'est presque un complot contre les grands corps de l'Etat, une nouvelle nuit des longs couteaux, un carnage annoncé.
C'est dire que la nuit est veillée avec apreté chacun cherchant à minimiser l'impact et le nombre de manifestants dans ses chefs-lieu.
Mais reconnaissons aussi quelques envies. "Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes" disait Chateaubriand. Pour certain le redoublement frise la relégation, Jean Charbonneaud devient préfet hors cadre pour siéger comme "membre du Conseil supérieur de l'administration territoriale de l'État", merci Chateaubriand !
Pour d'autres cependant cette nuit sera tout de même la nuit de toutes les espérances, de toutes les folies même car ceux-là n'ont rien à perdre. Les préfets d'Arras, de Charleville-Mézières, de Bar-le-Duc, Melun, de Nevers, de Gueret ou de Mende vous croyez qu'ils en ont peur de la mutation, qu'ils la perçoivent comme un possible sanction ? qu'ils ne sont pas prés à manifester eux-même ? Non cette nuit sera pour eux parsemée de rêves enflammés où résonnent comme un parfum d'André Malraux, un souffle de reconnaissance pareil à celui d'un illustre préfet résistant : « Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique et les combats d'Alsace, entre ici, préfet d'Arras, de Charleville-Mézières, de Bar-le-Duc, Melun, de Nevers, de Gueret ou de Mende, avec ton terrible cortège...".
La nuit sera longue mais dans tous les cas, c'est surtout le matin qui sera le plus douloureux !

lundi 26 janvier 2009

Médias - Les états généreux de la presse

De vous à moi, il ne fallait pas en attendre de miracles, ni même de scoop pour faire pro. Les états généraux souffraient par avance des maux de la presse elle-même : un titre insipide et pas de contenu.
Allons donc, de modiques états généraux après un Grenelle de l'Environnement ou un G20, ça ne le fait pas. Un Bretton Woods de l'édition, un Yalta des médias, un Pearl Harbour du journalisme, enfin je ne sais pas moi, il y avait tout de même suffisament de belles plumes dans la salle pour trouver plus vendeur non ?
Partant d'une analyse pertinente "Baisse tendancielle de la diffusion, déficit chronique d’un certain nombre de titres, menaces de disparition de journaux, vieillissement du lectorat, contraction des rédactions, les signes d’une crise profonde de la presse écrite se multiplient et s’aggravent." les professionnels de la presse écrite essentiellement ont planché depuis octobre pour aboutir à l'édition de
recommandations au sein d'un livre remis à la ministre Albanel. Un livre c'est un peu curieux quand on veut sauver la presse, et puis le livre est vert sans que l'on sache bien s'il est frappé lui-même d'effroi ou s'il se veut porteur de vertus écologiques. Il rendait compte des réflexions de quatre groupes :

1. Quel avenir pour les métiers du journalisme ? (Présidé par Bruno Frappat, il aborde : Rôle et avenir de l’écrit - Formation – Responsabilité, droits et devoirs des rédactions – Déontologie – Statut des journalistes – Rémunération et droits d’auteur)
2. Imprimer, transporter, distribuer, financer : comment régénérer le processus industriel de la presse écrite ?
(Présidé par Arnaud de Puyfontaine, sur : Imprimeries – Messageries de presse - Réseaux de distribution - Postage – Portage – Financement – Tendances et réglementation du marché publicitaire – Rentabilité)
3. Le choc d’Internet : quels modèles pour la presse écrite ?
(Présidé par M. Bruno Patino, il aborde : Evolution des usages, des offres et des métiers – Avenir du papier – Culture de la gratuité, des blogs, de l’interactivité – Mutation de la publicité – Complémentarité des supports – Internet et aides à la presse)
4. Presse et société : comment répondre aux attentes des lecteurs et des citoyens ?
(Présidé par M. François Dufour, il travaille sur : Baisse du lectorat – Attente des publics – Lecture par les jeunes – Pluralisme et diversité – Emergence et développement de groupes de presse français, en France et à l’international.)
Une fois ces menues agitations abouties, le Président de tous les français a édicté à l'assemblée sagement à l'écoute ce qu'il retenait de ces travaux. Au coeur de ce foisonnement d'idées, il faut regretter, sans surprise, que le chef de l'Etat ne répond que par des mesures financières. Mesures que les grands patrons de presse et amis ne manquent pas de saluer mais qui au regard des enjeux exposés, paraissent bien fades. Sur les quatre groupes de travail pompeusent structurés, un seul, le second trouve voix au chapitre. Et deux mesures phares en surgissent : un moratoire d'un an sur l'application des nouveaux tarifs postaux ce qui équivaut pour l'Etat à se tirer une belle balle dans le pieds tout en prenant les citoyens pour de joyeux gogols puisque par contre ces nouveaux tarifs nous seront appliqués illico... Au passage, on conviendra que répondre par les timbres à une crise majeure, c'est s'affranchir des problèmes à peu de frais...

Deuxième mesure particulièrement truculente, l'Etat s'engage à aider la presse en difficulté en ... doublant ses achats d'espaces de promotion de son action. Surfer sur la crise, accroitre sa main mise sur les médias et faire sa pub aux frais du contribuable, tel est le plan de modernisation ainsi proposé qui aurait pu donc clôturer la Pravda de la presse.
Il serait cependant réducteur de ne parler que de ces 600 millions d'euros que nous contribuables donnons donc aux riches groupes de presse. Le syndicat du livre n'a qu'à bien se tenir, il peut s'attendre à des lendemains qui déchantent par la faute du petit livre vert de Sarko. Qui entend mutualiser les imprimeries, une belle façon d'en appeler à la pensée unique. Ben tant qu'à mutualiser, je trouve que l'on devrait aller au bout du raisonnement et mutualiser également les journaux. Par contre nous avons peut être une belle opportunité de carrière qui va s'offrir aux dizaines de milliers de français qui perdent chaque mois leur emploi en ce moment : par la grâce des états généraux, ils pourront se transformer en porteurs de journaux. Les anciens aux petites retraites ne sont pas oubliés qui pourront aussi participer. Si ce n'est pas porteur ça comme mesure. Et puis on parle de la presse mais demain ce seront peut être les notables que l'on aura la chance de porter. Un vrai fillon, euh filon.
Enfin, vous l'aurez tout de même compris, ça ne servira pas à grand chose de maitriser la presse si personne ne la lit, c'est pourquoi les jeunes de 18 ans se verront désormais offrir un abonnement au quotidien de leur choix. Qu'ils pourront eux-même porter. Et qui sait, s'ils ont bien lu on verra renaître le concept du défunt pif gadget : un Figaro acheté, la carte de l'UMP offerte, un express-un expresso gratuit au bar de son choix, Le Monde-10% de remise sur le permis de conduire... ça marcherait plutôt bien non ? sauf pour Le Point bien entendu parce qu'un Point, c'est tout...
Et sur l'émergence des nouveaux médias, la déontologie, la concentration des titres et bien là pas grand chose parce que le but voyez vous c'était avant tout de débloquer 600 millions en toute discrétion à des proches. Le Monde Diplomatique de septembre 2006 rassemblait à cet égard quelques précieux éléments :

"M. Martin Bouygues, héritier et patron du groupe Bouygues (fortune estimée à 1,7 milliards d’euros) et par conséquent de sa filiale le groupe TF1 (TF1, LCI, TPS...). Il est parrain du fils de Nicolas Sarkozy, et était témoin à son mariage. Ils peuvent donc être considérés comme proches... LCI, filiale de TF1, a retransmis en direct les vœux de Nicolas Sarkozy à la presse.
M. Bernard Arnault possède le groupe LVMH (fortune estimée à 14,3 milliards d’euros), incluant des titres comme La Tribune, Investir ou Radio Classique. Nicolas Sarkozy était invité au mariage de la fille de M. Arnault, tandis que M. Arnault était témoin du mariage de M. Sarkozy.
M. Serge Dassault, héritier du groupe Dassault (fortune estimée à 5,7 milliards d’euros), possédant la Socpresse, 1er groupe de presse français, publiant notamment Le Figaro. Nicolas Sarkozy a démêlé, en tant qu’avocat cette fois-ci, la succession de son père Marcel. Nicolas Sarkozy est devenu un familier de son fils aîné Olivier, par ailleurs député UMP. Serge Dassault, également sénateur UMP, a expliqué sur France Inter le vendredi 10 décembre 2004, et le Monde daté du 13 décembre, que les journaux doivent diffuser des « idées saines », car « nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche ». Selon lui, la presse doit modérer les propos de gauche.
M. Arnaud Lagardère, héritier du Groupe Lagardère (fortune estimée à 0,7 milliards d’euros), premier groupe de media français qui contrôle notamment des grandes radios (Europe 1, Europe 2, RFM...) et des magazines d’actualités (Paris Match...). En avril 2005, le président de l’UMP fut l’invité d’honneur d’un séminaire du groupe Lagardère à Deauville. L’héritier Arnaud le présenta « non pas comme un ami, mais comme un frère ». "
On comprend mieux la générosité de ses états, presqu'une réunion de famille où l'on se partagerait quelques dividendes.
Mais finalement la plus éclatante conclusion de cette opération médiatique n'est elle pas intervenue avec les récentes nominations au CSA par le Président d'une journaliste de France 2, Christine Laborde, et par le Président de l'Asssemblée UMP, de Christine Kelly. L'une est au ban de France 2 et de son actuel Président, l'autre a notamment rédigé la biographie de ... François Fillon.
Comme le président de France Télévisions sera à l'avenir "nommé par l'exécutif après avis conforme du Conseil supérieur de l'audiovisuel, et sous réserve qu'une majorité qualifiée de parlementaires n'y fasse pas obstacle", on voit dans ces deux nominations un souci évident de crédibilité et d'équité.
Alors que seulement un français sur deux croient en cette crédibilité et cette équité (52% des sondés jugent que les choses se sont passées «vraiment» ou «à peu près» telles qu'elles y sont rapportées dans le journal) je ne doute pas que l'impulsion donnée propulsera nos médias au firmament de la notoriété.

"La presse est le réceptacle de tous les ferments nauséabonds. Elle fomente les révolutions, elle reste le foyer toujours ardent où s’allument les incendies. Elle deviendra seulement utile le jour où l’on aura pu la dompter et employer sa puissance comme un instrument gouvernemental... " Son Excellence Eugène Rougon - Emile Zola.
Si c'est un ancien Ministre de l'Intérieur (en 1858) qui le dit...

jeudi 22 janvier 2009

Réforme - Le bonus-malus bancaire

Vous en étiez peut être resté au traditionnel bonus-malus de votre sympathique assureur qui avec le temps devient plutôt un malus-malus pour celui qui utilise sa voiture. Ne gagne dans cette histoire que celui à qui il n'arrive jamais rien ce qui peut arriver si l'on reste dans son garage (mais gare tout de même à la porte, de garage).

En début de quinquennat nous découvrions le bonus-malus fiscal qui, selon votre statut vous faisait ou non bénéficier d'avantages. Prime aux bons conducteurs d'un côté, aux riches contribuables de l'autre. Et puis est arrivé le fameux bonus-malus écologique du bon docteur Borloo. Notons que par un curieux hasard ces trois concepts s'appuient tous à un moment ou un autre sur l'automobile décidément au coeur de notre existence : c'est elle que l'on assure, c'est elle que l'on affiche comme signe extérieur de richesse, c'est celle qui pollue plus ou moins. On a craint un instant de voir l'écologie imposer sa taxe sur toute sorte de produits mais la tempête est passée pour l'heure de ce côté-là. Et c'est dans un tout autre domaine que revient ce populaire dispositif avec la reconnaissance d'un authentique bonus-malus bancaire. Votre banque perd de l'argent ? pas bien, alors pas de bonus. C'est cet étrange marchandage qui justifierait que 6 banques de l'hexagone gorgées il n'y a pas si longtemps de bonus en tous genre touchent deux fois dix milliards d'euros. C'est parce que la situation est bonne claironne le Ministère de l'Economie, enfin moins pire qu'ailleurs. Cela étant BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole, peuvent en effet se targuer de confortables bénéfices en 2008, de respectivement 3, 2, et 1 milliards d'euros ce qui interpelle un tantinet le contribuable-client-demandeur de prêt qui ne sent guère les évènements évoluer en sa faveur. Il y a, sans être grand financier comme une différence entre bénéficier d'argent public pour prêter davantage d'argent en période de crise, donc risquer plus, et profiter de l'argent public pour rétablir fonds propres et marges. Plutôt que de s'interroger sur cette tendance qui va nous faire porter le chapeau de la crise en préservant, ouf, notre système financier, un petit vent de populisme est largué dans les médias amis : l'Etat prête, d'accord, 21 milliards, d'accord, mais il y a une contrepartie terrifiante : les dirigeants de ces établissements ne pourront s'octroyer de primes et autres largesses de fin d'année. Outre que l'on ne comprend pas bien comment l'Etat pourra vérifier qu'un dirigeant d'entreprise privée a, d'une manière ou d'une autre reçu de substantielles contributions, le sacrifice est bien minime au regard des années fastes passées. On peut tout de même peiner à comprendre ce marché de dupes qui veut justifier la dispersion de 21 milliards contre la non perception de quelques centaines de millions. Bien entendu, je me porte également volontaire pour percevoir ne serait-ce qu'un milliard d'euros, en échange il va de soi que je m'engage à ne pas me verser la prime de 100 millions prévue pour Pâques, ou la Trinité je ne sais plus.
A l'heure d'évoquer de nécessaires réglementations des marchés financiers l'exigence parait bien mince, discrète, de façade. Elle témoigne peut être également d'une fatigue généralisée qui gagne l'Elysée ces dernières semaines. On se souvient du confondant souhait présidentiel de suspendre le permis de conduire des bruleurs de voitures, ou ses visites compatissantes dans les hôpitaux à expliquer que l'argent public a... déjà été versé. Il aurait du ajouter : aux banques...
Tout content de leurs trouvailles, nos édiles enchainent en volant au secours de l'industrie automobile dont ils semblent découvrir aujourd'hui qu'elle est consciencieusement pillée et démantelée depuis des années. Par ceux-là même qui dirigent aujourd'hui ces grands groupes devenus au moins européens et qui réclament leur part du gateau. Le mien, le vôtre, car c'est tout de même de cet argent qu'il s'agit, et à double titre puisque non content de se servir de l'Etat ils vous demandent également de débourser de rondelettes sommes pour acquérir les précieux engins, précieux n'étant pas un vain mot. A ce propos j'ai profité de ce dimanche ouvré des concessionnaires pour m'enquérir de leur santé voire si possible leur remonter le moral. Malgré les incertitudes qui peuvent également accompagner mon devenir professionnel (mais qui s'en soucie je ne suis pas banquier ou constructeur automobile ?) j'étais prêt à confirmer mon intérêt pour changer de monture. Première surprise, le moral des commerciaux est à ce point sombre, me semble t'il, qu'un acheteur ne les intéresse guère. Une façon de me préserver pensais-je. Alors j'insistais gaillardement en interpellant mes glorieux défenseurs de l'industrie française sur leur stock, oui, je suis prêt à participer à l'effort national en visant des voitures en stock. Réponse embarrassée des intéressés : ben on n'en a pas. Dernier effort pour ne pas me tenter, le modèle proposé dépasse de 35% mon budget de départ sans reprise ni financement en prime, si j'ose dire. Voilà qui est donc bien rassurant, au-delà des divagations de nos dirigeants, il y a une espèce de bon sens populaire, une solidarité n'ayons pas peur des mots qui veut que le commercial acculé, désespéré, ne profite pas de la situation, lui pour m'assassiner.
Au final, ne faudrait-il pas envisager un bonus-malus de la solidarité, un financement des opérations justes et utiles, quelques milliards d'euros par ci, des valeurs positives par là. Mais voilà qui est bien révolutionnaire n'est-il pas ? et sans intérêt en fait car c'est bien connu, ce qu'aime les hommes d'argent, ce sont les intérêts. Dommage.

lundi 19 janvier 2009

Ligue 1 - Lille prend les Rennes !

Gros match au stadium Nord hier entre deux des équipes surprises de cette première partie de saison. Face à des lillois privés de reprise au Mans la semaine passée se dressait un drôle d'obstacle breton : invaincu sur les ... 18 derniers matchs. Une série entamée face à ces même lillois lors d'un cruel face-à-face au coeur du mois d'août. Menant 1/0 à l'entame de la 89° minute, les dogues repartaient au vestiaire la queue entre les jambes et zéro point dans la besace : 2/1.
Et revoilà nos deux protagonistes s'affrontant à la 21° journée avec en ligne de mire rien moins que le podium.
Les hommes de Rudy Garcia peinaient en ce début de match face à des attaquants rouge et noirs trés mobiles et c'est un grand arrêt de Malicki à bout portant qui sauvait la patrie lilloise, on jouait le quart d'heure de jeu. Peu à peu pourtant Mavuba et Balmont remontèrent des ballons bientôt exploités par nos ailiers-buteurs Obraniak et Bastos le convalescent. La physionomie changeait pour laisser place à une franche domination nordiste agrémentée d'actions dangereuses menées par le revenant Pierre-Alain Frau. C'est nous qui n'en revenions pas de le voir ainsi percuter et s'infiltrer pour mettre à contribution Nicolas Douchez, énorme hier soir et dont il convient de rappeler qu'il sera en fin de contrat en juin prochain... Enfin épargné par les blessures, et en l'absence persistante de De Melo, PAF se voyait offrir une belle opportunité qu'il n'a pas manqué. La confiance en berne, il aura beaucoup tenté, cadré mais sans la puissance et la précision nécessaires. Remplacé sous les bravos, il est assurément, quand il joue à ce niveau, un titulaire en puissance. Auparavant, le match bascule sur un attentat de Sow sur Debuchy dont la cheville plie sous l'agression. Après qu'il fut évacué sur une civière direction l'hôpital, les lillois attendirent en vain que l'arbitre n'expulse le jeune rennais au point de déposer une réserve. Quelques temps plus tard, pour avoir marqué après le coup de sifflet, Pagis (heureusement bien transparent) sera sanctionné au même niveau que Sow ce qui ne manque pas d'interpeller...
La mi-temps survient sur un score nul et vierge après 45 minutes alertes et de belles poussées rouge et blanc. La seconde période sera du même accabit mais l'équipe de Guy Lacombe plie sans rompre. A 20 minutes de la fin, Nicolas Fauvergue remplace Frau pour apporter son gabarit et sa puissance à la pointe de l'attaque. En retard sur le premier centre, il ne ratera pas le une-deux suivant d'avec Bastos. Son intérieur du pied déclenché en pleine surface prend un chemin hasardeux mais le défenseur central rennais le remet dans le droit chemin, celui du but de la délivrance pour les 13000 courageux supporters.
Rennes se lance dans des offensives aussi vives que désordonnées à l'image de Briand, trés brillant mais peu réaliste et au final pas dangereux. Son duel avec Emerson n'a pas manqué de piquant, ce dernier ne faisant certes pas toujours dans la dentelle mais constituant un rempart physique difficile à contourner. A l'instar de Rami et Plestan solides.
Rennes ne reviendra pas, pressés, harcelés depuis plus d'une heure, ils craquent même complètement sur la fin Bruno Cheyrou, l'ancien de la maison, se faisant logiquement expulser pour une deuxième grosse faute.
Le LOSC peut laisser éclater sa joie, revanche est prise du match aller, contact est gardé avec le haut du tableau (3 points derrière Marseille avec un match à jouer en plus au Mans), rendez-vous est pris avec Bordeaux pour une prochaine journée qui vaudra son pesant de cacahuètes.
Les girondins ont de bons résultats mais ne m'impressionnent guère. Je les ai trouvé particulièrement ennuyeux et limités en Champion's League. Leur milieu de terrain, Gourcuff en tête, sera en tout cas certainement soumis à rude épreuve face au club des 5 Bastos-Mavuba-Balmont-Cabaye-Obraniak qui n'a pas trop d'équivalent dans notre championnat.
On attend de voir ce qui pourrait donner encore une autre dimension à la saison lilloise !

vendredi 16 janvier 2009

Julien Dray - Au nom de tous les siens

Un député socialiste bling-bling, voilà le joli contre-feu trouvé par les hommes du président dans leur mission (impossible ?) de redonner une image et une crédibilité à Nicolas 1er. Malgré la crise mondiale et la présidence européenne, ce dernier ne convainquait guère. Pire, des bruissements de mouvements sociaux menaçaient bientôt issus des mouvements étudiants. C'en était trop, la réaction n'a pas manqué de sel en s'abattant sur une ancienne icône des mouvements protestataires devenu plus notable que génant.
Les révélations de soupçons, les perquisitions ont placé le licencié en histoire-géo au coeur d'une sale histoire : celle de son mode de vie et de ses dépenses folles au creux d'une des pires crises économiques contemporaines. Pas défendable même s'il n'est pas accusé, c'est la quadrature du cercle vicieux qui enserre désormais ce fidèle de Ségolène Royal. Et qui plonge un peu plus la gauche dans le marasme et le ridicule. Après l'incontrôlable zigounette de DSK, c'est l'achat compulsif de Juju qui fait la une de médias bien prompt au scoop sur le coup. Impossible de connaître le nom du compagnon de Rachida Dati superstar, de prendre des photos du mariage public du Dauphin, mais divulguer des rapports confidentiels sur un homme non encore accusé, ou des photos de François Hollande en vacances c'est possible. Comme je suis un éternel optimisme je salue ce sursaut d'éthique chez ces grands professionnels capables de reconnaître "que nous n'avons pas d'images de Gaza parce qu'on n'a pas le droit d'y aller". Il faut croire que sur le cas Dray, ils ont eu le droit. Notamment l'Est Républicain capable de se métamorphoser en prince de l'investigation sur une dernière de couverture complète. Il faut dire que les dépenses d'agréments du gaillard dépassent les 300 000 euros en quelques années. Après tant d'excés et d'errements, c'est l'heure des comptes ce qui sera une simple formalité pour ce... collectionneur de montres ! Après la publication de photos intimes de Laure Manaudou sur internet, le porte parole du Parti socialiste appellait à une protection "ferme" et "rapide" des libertés individuelles. Après les fuites sur ses propres agissements, il peut considérer que son appel n'a guère été entendu !
Ne comptez pas sur moi pour défendre ou expliquer quoi que ce soit. Il le fera lui-même je n'en doute pas. Il pourra même passer pour une victime et poursuivre sa route. Elle est là la force de la politique française, la continuité et l'homogénéité. L'homogénéité de leur mode et niveau de vie, à droite comme à gauche. On comprend mieux l'actuelle, bien que laborieuse, politique d'ouverture qui correspond simplement aux retrouvailles d'une même communauté fréquentant les mêmes endroits, ayant les mêmes loisirs voire les mêmes fréquentations. Du reste la millionnaire Carla Bruni n'est-elle pas présentée comme la conscience de gauche de l'Elysée. La gauche caviar, bien entendu, cette gauche qui a perdu beaucoup d'élections mais assurée autant de mandats à ses chers représentants... que leur importe d'échouer à l'élection suprême qui les concerne finalement peu alors qu'ils peuvent localement bien vivre de leurs mandats multiples. 300 000 euros est à cet égard une estimation de ce que réclame une ancienne adjointe au maire de Metz, vice-présidente de communauté, présidente d'une association financée par la municipalité pendant presque un quart de siècle. Ce qu'elle réclame à la collectivité... sans que cela n'émeuve trop les médias locaux, Est Républicain y compris...
Conseiller chargé de la coordination des portes paroles lors de la dernière présidentielle on devrait donc plutôt le rebaptiser "Conseiller chargé de la coordination des portes feuilles" tant il parait doué à mélanger l'origine de ses revenus. Des revenus, de couple, qu'il reconnait avec presqu'humilité à quelques modestes 15 000 euros, bien en-dessous finalement du revenu moyen français qui tourne autour de 18 800 euros. La seule différence résidant dans le fait que Julien Dray résonne par mois quand les français comptent pour une année, mais à part ça...
qu'il ait fraudé ou non, je dirais qu'il a fraudé de toute façon tant il est anormal qu'une démocratie autorise ses élus à vivre ainsi en marge du reste de la population. Au nom de tous les siens, il subit la vindicte sous le silence et la compassion de ses compères de tous bords trop heureux de n'être pas à sa place. Il en vient à réclamer un jury... d'honneur, terme bien incongru. On se souvient qu'Hervé Gaymard paya cher son logement de fonction du Ministére de l’économie. La roue tourne de temps en temps, non pas pour purifier les pratiques, non, juste pour rappeler aux déviants ce qui leur en couterait de trop d'autonomie. Une petite piqure de rappel, ça vous ressoude un parlement et remet plus d'un député au travail. L'originalité du moment provient tout de même dans le rôle prépondérant des médias dans cette affaire sans que le politique n'ait le moins du monde à intervenir. Cela augure d'une maîtrise de l'information parfaitement réussie qui promet.
Alors, quel avenir pour un des fondateurs de SOS Racisme ? Peut être Président de SOS achat compulsif, ou animateur de la FIDL, la Fédération des Initiés aux Dépenses en Liquides ? ou ministre d'ouverture ? allez savoir, moi cela ne m'intéresse guère, il faut juste espérer que le sieur Gray cesse de mélanger valeurs, engagements et intérêts personnels car il nous met alors tous en danger. En attendant, le procés de l'Angolagate se poursuit discrètement, il faut dire qu'on ne peut évoquer qu'un anecdotique montant de pots-de-vin de près de 45 millions d’euros, je sais Julien, ça en fait des belles montres et des stylos à foison. Et puis, pour te rassurer dis toi que Jean-Charles Marchiani impliqué dans cette affaire comme dans d'autres, va bientôt sortir de prison par la grâce du Président. Voilà qui peut te donner du baûme au coeur. A toi au moins.

mardi 13 janvier 2009

Guerre - Vont-ils gazer Gaza ?

Je crois que du plus loin de mes souvenirs d'enfance, il y a le conflit israélo-palestinien. Mes 40 ans passés sont un signe simple et fort que rien n'a changé et il y a fort à parier que mes enfants aussi connaîtront longtemps le régulier et lancinant déchirement de ces deux peuples qui se trouvent par un particulier hasard sur les terres même qui fondèrent notre civilisation.

Il n'a en effet pas lieu d'être particulièrement optimiste tant la notion de règlement du conflit a fait partie intégrante de la vie politico-médiatique des 30 ans qui viennent de s'écouler.
On saluera donc en premier lieu tous ces experts, visionnaires et autres conciliateurs qui vécurent leur carrière à annoncer l'inannonçable et son contraire sans sourciller. Les nouvelles victimes leur sont dédiées, donneurs de leçons impénétrants et hypocrites partisans de l'immobilisme autant qu'ils le produisent.
Les "rois fainéants" et leurs cohortes de conseillers et courtisans ont intégré cette guerre, l'ont accepté. Le dernier élu de nos rois n'a pas manqué d'y ajouter sa contribution sous la forme d'un déplacement express aussi ridicule qu'inefficace et qui n'avait au fond qu'un seul but : être dans la zone d'actualité au cas où il se passerait quelque chose de positif à récupérer.
Car il va de ce conflit récurrent comme pour d'autres qu'ils ne sont plus des évènements mais des faits, on ne les subit plus, on s'en sert.
A cet égard, on notera combien Israel avait trés minutieusement pensé cette offensive ne laissant rien au hasard pour ce qui concerne la préparation et le traitement de l'opinion.
Les images atroces se succédent dans une belle indifférence voire dans le jemenfoutisme le plus fameux, France 2 ayant ainsi en toute tranquillité illustré les combats sanguinolents d'images.... d'archives. Un acte manqué plus qu'une erreur finalement car le sujet répétitif se prête visiblement à une présentation identique. D'autant qu'il n'y a pas là matière à prendre des risques. Les journalistes grands reporters ne vont tout de même pas mourir pour Gaza. Il suffit donc que l'armée israélienne interdise l'accès de la bande de Gaza pourqu'il en soit ainsi. Et si la victoire n'était pas finalement la plus significative dans cette simple constatation de servilité ? car militairement comme politiquement rien ne sera réglé une fois le terrain nettoyé au carsher à phosphore d'ailleurs bien plus efficace que le carsher traditionnel que l'on trouve dans le commerce. A l'heure des technologies faciles, des appareils photo miniatures captant de la vidéo, aucune image originale ne provient des lieux qui monopolisent pourtant l'information. Drôle d'information qui reprend, répète à la folie de maigres éléments. Comme un symbole de notre petit poids diplomatique et militaire dans un monde larvé qui de Bagdad à Kaboul en passant par Gaza détruit, tue, humilie. Et fabrique aussi : des martyrs extrémistes et des rescapés cabossés. Des acteurs involontaires de notre quart d'heure télévisé de l'effroi qui ne croient plus en la démocratie comme d'autres du capitalisme. Deux piliers de nos sociétés qui s'effondrent en même temps, on a vu des tours jumelles s'effondrer pour moins que ça. Au final ne subistera que l'hébètement et l'incompréhension, pas les meilleures armes pour s'en sortir.
"Les journalistes, disait Coluche, ne croient pas les mensonges des hommes politiques, ils les répètent ! c'est pire". Mais il nous reste nos éminents représentants de l'intelligentsia au premier rang desquels ce bon Bernard-Henry Lévy. Après ses escapades romancées en Géorgie, suite de ses visites outrées en Afghanistan et de ses sorties médiatiques à Sarajevo, il se faisait bien discret...
« N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements israéliens sur Gaza auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » Outre que c'est bien la première fois qu'il fait preuve d'humilité, sa sortie pro-israélienne s'argumente et se défend volontiers à tel point que l'on se plait à l'imaginer sous d'autres cieux : « N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements russes sur Tskhinvali auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » ça a de l'allure non ? « N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements américains sur Azizabad auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » n'est pas mal non plus.
Ah allez, une petite dernière pour la route, pourquoi donc BHL l'auteur des "Aventures de la Liberté" ne nous a t'il pas gratifié d'un tonitruant « N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements serbes sur Sarajevo auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » Oui pourquoi ? Parce qu'il aurait pris mon poing sur la figure. Tout simplement. L'histoire a beau se répéter, voyez-vous, son interprétation peut décidemment prendre différents visages...

samedi 10 janvier 2009

Sauvetage - si la crise ne va pas à Lagarde...

Lagarde erre dans son ministère persifle les uns, Christine Lagaffe sort un nouvel album moque les autres. Notre Ministre de l'Economie, tant qu'il y en a une, pas de ministre, d'économie, notre Ministre donc peine à convaincre malgré une bonne volonté évidente et un optimisme, comment dire, inébranlable. Un trait de caractère plutôt issu de son côté américain car la dame est culturellement et professionnellement bilingue. Elle fut présidente d'un grand cabinet d'avocats Baker and MacKenzie s'il vous plait ce qui en jette plus que si l'on disait qu'elle avait géré Madoff Securities International...
Je vous le dis tout abruptement ces critiques sont injustes. J'ai déjà ici-même souligné quelques raccourcis rapides que la dame auraient un peu maladroitement employé sur Tapie ou la loi TEPA mais là il faut arrêter. Voire même se ranger derrière celle par qui la bonne nouvelle arrive toujours, celle qui nous protége car je crois que l'on ne souligne pas assez son côté protecteur. Regardez le prix du baril de pétrôle. Embarqué dans des hausses improbables, il constituait une menace nouvelle et plutôt imprévue pour nos économies. Mais en invitant ses concitoyens à plutôt user du vélo, elle a tout simplement couper court à une des plus grandes offensives des pays producteurs contraints de revoir leur stratégie et le prix qui va avec. Elle vient de vaincre de la même manière les belligérants ukrainiens et russes qui nous coupaient le gaz. En déclarant trés placidement "Le prix du gaz, c'est la décision du gouvernement, est gelé pour tout l'hiver. Il baissera à partir du mois d'avril". Surpris par la décontraction de notre super ministre, des tarifs gelès par grands froids ahahaha !, ils s'inclinent devant sa détermination et son non-sens du contre pied : garder les tarifs élevés dans les périodes de forte consommation, les baisser quand personne n'en a plus besoin est un modèle économique que les agresseurs du monde entier ne savent contrer. Bravo Christine !
En plus c'est certainement la seule ministre au monde capable de prédire avec une telle précision tout type d'indicateurs avec une préférence particulière pour la croissance. Qui a pu ainsi parler de croissance de ... 0,14% ? ben toujours la même.
La rédaction de 20minutes toute aussi subjuguée que moi a listé ces prises de position historiques qui ont marqué notre économie et ne devrait pas manquer de rentrer dans les manuels d'économie, enfin s'il en reste, des manuels comme de l'économie d'ailleurs :

17 août 2007, conférence de presse
«L’économie française repose sur des fondamentaux qui sont solides [...] Je ne conçois pas aujourd'hui de contamination à l'économie mondiale»

17 août 2007, dans «Le Parisien»
«Ce n'est pas un krach [...] Nous assistons aujourd'hui à un ajustement [...] une correction financière, certes brutale mais prévisible»

5 novembre 2007 sur «Europe 1»
«La crise de l'immobilier et la crise financière ne semblent pas avoir d'effet sur l'économie réelle américaine. Il n'y a pas de raisons de penser qu'on aura un effet sur l'économie réelle française»

18 décembre 2007, sur «France-Inter»
«Nous aurons certainement des effets collatéraux, à mon sens mesurés. [Il est] largement excessif de conclure que nous sommes à la veille d'une grande crise économique»

22 janvier 2008, sur «Europe 1»
«[Un krach?] Il faut éviter les mots spectres, les mots angoisse comme ça [...] Je crois qu'on a observé une
correction brutale sur les marchés asiatiques, européens dans la foulée»

10 février 2008, au G7 au Japon
«Nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l'Europe»

11 février 2008, dans «Le Figaro»
«Si les États-Unis devaient éviter la récession, leur croissance sera toutefois très faible. L'Europe sera elle aussi touchée».

26 mars 2008, conférence de presse
«L'environnement international est difficile […] La volatilité actuelle des taux de change et le niveau du dollar sont un risque pour notre croissance»

1er juillet 2008, dans «Le Figaro»
A l'orée de la présidence française de l'UE, Lagarde veut rester comme le ministre français ayant permis à l'Europe «d'éviter la crise financière d'après»

15 septembre 2008, sur «Europe 1»
«L'ensemble des autorités bancaires, le Trésor, les banques centrales se sont concertées pendant plusieurs jours, les mécanismes sont en place, il n'y a pas panique à bord»

16 septembre 2008, conférence de presse
«[La crise aura] des effets sur l'emploi et sur le chômage [pour l’heure] ni avérés ni chiffrables»

20 septembre 2008, conférence de presse
«Le gros risque systémique qui était craint par les places financières et qui les a amenées à beaucoup baisser au cours des derniers jours est derrière nous»

21 septembre 2008 sur «Europe 1»
«Je ne suis pas euphorique, pas plus que je n'étais catastrophiste […] La crise est loin d'être finie»


En fin d'année elle ne s'en laissait pas compter enchaînant par un tonitruant "Le plan de relance pourrait créer 100.000 emplois". Alors même que le désastre américain reconnait 2,6 millions de chomeurs supplémentaires depuis la récession. Ben nous, non.
Avant de commencer l'année en fanfare, parce que voyez-vous ma bonne dame, on va pas se laisser enquiquiner par quelques degrés en-dessous de zéro !
"Le mauvais temps qui est épouvantable pour un certain nombre de personnes isolées ou sans abri, du point de vue des soldes est une aubaine".
Elle a un côté terrien qui nous fait mieux comprendre pourquoi elle fut Ministre de l'Agriculture... un mois.
Mais je pense que c'est surtout lorsqu'elle fut co-sous-secretaire adjointe du haut conseil indépendant pour le rayonnement et l'internationalisation de l'harmonisation des procédures en Europe qu'elle a pris conscience de ses possibilités en politique. Remercions ce haut conseil de nous avoir offert ce joyau, elle est une des 15 femmes les plus puissantes du monde selon Forbes, si la crise perdure, allez savoir il sera peut être bon à vendre !
"Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille" disait Bonaparte qui n'a pas toujours bien fini ce qu'il commençait.
On espère pour notre opimiste ministre qu'elle rit autant que nous de ses énormités. Parce que si en plus elle se prenait au sérieux, la récession serait à nos portes !

jeudi 8 janvier 2009

Exposition médiatique - jeu d'ombre et de lumière

Peut être la suppression de la publicité des chaines publiques donne-t'elle comme un arrière goût d'ORTF, toujours est il que nos médias semblent en ce début d'année manquer singulièrement de saveur, de couleur, pour simplement orienter comme il se doit d'un éclairage complaisant leurs protégés.


On notera ainsi qu'un Michel Sardou, proche de, aura remplacé (!) la messe de minuit sur TF1 tandis que Bernard Tapie, un repenti, occupait la première partie de soirée de France 2. Pour autant Oscar fut, pour l'anecdote, même battu par Asterix et les vikings d'M6... comme quoi la télé d'Etat a encore des progrès à faire ce qu'elle semble d'ailleurs vouloir faire au plus vite ces derniers temps : utilisation d' images sanguinolentes de Gaza mais d'archives, de témoignages uniques bien orientés ou même de fautes d'orthographes bien senties ("Les hiverts les plus froids"). On l'aura compris, nous prenons plus sûrement le chemin de la Pravda que celui de la BBC...
L'ovniprésident est bien entendu tout aussi soigné pouvant éclabousser de sa présence médiatique des accords militaires pourtant obtenus de longue date avec le Brésil avant de disparaitre complètement du paysage le temps de vacances luxueuses à ne pas diffuser à une France en récession.
Il lui suffit donc de claquer des doigts pour allumer ou éteindre projecteurs et caméras, un numéro digne d'Oudini mais indigne d'une profession qui se targue d'indépendance.
A chaque jour suffit son sujet polémique venu de l'Elysée pour qu'aussitôt analyses, réflexions ou pire bilans soient jetées aux oubliettes du pouvoir. Le financement de la télé publique interpelle : sera-t-il atrophié progressivement pour relancer des chaînes privées en chute libre, la redevance va t'elle croître prochainement et/ou s'accompagner de taxes nouvelles sur les portables et ordinateurs, deux des compagnons les plus fidèles de nos concitoyens ? Quel sens pour le Sénat d'étudier un texte de loi déjà appliqué ? les questions ne manquent pourtant pas qui ne seront pas posées puisque voilà que l'on va travailler le dimanche, enfin pas trop mais il n'est déjà plus temps d'en parler puisqu'il faut relancer l'économie en faisant simplement ce qui était de toute façon prévu mais je vous coupe car en direct voilà que l'on évoque de supprimer le juge d'instruction... Au-delà du rythme, c'est le contenu qui est imposé aujourd'hui à des rédactions-chambre d'enregistrement comme jadis le Parlement. Des médias nouveau Parlement le comparatif est audacieux mais pas illogique lorsque la politique devient spectacle, n'est plus que spectacle. Rachida Dati en difficulté en sait quelque chose qui bénéficia bientôt d'un plan de communication imparable à une échelle nationale : récit de ses difficultés-interview de ses détracteurs-martèlement de doutes et évocation d'excés-démonstration du courage et de la détermination de la ministre super maman. Et au passage quelques couvertures glamour avec un silence poli sur l'identité du papa car voyez-vous ma bonne dame, les médias ont une conscience, pas d'éthique mais une conscience. C'est certainement cette conscience qui pousse tous ces grands reporters à superbement ignorer le procès de l'Angolagate au moment même où un homme du président doit y expliquer quelques transactions douteuses. Jacques Attali, analyste médiatique déjà auteur d'un essai sur la crise traverse cette épreuve en silence. Le voici dans l'ombre salutaire de la surinformation d'occasion que chaque jour génère. Le terrorisme d'ultra-gauche a redoré le blason du ministère de l'Intérieur et peut désormais croupir en prison sans autre forme d'explication, les fermetures d'usine en France, les suppressions d'emplois records aux Etats-Unis, les faillites de grands commerces anglais sont soigneusement évitées. Car il fait froid voyez-vous, en hiver la belle affaire. Et même il neige en janvier et cela glisse, voilà un vrai sujet. Enfin on ne va pas entrer dans les détails pour aller jusqu'à évoque les sdf morts, trop banal, répétitif coco, en plus il est tout de même acquis qu'ils le veulent bien de mourir de froid...
Reste à prendre l'air façon Albert Londres. Un type curieux qui disait des choses assez horribles comme "Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie."Enfin je vous rassure il disait ça au début du siècle dernier, c'est dire si cela date. Le métier a changé, le monde bouge enfin vous connaissez la rengaine. Oui enfin je parlais de l'air du large, de celui qui donne de la légitimité et des images chics pour le zapping. On a ainsi vu Laurence Ferrari en Afghanistan, limite elle chassait le taliban. Bon finalement elle est restée dans un camp mais tout bien habillée pour jouer à la gueguerre, de quoi lui attribuer tous les qualificatifs du grand reporter, l'honneur suprême. Et puis il faut avoir une pensée pour tous ces courageux partis couvrir l'invasion israélienne au péril de leur vie. Enfin au péril de leur vie de famille déjà parce qu'ils partent souvent seuls, les pauvres, de leur vie culturelle parisienne ensuite parce qu'il n'y a pas moyen de faire l'aller-retour Jerusalem-Paris dans la journée pour se faire un petit théâtre voyez-vous. Mais pas leur petit confort ni leur sécurité je vous rassure, à ce titre je vous invite à lire l'article de demain du monde sur la presse tenue à distance même si il n'est pas nécessaire de les tenir bien fort pour qu'ils évitent les zones de conflit...
Un peu plus d'ombre que de lumière sur ce coup-là, est-ce bien condamnable puisque demain est un autre jour et qu'il y aura bien l'occasion de détourner l'attention sur d'autres scoops ou d'autres buzz.
Alors que se clôturent les Etats Généraux de la presse, 90 recommandations sont ainsi posées. Il y est beaucoup question de gros sous et de préservation des grands groupes. Manque sûrement un chapitre qui s'appélerait "Crédibilité". Parce qu'à trop jouer les scénaristes, les journalistes se sont coupés du grand public pour ne plus toucher que leur public, souvent initié. De moins en moins nombreux face à la TNT et au web. Mais il paraît que le ciné-club va faire son retour sur France Télévision. Peut être une piste pour le devenir de l'information ?

lundi 5 janvier 2009

Réforme - l'auto-entrepreneur tiendra t'il la route ?

"Le monde bouge, la France doit prendre des initiatives" nous répète à l'envie notre petit père du peuple français. Et il montre l'exemple le bougre par un activisme de tous les instants que le monde nous envie, enfin surtout Paris.

Et pourtant le marché automobile français vient de reculer de plus de 15% en décembre 2008. Un état alarmant qui tranche avec les déclarations récentes de type "La prime à la casse a clairement atténué la chute des ventes et nous a permis de diminuer ainsi le poids des stocks dans les concessions", du directeur de Peugeot France, Christophe Bergerand par exemple.
Enfin on ne va pas épiloguer puisque de toute façon la solution est déjà arrivée en provenance directe de l'Elysée.
Vous n'êtes pas au courant ? C'est l'avènement de l'auto-entrepreneur bien sûr !
Il fallait y penser : combiner deux secteurs en difficulté, l'automobile et l'emploi, il fallait oser, quelle rupture !
Le dispositif de l'auto-entrepreneur permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité complémentaire pour augmenter leurs revenus. Dans leur voiture donc.
On connaissait l'automobile seule, l'auto-motivation voire l'auto-mutilation. On entend souvent parler de l'auto de la Française des Jeux voire de l'auto-Von Bismark qui était dit-on déjà de fer. Mais de l'auto-entrepreneur point. Et bien cette lacune de l'économie française est désormais comblée, la première vitesse, oserais-je, est enclenchée.
Le Secrétaire d'Etat aux PME peut jubiler"Pour devenir auto-entrepreneur, il suffira de se rendre sur le site www.lautoentrepreneur.fr et de remplir en ligne une déclaration unique d'activité".
Attention les distraits, on ne parle pas de www.autoplus.fr ou www.autojournal.fr, il s'agit uniquement de www.lautoentrepreneur.fr. Ce détail mis à part, tout est fait pour faciliter ces audacieux travailleurs véhiculés.
Doit-on y voir un lien inquiétant avec la crise de l'immobilier? plus de 40 000 volontaires se seraient déjà manifestés pour tenter l'aventure. Le Dakar avec ses deux semaines de compétition parait bien pâle comparé à toute une année d'activité professionnelle. Dans sa voiture.
Selon l'activité, évidemment, des ajustements sont à prévoir étant entendu que l'auto-entrepreneur ne peut exercer dans un camion ou autre utilitaire mais uniquement dans son auto. Astucieusement, il y a fort à parier que cette mesure aura pour première utilité de relancer la vente de véhicules plutôt spacieux au détriment des citadines peu pratiques si vous recevez des clients notamment. Mais attention au départ de ne pas vous laisser griser par quelques excés de grandeur, le malus veille malgré les exonérations, pour trois ans, en tous genres.
Evitez aussi les décapotables qui fragiliseront votre couverture, même sociale, ou les coupés trop exigus. Et pour les plus démunis, Carlos Ghosn a déjà pensé à tout avec ses voitures low-cost !
On saluera cependant, en cette période particulièrement glaciale, que le gouvernement n'ait pas opté pour le vélo-entrepreneur malgré l'insistance de Decaux.
Petit bémol toutefois, ce statut n'est accessible qu'aux entreprises ayant un chiffre d'affaires maximum de 80 000 euros HT pour une activité de vente de marchandises, d'objets, de fournitures, de denrées à emporter ou à consommer sur place ou une activité de fourniture de logement. Mais enfin générer 80 000 euros depuis sa voiture je ne sais pas vous mais moi je trouve cela déjà pas mal. Enfin évidemment, et malgré leurs qualités, à ce tarif là, Sébastien Loeb ou Sébastien Bourdais ne peuvent prétendre au statut mais on ne peut pas satisfaire tout le monde !
Là où je m'interroge, c'est que ce statut s'assimile fiscalement à la micro-entreprise, ce qui laisse à penser qu'il faille s'équiper en informatique, le GPS ou l'ordinateur de bord ne semblant pas suffisant...
Et puis, faut-il le permis pour être auto-entrepreneur ? si oui que se passe t'il en cas de perte de points ?
On peut, me dit-on, cumuler cette activité avec une autre, très bien, mais comment expliquer à mon employeur actuel que je ne peux quitter mon véhicule sous peine d'être radié ? et comment feront les routiers ? les taxis ? les ambulanciers ?
Autre point sombre, "l'auto-entrepreneur n'aura pas à demander son immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) ou au répertoire des métiers (RM) s'il exerce une activité commerciale ou artisanale" ce qui est tout de même curieux dans la mesure où, jusqu'à présent pour toute immatriculation j'allais plutôt à la Préfecture.
Les professions libérales sont exclues ce qui parait logique dans la mesure où le code de la route ne peut tolérer trop de liberté.
Le point noir reste finalement sans conteste le stationnement de tous ces auto-entrepreneurs. Mais voilà qui ne devrait pas de manquer de relancer les VINCI et consorts, un vrai système pyramidal à la Madoff mais vertueux celui-là. Enfin une réforme bien conduite et qui ne risque pas de rester au point mort. En voiture les auto-entrepreneurs !