mercredi 25 novembre 2009

Economie - le triomphe du moins pire

C'est pour tout dire assez inquiétant que d'écouter les discours politiques sur l'économie. Déjà il y a cette récurrente attente des chiffres qui me fait toujours un peu bizarre. Des gouvernants qui attendent que des chiffres tombent, qui les commentent avantageusement ou les subissent, cela donne finalement une idée assez juste de leur totale inutilité et efficacité en la matière.



Fort heureusement pour eux la presse n'est pas particulièrement encline à systématiquement chiffrer les résultats des politiques engagées. Tout juste de temps à autres sort on quelques perles d'idées mort-nées quand elles ont tenté d'être appliquées.
Ca n'est pas loin d'être la situation rencontrée par le pompeux Grand Emprunt dont la finalité n'est autre que de creuser un peu plus les finances de l'Etat sur le compte de marchés financiers que l'Etat a soutenu sans les sanctionner.
Mais c'est toujours mieux que rien. Une phrase souvent entendue qui va avec les "Moi, j'agis" ou le magnifique "ce pourrait être pire" ou "on a évité le pire". Il y a comme un air de déconfiture dans ce qui ressemble à un bel aveu d'impuissance ragaillardi par la perspective du pire.
C'est ce que Machiavel décrivait, oui parce que vous ne pensiez tout de même pas que nos gouvernants actuels avaient inventé quelque chose ?, c'est Machiavel, disais-je, qui affirmait "En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal."
A petite dose c'est sûrement vrai mais au quotidien cela interpelle. Notons que Machiavel explique, ne s'en félicite pas.
Quand on entend le Secrétaire d'Etat à l'Emploi puis le Président de la République himself se féliciter du chômage partiel, le dénommer comme une arme anti-crise, le remercier d'avoir sauvé des emplois .... ne franchit-on pas allégrement quelques étapes ?
Je peine ainsi à imaginer le satisfecit qui gagnera nos élites le jour où la France créera des emplois plutôt que de moins en perdre. Encore faut-il s'entendre sur le niveau de perte possible car alors que l'Insee recense 319 000 salariés touchés par la grâce du chomage partiel, Laurent Wauquiez avance «L’activité partielle, qui permet d’éviter de licencier les gens, a permis de préserver 300 000 emplois.» Ce qui signifie que dans son esprit, tout bénéficiaire est un chomeur qui s'ignore ou sommeille. Un étrange calcul économique et social qui tranche dans le vif : soit l'entreprise a recours au chômage partiel soit elle ferme ses portes intégralement. Ce qui du coup rend la mesure bien moins rassurante.
Voilà qui peut donner des idées sur les avantages et mérites de l'action partielle : aux étudiants qui suivront partiellement leurs études, on vantera avoir évité l'écueil des non diplômés ; sachant que pour avoir son diplôme il faut passer par les... partiels. Compliqué. Aux retraités titulaires d'une retraite partielle, comme aux salariés ayant la chance de posséder un revenu partiel, on saluera l'avancée significative de la lutte contre la pauvreté ; cela marche à tous les coups c'est vrai, un nouvel oeil pour oeil, dent pour dent ou quand la raison est la cause sont de mèche, partiellement.
On se moquait d'un Bayrou moyennenment positionné au milieu, nous avons en plus un gouvernement partiellement au pouvoir qui prend des mesures partielles pour subvenir partiellement à nos besoins. Avec une menace suggérée genre "Moi ou le chaos".
Pourquoi pas mais ce que je ne comprend pas c'est la nécessité de prendre un ton convaincu et le souci de ne pas être contredit pour annoncer des lapallissades pareilles ? Christine Lagarde qui a inventé la croissance négative fourbit certainement déjà ses belles annonces de demain tant il est déjà certain qu'un quart d'heure avant sa mort, elle vivra encore.
Peut-on dés lors se satisfaire de ce moindre mal ? certainement. Faut-il le louer comme stratégie politique ou modèle de société ? cela parait bien présomptueux, fade et inutile. Le Grand soir a vécu je sais mais faut-il pour autant vivre de peurs en désenchantements ?
Sauf pour les intéressés évidemment qui durent ainsi tout au long d'une carrière faste, régulière, entière, le contraire de partielle quoi.
"Le cochon dit à la poule : "Les oeufs, pour toi, c'est un engagement partiel ; le bacon pour moi, c'est un engagement total"" racontait justement Philippe Meyer...

samedi 21 novembre 2009

Identité française - La crise de foi d'après fête

"A force d'abandon, nous avons fini par ne plus savoir très bien qui nous étions. A force de cultiver la haine de soi, nous avons fermé les portes de l'avenir. On ne bâtit rien sur la haine de soi, sur la haine des siens et sur la détestation de son propre pays", ainsi parlait Sarkozy 1 bien décidé à ne pas abandonner de voix nationalisantes en prévision des prochaines élections régionales. C'est donc l'infidèle Eric Besson qui lance la machine étatique destinée à imposer un débat sur le sujet ce qui tombe plutôt bien car des sujets il n'y en a guère.


C'est l'avantage d'avoir un parti majoritaire qui n'a que le mot réforme à la bouche, à force de tout réformer unilatéralement pas simple de trouver un thème de discussion. La crise, les destructions d'emplois, la renaissance du capitalisme financier, l'errance des politiques, le devenir des systèmes de retraite et de sécurité sociale n'étant pas tendance...Notez que cela aurait pu être pire on aurait pu se taper un débat national sur Les chevaliers paysans du Lac Paladru en l'an Mil" comme l'évoquait joliment un film d'Agnes Jaoui voire "C'est important d'être à la mode ? justifiez votre réponse". Finalement on ne s'en sortait pas si mal avec ce truc somme toute assez connu, le bleu-blanc-rouge, la Marseillaise, la terre, le travail, la famille, la patrie tout ça. Et alors que l'on esquissait à peine les premières tendances vla t'y pas que se présente l'évènement fédérateur par excellence : un match décisif de l'équipe de France pour participer à la Coupe du monde ! et qui plus est face à un petit pays où l'identité n'est pas un vain mot et se caractérise notamment par le port altier du vert et une propension naturelle à ingurgiter de la Guinness qu'il vente ou qu'il pleuve et d'ailleurs surtout quand il vente et il pleut. Etendards de sortie, gorges déployées, l'heure était à la mobilisation au Stade de ... France. Aux armes citoyens tout ça et c'était parti pour une bonne séance de construction de notre identité comme il dit Nicolas, destinée à nous ouvrir les portes de l'Avenir. J'étais un brin sceptique faut reconnaître mais il avait raison Nico. Bon je l'ai trouvé petit d'arriver en retard discrètement de peur de se faire siffler mais il avait raison. La séance terminée, les portes de l'Afrique du Sud se sont ouvertes c'est déjà ça. Par contre pour ce qui est de l'identité, j'ai l'impression que c'est un peu compliqué. Il faudra le remettre à demain vu qu'à une main cela pause des problèmes de conscience. Thierry Henry ayant volontairement redressé la course du ballon avec ses doigts musclés sans que l'arbitre n'y trouve rien à redire. La France a donc gagné mais sans respecter les règles du jeu, en trichant, c'est le scandale, la honte, la déchéance de toute une nation qui, du coup ne veut surtout pas être identifée. Aïe. Bonjour le lendemain de beuverie et la crise de foi. Comprenez bien, ce succès acquis sur une faute c'est une insulte à notre esprit éclairé, celui des Lumières (pas celui de "casse toi pauvre con"), c'est une infamie mondiale à notre universalité espérée.
Ce'st aussi une belle connerie. L'arbitre est seul maître à bord avec ses deux assesseurs, il n'a rien vu, rien sanctionné alors, comme dans des milliers d'autres cas dans l'histoire du sport le résultat est ainsi. Le résultat qui n'a pas à être juste ou mérité, mais juste à être là. Et si l'attaquant français a touché le ballon de la main, ses homologues irlandais en avaient fait de même dans les minutes précédentes. Et si l'arbitre n'a pas bronché, il n'a pas bronché non plus lorsqu' Anelka est touché par le gardien vert à l'instar d'Evra au match aller. Et si les irlandais se sentent floués, ils n'ont qu'à inviter les Georgiens pour une séance de consolation collective, eux-même ébranlés par un pénalty imagi
naire sifflé au profit de l'Eire qui, pour le coup n'en manqua pas. Ne proposa pas non plus de rejouer le match ou de rater volontairement le tir d'ailleurs.

De cet épiphénomène, une gronde tenace s'est élevée au nom de la France, de ses valeurs, de son image. Des milliers de bons petits français pourtant sûrement peu exigeant avec eux-même, se sont trouvés une cible pour s'offusquer à foison. Dans un pays où l'on paye si peu l'impôt que l'on doit, où l'on s'accommode tant des lois par copinage ou pression, ou l'on râle volontiers de chaque contra
inte pour mieux s'en dédouaner, et bien là on est scandalisé. Au point que, et c'est Jacques Attali qui le dit, "Nous sommes tous irlandais". Attali qui le dit, ce magnifique repris de justesse, relaxé de l'Angolagate si piteusement, habitué des dictatures africaines du moment qu'elles sont rémunératrices, inquiété par la justice russe pour ses liens étranges et coûteux avec la ville de Saint Petersbourg, c'est ce gars là donc qui a aujourd'hui comme bien d'autres, un problème de conscience avec le ballon rond. Fichtre.
Quand l'opium du peuple monte à la tête voilà qui donne la nausée et des lendemains bien comateux. Allons donc, renvoyer des réfugiés afghans dans leur pays en guerre est donc assurément plus acceptable que de toucher un ballon de la main. Pauvre France dont les errements émotionnels traduisent bien ce qu'elle est : une petite nation de petites gens dirigés par de petits esprits à courte vue (et haute talonnette). Et qui ne l'accepte pas. Autant l'accepter pourtant et dès lors normal d'accepter que l'un des nôtres braconne, rapine parce qu'à la régulière ça ne marche pas. Comme un Inzaghi qui a fait gagner des dizaines de matchs en plongeant, Maradona en s'agrandissant, Schumacher en démolissant, Tapie en achetant ou Paolo Rossi en se dopant.
A croire que le fait de déterrer le tristement célèbre travail-famille-patrie a ravivé chez de nombreux compatriotes le souci de dénoncer et de collaborer avec l'Autorité au nom de valeurs morales et pourquoi pas d'un ordre nouveau tant qu'on y est ?
L'Irlande malgré la faiblesse insondable de la France lors de ce second match n'a jamais été en position d'aller en Afrique du Sud, faut quand même le faire !
Maintenant je veux bien croire qu'ayant une haute opinion de nous-même nous nous créons de drôles d'obligations. Mais de grâce redescendons sur terre, n'est pas Cyrano qui veut, ni Henry, ni vous, ni moi :
"Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès ! Non ! Non ! C'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! -qu'est-ce que c'est que tous ceux-là ? -vous êtes mille ? Ah ! Je vous reconnais, tous mes vieux ennemis ! Le mensonge ? (il frappe de son épée le vide.) tiens, tiens ! -ha ! Ha ! Les compromis, les préjugés, les lâchetés ! ... (il frappe.) que je pactise ? Jamais, jamais ! -ah ! Te voilà, toi, la sottise ! -je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas ; n'importe : je me bats ! Je me bats ! Je me bats ! oui, vous m'arrachez tout, le laurier et la rose ! Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu, mon salut balaiera largement le seuil bleu, quelque chose que sans un pli, sans une tache, j'emporte malgré vous, (il s'élance l'épée haute) et c'est... (l'épée s'échappe de ses mains, il chancelle, tombe dans les bras de Le Bret et de Ragueneau. Roxane: c' est ? ... Cyrano : mon panache."

mardi 17 novembre 2009

SportCo - Les bleus dominateurs et convaincants

Bon week end de sport collectif pour nos couleurs tricolores avec coup sur coup un test match face aux champions du monde côté ovale, un match aller de barrages de Coupe du monde côté rond. Deux victoires à la clé, ce qui compte tout de même le plus à la fin. On ne boudera donc pas notre plaisir même si le spectacle fut plus présent à Toulouse qu'en Irlande mais pour bien jouer, c'est bien connu il faut être deux.


J'en profite donc pour commencer par le foot en égratignant volontiers le 11 du trèfle paré de toutes les intentions et de toutes les qualités mais qui, malgré un public superbe n'a fait que défendre et éventuellement contrer. Une surprise qui n'en était pas vraiment une quand on regarde la carte de visite de leur illustre sélectionneur adepte du catenaccio. Du coup la France s'est quand même retrouvée à devoir faire le jeu ce qu'elle n'a pas su faire avec un Gourcuff aux abonnés absents et des attaquants de couloir jouant dans le rond central. Les pertes de balle rapides ont pu faire craindre le pire avant que la paire de Diarra ne commencent à tenir le terrain. Reste que la plus grosse occasion fut irlandaise et que la bonne maîtrise française manquait cruellement de vitesse et de percussion. La seconde mi-temps fut du même accabit et pour tout dire assez ennuyeuse et un tantinet crispante. Et si les français méritaient sans doute un pénalty, les verts ont eu les ballons pour marquer sur quelques boullettes somme toute habituelle d'une défense centrale sinon présente. Finalement Anelka, valeureux à défaut d'être génial, bénéficiait d'un petit coup du destin salvateur. La messe pouvait être dite quelques minutes plus tard quand le même Anelka, contré, laissait le but ouvert à Gignac, ce dernier trouvant tout de même ... la touche !
Lloris, dont j'aime beaucoup la vitesse et la vista assurait bien l'essentiel. La défense française dans son ensemble peut être saluée puisqu'elle n'a pas pris de buts ainsi que les deux milieux défensifs. On notera que Lassana est monté en puissance tout au long du match et que les propos de Patrick Viera de fait prêtent bien à sourire...
Sur l'animation offensive en revanche c'est tout de même bien décevant. Gignac a tenté, même marqué mais hors jeu et aussi raté jusqu'à l'immanquable. Henry a promené son ombre sur le flanc droit sans jamais déborder à l'instar d'Anelka à gauche. Même si Govou n'était peut être pas agen, on aurait aimé voir Malouda pilonner l'arrière-garde irlandaise. En tout cas plus longtemps que durant les arrêts de jeu, sa rentrée d'ailleurs provoquant un allongement de la durée du match ce qui, lorsque l'on mène à l'extérieur peut paraître curieux. Place au match retour pour lequel il me semblerait utile de disposer de vrais joueurs offensifs de couloir tant Evra notamment, malgré ses qualités, peine quand même à réussir un débordement.
Des débordements il n'y en eut pas tant que ça à Toulouse pour un France-Afrique du Sud assez fermé mais là encore les visiteurs n'y sont pas pour rien. Et puis, pour ceux qui ont raté le début de match et bien vous avez tout raté puisque les Sprinboks eux-même le disent, leur hymne a été tellement saboté.... qu'ils ont perdu. Il fallait y penser. Après l'entraineur de hand ball qui rentre sur le terrain pour arrêter une contre-attaque ou le coach de hockey qui vide son banc sur la glace de mécontentement, voici venu le temps de la faute à l'hymne mal joué...
Parfois à la limite sur quelques phases de percussions adverses, la victoire des français ne souffre pourtant d'aucune discussion tant le paquet d'avants notamment a été compact, discipliné et puissant. Le 5 a plus que bousculé les champions du monde en mélée et les troisième lignes ont coupé quasiment tout ce qui dépassait. Le tout orchestré par l'étonnant Dupuis que j'ai trouvé trés bon dans ses orientations, sa vitesse d'exécution, sa capacité à jouer au pied... seul bémol à mon sens la débauche d'énergie que nécessite son jeu rend l'exercice de buteur délicat. Il a d'ailleurs un peu gaché. Sinon, les lignes arrières ont tout de même été assez quelconque même si l'ancien grenoblois Vincent Clerc y est allé de son essai ; je n'ai pas trouvé l'ouvreur particulièrement vif et inspiré. Quand à la paire de centres, elle n'est jamais passée ce qui est un signe, Marty le rentrant y est par contre parvenu. Enfin Traille à l'arriere ne m'a jamais trop convaincu, idem pour cette fois même si son jeu au pied est précieux quand on joue à gagne terrain. Une belle victoire dans un match d'une belle intensité au cours duquel les boks n'auront que rarement montré l'étendue de leur capacité et se seront fait beaucoup contrés. Si tôt dans la saison internationale, le groupe France parait bien armé et plutôt cohérent dans son jeu. Capitaine Dussautoir est un bon choix qui redonne de l'ambition sur la scène internationale. Ca, c'est pour le côté rugby. Côté foot c'est bien plus brouillon et besogneux mais aller en Afrique du Sud malgré Domenech sera déjà une sacrée performance. Après, qui sait, la Coupe du monde est un tournoi donc la logique est rarement respectée...

jeudi 12 novembre 2009

La réserve de la République

Moi je l'aime bien Eric Raoult, il est franc du collier ou confondant de naïveté c'est selon. Mais il dit finalement tout haut ce que beaucoup reconnaissent tout bas. Dans la présidentialisation extrême de la V° République, dans les faux airs de monarchie voire de dépotisme qu'il se donne parfois, le pouvoir impose forcément à sa majorité une discipline de fer. Dont elle s'acquitte volontiers ou parfois à contre-coeur, avec conviction politique ou à contre-courant de ses propres électeurs. Dans cette pression permanente à laquelle s'ajoute comme une logique de cour, de favoris, de bannis, de privilèges et d'ambition, pas facile de toujours garder calme et sérénité. Bah oui, pourquoi donc les élus de la majorité seraient-ils les seuls à trinquer ? c'est le drôle de paradoxe de vainqueurs sanctionnés. Comme s'il aurait mieux fallu perdre, un comble. Alors Eric Raoult ne comprend pas que les écrivains par exemple aient libre parole et pas lui... Autour de notre chère identité nationale, liberté-égalité-fraternité n'impliquent ils pas une certaine solidarité d'avec nos pauvres élus UMP ?
Les journalistes ont les premiers exprimés leur soutien appuyé à la majorité et ont mis dés le début du mandat en réserve leur sens critique et leur déontologie, chapeau. Alors pourquoi pas les écrivains ? ils pourraient se réserver d'écrire ce serait bien la moindre des choses estime notre bon maire de Raincy surtout pour coucher sur le papier des mots qui pourraient froisser notre souverain. C'est le crime de lèse-majesté que l'on sent poindre derrière cette notion de réserve. Je connaissais la réserve naturelle, qui veut protéger les espèces rares, les réserves ethniques qui protègent les derniers représentants d'une peuplade donnée, voilà venue le temps de la réserve républicaine. Il s'agit de préserver, sur le territoire de la République, notre Président. Pour cela tous les moyens sont bons et chacun doit se sentir concerné. Sous peine de vindicte populiste ou populaire. Pour que la réserve républicaine fonctionne, il faut la volonté du citoyen, il faut également comme un effet d'entraînement. Notez que je montre l'exemple, ne suis-je pas officier... de réserve ? Un peu comme notre Président qui anticipe l'histoire et les déplacements qui s'y rapportent, moi j'avais anticipé cette évolution puisque petit déjà, j'étais déjà très réservé. C'est dire si je le comprend notre député de la Seine Saint-Denis. Je me demande même s'il ne faudrait pas créer un ministère de la réserve avec un comité de réserve qui mesurerait si un acte, une production, une idée est suffisamment réservée. Dans le cas contraire, on pourrait imaginer des procès pour condamner toute déviance. Et qui condamneraient cette fois sans réserve.
En tout état de cause, je ne saurais trop vous conseiller de commencer à opérer une réserve active histoire de ne pas avoir trop d'ennuis non plus.
C'est ce qui est arrivé à ce pauvre Frédéric Mitterrand, vous savez, celui qui aime les garçons de son âge. Voilà que son compère de la majorité le somme de sortir... de sa réserve. En pleine réserve républicaine ! Il n'a fait ni une ni deux, le Ministre de la Culture en refusant d'arbitrer. C'est un peu le risque du système, à force de tout mettre en réserve il n'y aura plus rien en vitrine. Mais le statut quo n'a pas que des ennemis parmi les habitués du pouvoir.
Moi en tout cas maintenant je fais attention, même quand je vais au restaurant, au concert ou jouer au tennis, avant, je réserve. merci Monsieur Raoult. Et faites en autant.
Et on retrouvera la quiétude, l'immobilisme et le bien vivre qui fait tout le charme français. Et notre Président, apaisé et épargné, pourrait enfin faire preuve de grandeur et d'une vision enfin digne de son rang.
A l'image d'un Napoléon Bonaparte qui n'hésitait pas à affirmer : "Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille"
alors...

mercredi 11 novembre 2009

Médias - Bakchich dans le rouge

Les temps sont durs quand on n'est pas un média complaisant, de ceux qui sont par exemple invités à faire le point du mi-mandat discrètement à l'Elysée, ou de ceux qui bénéficient gracieusement des sondages commandés par la Présidence sur le compte des contribuables français, ou de ceux qui se dépêchent de relier le grandguignolesque déplacement sarkozien lors de la chute du mur de Berlin. Bakchich n'en fait pas partie alors forcément tout est plus difficile... Placé en redressement judiciaire, ils ont 6 mois pour valider un modèle économique délicat constitué d'un site d'infos gratuites mais avec une partie payante, et une version papier plus récente qui doit trouver son public. N'est pas le Canard qui veut certes mais bon la satyre dans notre quotidien ce devrait être une vraie cause nationale presque aussi médiatisée que les questions d'identité nationale qui taraudent Eric Besson, sa majorité et l'électorat du Front National.
Avec arretsurimage qui a trouvé refuge sur le web après sa suppression télévisuelle, ce sont deux précieuses sources alternatives, presque un gros mot aujourd'hui au pays de Nicolas ouioui.
Alors si vous avez l'occasion, visitez, lisez, faites-vous une autre opinion ou pas. Cela n'a pas d'importance. Mais qu'ils poursuivent leur activité, oui.

vendredi 6 novembre 2009

Faits d'hiver - Le convoyeur des lilas


Tony Musulin je vous salue.
Je vous félicite aussi car s'exfiltrer avec 11 millions d'euros sans violence c'est drôlement fort.
Je vous envie aussi un peu c'est sûr car même mes moyens de transport manquent de fonds
Je vous plains aussi car vous voilà ennemi public numéro 1. Vous me direz, s'ils vous cherchent comme ils cherchent Jean-Pierre Treiber, vous avez quelques marges de quiétude.
Je vous remercie surtout d'avoir fait souffler un vent de fraîcheur sur notre quotidien en nous imposant cette image fugace et particulièrement joviale d'un transport de fonds qui prend la poudre d'escampette. Quel contre-pied magnifique à votre quotidien, quelle claque monumentale pour la certitude, l'habitude, l'évidence. Moi qui prenait ce jour l'avion, j'ai adoré. Rentrant sur la Lorraine je me suis pris à espérer, à croire qu'un autre Tony Musulin, commandant de bord de son état, avait déjà tout préparé. Et qu'au lieu d'atterrir à Metz-Nancy-Lorraine, il avait coché sur son carnet de bord Mahé ou Kuala Lumpur. Et qu'il nous emmenait avec lui. Il y a du John Lennon dans votre démarche, quand Imagine se marie avec possible. Grâce à vous on peut de nouveau tout imaginer. Tenez, je suis presque impatient d'être lundi matin et de m'engouffrer dans mon TER. Pont-à-Mousson-Nancy ce n'est pas hyper attractif mais qu'en savez-vous ? peut pas être cheminot Tony Musulin ? et s'il ne s'arrétait pas à Nancy mais nous lançait sur les traces de l'Orient Express ? s'il mettait le cap sur Vintimille pour nous faire marcher ? ou vers Paris sur un pari ? On verra bien. Cela se déroulera ou pas mais vous avez réhabilité le doute, l'incroyable, l'impensable que notre bonne société pensait avoir écarté, annihilé.
Et si je devenais moi-même un Tony Musulin ? demain je prendrais le volant direction le supermarché, et hop je le dépasserais d'un pas goguenard pour aller boire quelques bières avec les copains. Euh, non, vous avez raison, devenir Tony Musulin ne s'improvise pas il vaut mieux bien préparer son coup. Qu'importe si ce n'est moi, c'est peut être mon voisin le futur Tony Musulin ? Alors la vie change radicalement : c'est le policier Musulin qui vous demande... si vous allez bien, le gardien de prison Musulin qui organise des portes ouvertes, le banquier Musulin qui est prêt à tout, le politicien Musulin qui assure une rupture ou l'huissier Musulin qui délivre des chèques cadeaux. Ou se cache le prochain Tony Musulin ? peut-être comme l'original, à l'étranger ? et un jour viendra un sportif américain Musulin avouera ne pas s'être dopé, un dirigeant chinois Musulin lira la déclaration des Droits de l'Homme, un Musulin palestinien et un Musulin israélien quitteront eux-aussi leur parcours habituel pour se retrouver.
Le convoyeur des lilas est passé par là. A l'heure de célébrer la chute du mur de Berlin, une chute autant physique que psychologique, vous avez illustré à merveille ce temps rare et précieux où les frontières s'effondrent, les repères s'estompent et la raison n'a pas que des amis...
"Parfois je rêve, je divague, je vois des vagues Et dans la brume au bout du quai Je vois un bateau qui vient me chercher "