jeudi 30 avril 2009

Les classiques (de circonstance) - Joachim du Bellay célèbre Ulysse, nous aussi

Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la Toison
Et puis s'en est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrais-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeuls, Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le Mont-Palatin
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

JdB

et bien Joachim, nous aussi accueillons depuis le 10 avril un petit Ulysse, alors c'est la fête !

mardi 7 avril 2009

L'UMP-F pour vous servir Mister President

C'est finalement la disposition la plus visible et la plus vite mise en place face à la crise. La relance se matérialise donc d'abord par le souci premier de relancer un Président en manque de popularité. Comment ? en créant une force spéciale prête à tout pour entourer son mentor, une section dédiée à l'évènementiel qui prend de plus en plus d'importance jusqu'à se doter récemment d'une stature internationale. Voici venu le temps des UMP-F, pas vraiment un conglomérat de l'UMP et de l'UDF non, simplement l'Union pour un Mouvement Populaire des Figurants. Une nouvelle entité qui a pris petit à petit sa place et que nous avions déjà remarqué lors du dernier salon de l'agriculture. Afin d'éviter un remake du célèbre "cassetoipovcon" de 2008 où un citoyen français avait refusé de serrer la main de notre Président, cette fois seuls les militants dument identifiés avaient le droit d'approcher et d'acclamer le plus fortement possible leur favori. Quelques sorties présidentielles cahotiques plus tard, l'idée faisait son chemin que ce serait tout de même plus simple que Nicolas ne rencontre que des Pimprenelle, des gens qui le soutiennent quoi, et c'est ainsi que dans cette belle bourgade de Saint Quentin, L'UMP-F remit le couvert lors d'un déplacement destiné à "faire de l'explication et de la pédagogie, sur fond de crise et avant le sommet du G20". Rendez-vous au Palais des sports donc pour 4000 supporters triés sur le volet tandis que la ville était paralysée par un bon millier de policiers...
Un déplacement que l'opposition a chiffré à quelques 400 000 euros puisque l'ensemble est orchestré par l'Elysée. L'occasion de faire de belles images bien revigorantes d'un leader des français soutenus, applaudis, encensés en oubliant au passage de trop s'appesantir sur l'identité et le penchant naturel des spectateurs... une ficelle un peu grosse peut être mais il faut croire que les grands communicants sont en mal d'inspiration et que, dans le même temps, le Président apprécie. C'est peut être ça le plus génant dans cette histoire : personne n'est dupe mais lui, ça lui plait. Parce que finalement la popularité n'est certainement pas son ambition, peut être même que rallier une majorité ne l'intéresse déjà plus. Tout juste veut-il gouverner avec les siens pour les siens. Une tendance lourde que l'on retrouve dans son souci de nommer des personnes de son staff dans l'audiovisuel public comme dans les banques regroupées, sa propension à appeler en direct les rédactions trop critiques ou maladroites envers sa personne, le cercle fermé de ses intimes conseillers que ne vient pas troubler l'ouverture politique de façade.
Aboutissement le week end dernier à Strasbourg pour les joyeux lurons de l'UMP-F, leur reconnaissance internationale est avérée après qu'ils aient obtenu l'exclusivité de l'accueil du Président américain. Ils étaient 500 privilégiés à pouvoir braver les barrages, contrôles, privations imposés aux strasbourgeois non membre de l'UMP-F.
A ce rythme-là, cette petite entreprise pourrait connaître la croissance, si même pour circuler en centre-ville il vaut mieux être adhérent...
En même temps, cela ne manquera pas de donner des idées à d'autres à commencer par les partis d'opposition même si Martine Aubry n'a pas su s'organiser aussi habilement lors de son dernier Zenith...
Et à bien d'autres encore.
On ne saurait ainsi trop recommander aux banquiers si impopulaires de se doter de clients-figurants les acclamant à leur arrivée et leur baisant les pieds à l'obtention de leur prêt.
Idem pour les chefs de grands groupes en restructuration, rien ne vaudra une bonne rencontre avec des syndicats-figurants avant de discourir sur la fermeture annoncée devant des ouvriers-figurants conquis.
Les traders pourraient aussi investir sur des marchés-fugurants, ah ben non, ils le font déjà...
C'est peut être une force insoupçonnable qui va se lever dans notre pays, des citoyens-figurants par millions s'engageant à figurer, une nouvelle forme de contrat aidé, le contrat figuré. Pour créer un monde nouveau, aseptisé, toujours positif, sans critique ni remise en cause. Un eurodysney (n'y a t'il pas lancé sa stratégie en officialisant sa future épouse figurante à souhait ?) hexagonal qui n'achèverait jamais sa grande parade dans laquelle Saint-Nicolas trônerait en toute modestie.
Etre figurant va devenir un vrai métier bien en phase avec la médiatisation extrême de notre société, à chacun ses quelques minutes de célébrité à embrasser Barrack, à soutenir Borloo, à sourire à Novelli. Ben oui, tout le monde ne peut quand même pas être logé à la même enseigne non plus. Ce n'est pas parce que le monde sera figurant qu'il sera égalitaire. Mais si vous n'êtes pas content de votre sort vous pourrez toujours recruter des figurants qui vous embelliront la vie, c'est un nouveau mouvement perpétuel ! avec un frein : le jour où le Président nous exaspère la tentation sera forte de lui préférer un figurant...

samedi 4 avril 2009

Le G2, nouvel ordre mondial ?

Difficile d'échapper aux grandes messes internationales qui du G20 à l'Otan donnent du travail à Gala et Paris Match pour un bon mois. La politique-spectacle à l'échelon mondial c'est forcément d'une autre dimension même si le contenu des conférences de presse n'engendrent pas l'enthousiasme démesuré. Pourtant Gordon Brown annonce l'avènement d'un "nouvel ordre mondial", rien que ça. Nicolas Sarkozy renchérissant par un tonitruant "au-delà de ce que nous pouvions imaginer".
J'ai beau disséquer les annonces, je peine à matérialiser ce changement :
des sommes colossales, 5000 milliards ! vont être injectées mais on ne sait d'où cet argent proviendra ni dans quelles circonstances il sera mis à disposition. Pire il sera géré par le FMI et la Banque Mondiale, deux organismes qui ont pour le moins peu prouvé leur efficacité ces dernières décennies...
De "nouvelles règles" sur les salaires et les bonus des dirigeants au niveau mondial seront établies, ce qui est sûrement trés bien mais néglige le fait que ces excés n'étaient que les conséquences d'un système bancaire malade, pas la cause.
Une liste des paradis fiscaux, eux-aussi devenus subitement indésirables, est bruyamment diffusée avec de notables distingo : il y a une liste noire des gros méchants. Surprise, on découvre des pays insoupçonnés, Malaisie, Costa Rica et les Philippines... Pour l'Uruguay c'était une fausse sanction qui ne durera, la grâce des négociations, qu'une journée. Puis il y a une liste grise où nos voisins ne sont pas épargnés sans que l'on sache bien, vu l'importance des capitaux ou des frontaliers qui transitent... le risque encouru. Et puis il manque quelques poids lourds comme... la city de Londres, les îles anglo-normandes, Taiwan ou Macao... l'illustration que ce nouvel ordre mondial fait la part belle aux pays anglo-saxons et à la Chine sans offusquer la vieille Europe. Il faudra m'expliquer ce que cela a de nouveau. Ah oui, deux pays africains font de la figuration tandis que leurs homologues forment le Jaifaim, eux trônent au G20, question de style...
Il y a bien sûr un progrès à cet élargissement de 7 à 20 même si on peut se demander si cette extension ne résulte pas du politiquement correct, de l'affichage de convenances ou, pire, d'une situation économique telle que l'heure au rassemblement d'urgence s'impose.
A ce concert d'auto-satisfaction, les bourses ont, sur le coup, apporté leur soutien en repartant à la hausse. Mais est-ce un signe encourageant que le système accusé d'avoir fomenté la crise soit rassénéré par les mesures des puissants de ce monde ? L'économie réelle continue, elle, sa chute vertigineuse en témoigne le chiffre hallucinant des pertes d'emplois aux Etats-Unis en mars : - 663 000 emplois ! Barack Obama, guest star des évènements a occupé le terrain de sa décontraction et de son souci du dialogue. Doit on y voir l'avènement d'un nouveau modèle américain moins imposant, arrogant et donneur de leçon ? ce serait la moindre des choses puisque des USA est venue la crise. Et puis faire un nouvel ordre mondial en omettant de toucher au sacro-saint dollar cela mérite bien quelques concessions, non ?
Mais finalement le plus inquiétant de toutes ces gesticulations n'est-il pas l'extrême discrétion de la Chine ? La plus grande réserve de devises étrangères du monde (1000 milliards de dollars), le premier créancier des Etats-Unis s'est montré bien réservé laissant les sunlights et caméras à d'autres et se contentant d'influer en sous main. De plus en plus présente au sein d'un FMI renforcé, doté d'une arme de guerre économique le China Investment Corporation, elle ne devrait pas manquer de le mettre en oeuvre, seule ou avec les Usa, ce nouvel ordre mondial. Ces deux pays sont désormais tellement financièrement liés que c'est plus sûrement ce G2 qui va gouverner la planète !