lundi 17 novembre 2008

Assemblée Nationale - Le silence des agneaux

En se donnant la mort, un député mosellan provoque compassion et recueillement de la classe politique toute effarée de l'acte désespéré d'un vaincu des dernières municipales.

L'homme de pouvoir et d'action atteint d'impuissance se réfugie dans la solitude, le doute puis le désespoir jusqu'au suicide. Raccourci mythique qui entretient la flamme de nos élites et leurs légendes. Les voilà donc de ce pas à lui répondre hommage par une minute de silence ouvrant les travaux de l'Assemblée. Alors qu'il faut parfois des années à ce qu'une loi soit justement modifiée, quelques minutes et bribes d'informations auront suffit à justifier les honneurs de la République pour ce député tragiquement disparu.
Une réaction collective solidaire certes et partant plutôt d'un bon sentiment mais qui laisse tout de même un goût amer. A commencer par ses deux enfants.
Au déchaînement policier et médiatique un tantinet tragi-comique des dangereux terroristes de l'épicerie de l'ultra-gauche pour quelques parpaings éparpillés, la reconnaissance de la Nation au serviteur élu frappé par le pire ennemi du système démocratique : la défaite électorale et son cortège de mauvaises nouvelles et de sombres perspectives. La perte du pouvoir serait donc une explication plausible nous dit-on aux actes incontrôlés d'un homme jadis public. Ce pouvoir doit donc être bigrement disproportionné et vraiment mal adapté pour générer de tels comportements. Plutôt que de l'admettre dans la tristesse voire la fatalité mieux vaudrait s'en inquiéter vraiment et revoir à la baisse les prétentions d'un vainqueur qui, un fois au pouvoir de toute collectivité, se sent investi d'une destinée presque divine. A tel point que le retour au rang de simple citoyen n'en apparait plus acceptable. Cette théorie bien vite diffusée, ils ne doivent pas bien la comprendre les deux enfants. Non, pas les deux enfants du député, ceux de la femme qu'il a tué après l'avoir battu. Car c'est cet homme là dont on a honoré la mémoire à l'Assemblée Nationale de la République Française ce jour. Un homme marié de 65 ans qui se rendait en toute vraisemblance au domicile de sa maîtresse de plus de 20 ans sa cadette et qui, n'acceptant pas la rupture annoncée, a distribué coups et balles dans la tête. Avant d'en finir avec lui-même.
Forcément vu comme cela, on cherche la grandeur et l'exemplarité qui justifièrent la réaction de la Chambre basse. A moins qu'il ne faille simplement interpréter cette minute de silence que comme un témoignage vibrant de corporatisme d'une caste apeurée de vivre un jour la même déchéance, voire intégrant des dommages collatéraux sur l'autel de la gloire politique.
Sexe, morale et politique font rarement bon ménage même si en France une étrange tradition désintéresse les journalistes de ces aspects. On en a vu récemment les résultats au FMI où un ancien gauchiste caviardeux a été pris la main sur la braguette, alors que des années d'actes similaires dans l'hexagone étaient soigneusement et discrètement ignorées...
Pour Michel Campiche, "Le silence est le dernier refuge de la liberté", mais quand il s'agit d'agneaux, faut voir....

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli billet. Je suis également choqué que personne ne parle de cette pauvre femme qui a été massacrée par Demange. Tout le monde n'en a que pour lui.
S'il n'avait pas été député, la presse aurait parlé de l'acte désespéré d'un déséquilibré... mais là...

jolb56 a dit…

Je n'arrivais pas à le croire ..... j'ai cherché et c'est sur le site de l'AN que j'ai découvert le pot au roses ..... obscène et consternant !
Martine Billard, députée Verte a élevé une protestation solennelle auprès du Président du Parlement. Merci de ce billet !

ytty54 a dit…

vu que un déséquilibré tuant à Grenoble fait réagir notre président réformateur, quid d'une réforme des députés fous ?