jeudi 24 janvier 2008

Le créateur, Gérard Depardieu et la télévision de masse

« La télévision a-t-elle changé le cinéma ? », a t'on demandé à l’acteur français qui répond :
« Par son financement oui! Les chaînes produisent et, comme c’est leur argent, il faut que ça soit plat. Il n’y a plus de créateurs. Et regardez la télé! Cet abruti de Nikos (NDLR : Aliagas)... Les mecs chantent tous pareil, il n’y a plus aucune invention. C’est nul à chier! » … « Plus il y a d’audience, plus c’est con! Selon les chaînes, c’est ce que veut la masse. Et couper la pub aux chaines publiques françaises, c’est déjà prévoir leur vente à son copain Bolloré ».
Notons que l'Obelix du cinéma français n'a pas sa langue dans sa poche et profite de son intervention pour écorcher la vénérée star académy et dénoncer tout de même un peu les connivences du pouvoir. Il faut s'appeler Depardieu cependant aujourd'hui pour faire entendre ce genre de propos ; nous lui en sommes reconnaissants donc de véhiculer une autre opinion que celle, uniforme, des troupeaux de béni-oui oui à carte de presse...
Moi qui m'intéressait aux écrans plats, je m'aperçois que c'est la programmation elle-même qui peut être plate ce qui doit assurément renforcer la qualité de l'image...
Le propos le plus saisissant me parait être relatif à la création : "Il n’y a plus de créateurs."
C'est vrai de notre petit écran qui se complait en séries marketées, récurrentes de saison en saison, testées pour répondre exactement au besoin, mais surtout pas conçues pour surprendre, trop dangereux. Des chaînes qui srutent désespéremment l'étranger pour y trouver les concepts nouveaux qu'ils revendront ensuite à prix d'or à la mode française. Des émissions de commémorations, de rediffusions de ce qui s'est passé mais incapable de se tourner et d'envisager l'avenir.
Au-delà, c'est toute une société que l'on imprègne de modèles référents, de comportements, de modes de consommation médians et répétés à l'infini. La place du créateur est au pire celle du gentil fou au mieux celle du couturier branché.
En dehors guère de salut.
Appliqué à l'économie, il n'est pas si étonnant d'un point de vue pratique que la France peine en matière de dépôt de brevets même s'il y a du mieux. Les dépôts de demandes ont eu principalement pour origine les États-Unis d’Amérique, le Japon, l’Allemagne et la République de Corée (le nombre de dépôts de brevets par les entreprises connaît cependant en France une croissance continue depuis 10 ans, jusqu'à atteindre 3,5% en 2007).
La France ne figure toujours pas dans le peloton de tête, même en Europe et seules 33% des entreprises nationales ont des activités innovantes (65% en Allemagne). C'est surtout la propriété intellectuelle et les efforts des entreprises en matière d'innovation qui posent problème.
Sur le plan culturel, la création française n'a plus le rayonnement de jadis, c'est une évidence dans le cinéma et la musique, dans les arts en général. A l'échelle mondiale, nous ne représentons plus, non plus, grand chose.
Sur le plan sportif qui d'un point de vue professionnel est étroitement lié à l'économie, nous peinons logiquement dans la compétition mondiale à quelques exceptions près comme aujourd'hui Tsonga, pur produit de la fédération française de tennis (et non co-produit par un team mousquetaire).
L'esprit surtout de la création est absent. Pour se propager, il lui faut de l'air, de la tolérance, de l'initiative, du temps. Pas facile à trouver dans notre quotidien.
Ce n'est pas la politique qui montre l'exemple, les vieilles idéologies se partagent le pouvoir parfois au nom de la nouveauté ou de l'ouverture. La désolante commission Attali devenue
base de notre devenir n'échappe pas à la règle.
A Jean-Pierre Raffarin le mot de la fin, «J'attendais de la créativité des idées nouvelles», a-t-il confié. Au lieu de cela, on ressort, «des vieilles lunes : la suppression des départements, la TVA sociale, toute cette forme de tendresse des grandes surfaces". Ce à quoi Attali a répondu : "Tout le monde sait bien que Jean-Pierre Raffarin est le symbole du conservatisme de ce pays et que la gestion de la France lorsqu'il était Premier ministre a été un désastre".
Puisqu'on vous dit que rien ne change ...

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