mercredi 18 juin 2008

Un pouvoir sans peur et sans complexe

Alain disait que "Tout pouvoir sans contrôle rend fou", c'est sûrement vrai même si une étape intermédiaire consiste pour celui qui domine à abuser de sa domination. Quelques exemples de notre actualité montrent qu'en Italie comme en France, la tendance est certaine...
A tout seigneur tout honneur, Sylvio Berlusconi vient de s'illustrer superbement en faisant voter par sa majorité un amendement suspendant pas moins de... 100 000 procès. Tout part d'un beau sentiment, remettre la justice sur les rails en reportant d'un an tous les procès concernant des faits perpétrés avant le 30 juin 2002 afin de privilégier les affaires plus récentes, dont les peines encourues sont supérieures à 10 ans ou qui sont liées à la mafia.
Sacrée mesure qui, au passage, conduit à la suspension du procès du Président du conseil italien lui-même...
Adieu corruption et faux témoignages au profit d'une justice plus efficace, quel argument !
Les dictatures sud américaines comme les Etats de l'autre côté du rideau de fer nous avaient habitué à de tels agissements. Mais aujourd'hui ce sont les démocraties qui se distinguent, désarticulées autour de leur quatre pouvoir :
- un exécutif tout puissant
- un législatif soumis au premier
- un judiciaire qu'il faut mettre au pas
- un médiatique qu'il faut posséder
Berlusconi a su consciencieusement conquérir une à une ces quatre étapes et a fait des envieux puis des émules dans notre fière République.
Avec la prise de pouvoir de Jean Sarkozy au Conseil général des Hauts de Seine, on mesure la servilité des élus de la Majorité à favoriser jusqu'au fiston.
Avec les réformes à l'emporte pièce de Rachida Dati, c'est toute la carte judiciaire qui a été redessinée copie conforme des amitiés politiques...
Avec l'arrivée imposée de Laurence Ferrari, ex égérie présidentielle, au journal télévisé le plus vu, et après bien d'autres nominations, l'Elysée a saisi d'une main ferme les médias.
Ainsi vont nos démocraties dans une ambiance feutrée un brin désabusée. Les syndicats ne mobilisent pas et la contestation ne prend pas de forme collective. C'est peut être pire car la colère est sourde, profonde et individuelle. Ces libertés prises avec les valeurs essentielles de liberté, d'égalité et de fraternité n'augurent rien de bon tant elles décrédibilisent l'action collective et, au-delà, toute engagement collectif.
Là est peut être le but ultime du libéralisme, désosser tout ce qui fait du lien social, deshumaniser la société pour ne plus valoriser que l'individu, c'est à dire celui qui gagne.
En attendant, ces individus qui nous gouvernent gagnent petitement. Et oui tout cela manque de grandeur Monsieur le Président.
Dernier exemple ce soir, l'annonce programmée du départ du mythique 13° RDP, régiment d'élite basée à Dieuze en Meurthe-et-Moselle. Economie, économie nous dit on tout drapé de blanc. C'est donc pour cela que les dragons s'en iront à Bayonne, Bayonne, le fief politique de Michelle Alliot-Marie, ex ministre de la défense. Dingue.

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