mercredi 12 septembre 2007

Automobile - fer de lance ou semelle de plomb ?


L'industrie automobile semble bien continuer à faire la pluie et le beau temps de notre économie et ce n'est guère rassurant. Au ralenti l'an passé, les constructeurs français auraient plombé notre croissance. Ragaillardis depuis quelques mois, ils participeraient à la relance, jusqu'à quand ?
La palme de l'ambiguité revient à PSA dont l'annonce de son plan de compétitivité est un modèle du genre. L'axe de communication est prometteur : vendre 4 millions de véhicules d'ici 2010, tripler sa marge et retrouver une place de choix face à la concurrence. Comment contester de si nobles objectifs ? le problème c'est la méthode puisqu'elle consiste tout simplement à ... réduire les coûts ! il fallait y penser ! résultat, les nombreux sous-traitants français peuvent trembler eux qui sont déjà souvent exangues. Quant aux salariès, c'est encore plus simple, 7 à 8000 d'entre eux en Europe de l'Ouest seront invités à quitter l'entreprise. C'est dire le coût économique à venir pour notre beau pays. Peugeot triplera ses marges mais à quel prix ?
Le prix c'est un des axes forts de stratégies de nos groupes, sans garanties. Si Peugeot envisage de vendre des véhicules d'entrée de gamme dans les pays émergents, on sait que Renault a choisi une voie plus radicale via le véhicule Low cost. Une nouvelle étape vient d'être franchie par la marque au losange avec la réalisation d'un véhicule low cost entièrement fabriqué au... Brésil, la Sandero. C'est déjà la première fois qu'une voiture dite française ne verra jamais Paris, mais si elle était "réservée" à des marchés fermés on pourrait peut être comprendre. Mais tout indique qu'elle sera bientôt proposée aux consommateurs européens, un consommateur européen dont on dit qu'il tend à se paupériser et qui possédera rarement plus de deux véhicules. De là à envisager un marché automobile plein de petites voitures pas fabriquées sur le sol national...
Car finalement cette industrie automobile est venue à point nommée remplacer les grands pans industriels liés à l'extrraction et l'exploitation de matières premières. Une aubaine alors pour recaser la main d'oeuvre et sauvegarder des régions dévastées. Petit à petit ces grands groupes qui, au départ, intégraient toute la chaîne de production se sont séparées des branches les moins rentables et ont ainsi créé une économie paralléle de sous-traitance capable de beaucoup de flexibilité, de baisse des coûts et même d'absorption des personnels des constructeurs. Tout pouvait encore à peu prés fonctionner tant qu'une concurrence asiatique n'apparaisse et que ne venait pas à ces fleurons de notre économie l'idée de passer les frontières pour aller voir une main d'oeuvre meilleure marché...
Car aujourd'hui que peut on faire pour enrayer ce déclin inexorable ? et par quoi le remplacer ? une autre undiustrie de masse ? laquelle ? des services à la personne ? impensables.
Deplus, là où les constructeurs allemands jouent la fiabilité, la puissance, la montée en gamme, le luxe, bref la continuité de ce qui a fait leur force et leur renommée, les français jouent la rupture, les petits prix, l'utilitaire en même temps que le famillial voire le sportif. Mais ils ne peuvent prétendre à l'innovation et à l'environnement, pris par les asiatiques qui ne lésinent pas sur les moyens pour pénétrer les marchés comme en témoigne la société chinoise CMEC qui présentait ni plus ni moins qu'un copier-coller de la Smart.
Bien sûr Renault lance également sa nouvelle Laguna en attendant son, tardif, 4x4. Mais pas sûr que le consommateur européen s'y retrouve voire même que le patriotisme économique proné il n'y a pas si longtemps ait encore une signification. Alors gare au déferlement d'autres marques positionnées sur d'autres critères, d'autres valeurs.
Car si à toutes ces fumeuses stratégies on ajoute de mercantiles positions comme celle-ci "Les patrons de groupes automobiles européens ont décidé de s'unir pour combattre le projet de l'Union européenne de réduire les émissions de CO2 d'ici à 2012, a déclaré le patron de Porsche au Handelsblatt de lundi, à trois jours de l'ouverture du salon auto de Francfort" ça commence à faire beaucoup de raison de se détourner de ces marques omnipotentes. Notez que Porsche a raison de s'émouvoir puisqu'une récente étude scientifique suisse le classe constructeur européen le plus polluant.
Et pendant ce temps là, à Tokyo, 7 constructeurs de diesel (Toyota, Nissan, Nissan Diesel, Hino, Mitsubishi, Isuzu et Mazda) se lançaient dans une inédite indemnisation de victimes de pollution pour plus de 7 millions d'euros !
L'automne est une mutation, l'hiver une lutte, le printemps un épanouissement dit l'adage, ça promet pour cet hiver !

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