mercredi 16 juillet 2008

Attentat - le drakkar coulé une seconde fois

Le 23 octobre 1983 est un drôle d'anniversaire, celui de mes quinze ans n'a guère d'importance, non, ce matin là, au sein d'un bâtiment de huit étages à Beyrouth, les militaires français battant le pavillon bleu de la force multinationale d'interposition se mettent en ordre de marche.

Mais à 6h24 du matin, 58 parachutistes du
premier et du neuvième régiments des chasseurs parachutistes tombent à jamais, victimes d'un attentat au camion piégé ou au bâtiment piégé.
Depuis lors, la main de la Syrie et de ses services secrets planait sur cet acte odieux, le Président Mitterrand pensant à l'époque fermement que "
rien ne se fait au Liban sans que la Syrie ne soit informée". Il s'était du reste rendu dès le lendemain sur place avant, plus tard, d'honorer les 58 cercueils recouverts du drapeau tricolore dans la cour des Invalides pour un hommage national. Le chef de l’Etat décora à titre posthume ces paras non seulement morts pour la France mais aussi pour la paix.
Le lieutenant Antoine de la Bâtie était un de ces militaires tués au Liban. Issu de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA), il est mort à 28 ans, enseveli vivant, agonisant pendant des heures sans cesser de parler et rassurer ses hommes.
En hommage, le lieutenant de la Bâtie a été désigné parrain de la 46eme promotion de cette école, qui porte désormais son nom et veille à son souvenir.

Triste ironie de l'histoire, ils étaient invités à défiler sur les Champs Elysées en ce 14 juillet, tenus d'honorer la présence des invités présidentiels dont le président syrien probable commanditaire... sans compter que le défilé des «troupes à pied» était inauguré par deux contingents de Casques bleus. Le premier, formé de 145 soldats appartenant à 25 nations différentes, et le second, composé de soldats français de... la Finul, de retour du Liban.
L'association internationale des soldats de la Paix a demandé à pouvoir manifester contre cette offense mais la Préfecture de Paris, beau symbole d'allégeance au pouvoir en plein 14 juillet, a purement et simplement interdit la manifestation.
D'ailleurs il n'y avait pas matière à manifester puisque une "
source proche de la Présidence" nous explique pile poil ce week-end tous les médias bien pensant français que c'est une "erreur historique" d'accuser la Syrie. "Le Drakkar, c'est l'Iran et le Hezbollah. Demandez à tous ceux qui s'intéressent à cette question, ils vous feront la même réponse". L'AFP, Reuters et compagnie ont ainsi diffusé cette affirmation fantaisiste sans autre forme de procès encore moins d'éthique ni de preuves. Le Monde nous explique ainsi ce qu'a"indiqué cette source anonyme à plusieurs organes de presse". Inquiétante nouvelle qu'une source anonyme mais identifiée comme proche de la présidence quand même (il devait être habillé en bleu-blanc-rouge ?) puisse avoir autant de pouvoir de persuasion...
Il suffisait d'y penser, la realpolitik engendre la vitual story, une histoire virtuelle que l'on refait à sa façon pour justifier ses petits arrangements du moment.
Ecoeurant.

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