mercredi 28 novembre 2007

Pensées - Attali ou le triomphe de l'égo durable


Jacques Attali est partout, parle beaucoup, sur tout. A croire qu'il s'identifie à certains hommes politiques à succès, lui qui de son propre aveu "vit une seconde jeunesse".
Entre nième ouvrage paru, présidence d'une commission qui, suprême honneur, porte son nom, développement de son concept humble de Planet finance, il n'arrête pas.

Ancien haut fonctionnaire, économiste, écrivain puis homme d'affaires il est parfois comparé à un Pic de la Mirandole" moderne. Faut dire que le cursus du Monsieur plaide en sa faveur : polytechnique, école des Mines de Paris, Science Po Paris, ENA... il peut entrer au Conseil d'Etat à ... 27 ans !
Homme de l'ombre de Mitterrand, il construisit sa légende sur les notes quotidiennes qu'il rédigeait à l'ancien Président. Avant de prendre son envol. Irresistible besoin d'ascension, de reconnaissance, de consécration ?
Son retour sur la scène politique, après des passages parfois scabreux par les affaires, dans le camps d'en face qui plus est, ne peut qu'alimenter un sentiment malsain : le besoin irrépressible de lumière, le souci de laisser quelque chose dans l'histoire, que l'on parle de lui n'aveuglent t'ils pas cet esprit brillant fasciné par son égo ?
Jacques Attali est un homme de principe, sûrement, d'ailleurs il n'évoque pas sa vie privée mais ajoute volontiers qu'il est sorti « avec plusieurs femmes célèbres et que cela ne s'est jamais su »...
Tout Attali en somme. Le sherpa de 1981 s'est mué en ultralibéral éclairé qui veut libérer la croissance d'aujourd'hui tout en prévoyant l'avenir du monde de demain.
Celui qui fit rentrer à l'Elysée les époux Hollande vénère aujourd'hui Nicolas Sarkozy.
Trop heureux de s'être vu donner une seconde chance par un Président de la République coutumier du fait de réveiller les égos endormis, il est prêt à tout justifier.
Le voilà qui vole même au secours de Rachida Dati et de sa réforme de la Justice pour mieux stigmatiser les "prétendues" élites locales, ces "notables de quelques villes" qui osent s'opposer. Et de les rendre responsables des fermetures de tribunaux par leur incapacité à "éviter le déclin de leur ville". A mieux lire Attali, on comprend que ces prétendues élites sont les "élus, avocats et fonctionnaires".
Vu son cursus et son parcours professionnel c'est un jugement tout de même particulier car n'en représente t'il pas la quintessence, lui, de cette technocratie ? N'y a t'il donc pas de responsabilité de l'Etat dans les cataclysmes économiques que certaines régions ont pu connaître ? Faut il donc rendre seuls responsables de la fin de la sidérurgie en lorraine les élus locaux par exemple ? facile monsieur le conseiller.
Un conseiller qui explique que malgré cela, ces élites resteront en place car le peuple ne vaut pas mieux et donc ne les sanctionnera pas. Pourquoi nous ne valons pas mieux ? parce que nous avons "le sentiment que tout est dû" alors nous laissons filer les dépenses publiques en toute conscience...
Mais pas lui bien entendu, notre grand penseur est au-dessus de cela bien sûr, lui sait gérer c'est sûr. Pourquoi ne le laisse t'on pas faire d'ailleurs ? Ah oui, peut-être que parce qu'en tant que président de la Banque Européenne pour la Reconstruction Européenne il a laissé un sacré souvenir et une telle ardoise ! Les anglais en rient encore de ses dépenses fastueuses !
C'est vrai qu'il peut donner des leçons aux élites politiques lui qui n'a jamais affronté le suffrage universel.
C'est vrai qu'il peut imposer une morale lui qui a fondé une association à but non lucratif, Planet finance, ça jete non ? Bon d'accord le scandale de l'Angolagate l'a un tantinet éclaboussé mais moyennant une modeste caution d'un million de francs, le Grand Jacques n'a pas connu la prison, 20 ans après 1981. Recel d'abus de biens sociaux et trafic d'influence... Cela fait quand même tâche pour celui qui a, à plusieurs reprises, connut aussi la honte de l'écrivain dont on doute : plagiat, affirmation sans preuves, déformations de propos ont émaillé certains de ses ouvrages comme le fameux Verbatim. Mitterrand disait joliment de lui qu'il a "le guillemet facile" mais qu'« il est peut-être devenu plus soucieux du nombre de ses lecteurs que de vérité historique ». Tout Attali ça, soif de gloire...
Soif de gloire rime avec soif d'argent, souvent... alors en 2004, il replonge pour financement occulte de la municipalité de ... Saint Petersbourg. Accusé d'avoir perçu sans contrepartie deux millions de dollards il sera inquiété par la justice... russe.
C'est vrai qu'en manipulant tout cet argent c'est plus facile de dénoncer ces petites gens qui "défendent leurs avantages". Celui qui se fit l'apôtre de la fraternité prend ses distances avec le monde d'ici-bas.
Jacques Attali lui se donne un autre destin, supérieur forcément. Plus noble évidemment. Plus intelligent sûrement.
Théorique, assurément. Moins intéressé, faut pas pousser !!! Car finalement cette intelligence exceptionnelle n'aura jamais rien mis en application sans oublier de s'enrichir.
Un peu l'inverse de ces élites locales finalement qu'il dénonce...

Henri Bergson disait, Monsieur Attali, "La seule cure contre la vanité, c'est le rire, et la seule faute qui soit risible, c'est la vanité"...

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