mercredi 14 mai 2008

Berlusconi - Eco d'Italie sur le populisme médiatique

Profitant de ce début de mois primesautier, me voilà errant au soleil muni d'un petit livre blanc. L'heureux élu n'est autre qu'Umberto Eco, célébrissime auteur d'"Au nom de la Rose" et chroniqueur à "La Reppublica".
Ecrire pour La Repubblica est de fait plutôt incongru si l'on veut bien considérer qu'il s'agit d'un des rares médias italiens qui ne soit aux mains du sieur Berlusconi.
L'ouvrage est du reste une compilation de ses écrits durant la période chargée de 2000-2005 qui va d'Afghanistan aux tours jumelles en passant par l'Irak mais aussi l'Italie.
Sur ce dernier sujet, je vous livre ici quelques extraits qui ont peut être été déjà lus par un petit français agité ou l'un de ses nombreux conseillers...
Sur la méthode berlusconnienne "Ce moyen consiste à faire des promesses, qui peuvent sembler bonnes, mauvaises ou neutres à ses partisans, mais qui doivent apparaître comme une provocation aux yeux des autres. Et il lui faut produire une provocation par jour, la plus inconcevable et inacceptable possible. Il peut ainsi occuper les premières pages des quotidiens, faire l'ouverture des journaux télévisés, et être toujours au centre de l'attention. "
Une variante : "Autre élément de cette stratégie : pour créer des provocations à la chaîne, il ne faut pas que ce soit toujours toi qui parles. Tu dois laisser la voie libre à tes collaborateurs. Inutile de leur donner des ordres, si tu les a bien choisis, ils s'y mettront tout seuls, ne serait-ce que pour égaler leur chef."
A propos du contrôle des médias : "Dans un régime médiatique ou disons 10 pour cent de la population a accès à la presse d'opposition, alors que le reste reçoit les informations d'une télévision contrôlée, on est persuadé que les divergences sont acceptées."
"Un régime médiatique n'a pas besoin d'envoyer ses adversaires en prison. Il ne les réduit pas au silence en les censurant, mais en faisant entendre leurs raisons en premier."
Sur le peuple : "En appeler au peuple, en revanche, signifie construire une fiction : le peuple en tant que tel n'existant pas, le populiste est celui qui se crée une image virtuelle de la volonté populaire."
"On peut aussi créer l'image du consensus populaire en se servant de sondages, ou en évoquant simplement le fantasme d'un "peuple"."

Umberto Eco - A reculons, comme une écrevisseon pourrait ajouter comme citation : "Une bonne danseuse étoile est toujours sur les pointes"

1 commentaire:

sittelle a dit…

Bonjour Monsieur,
je me permets de copier/ citer votre article avec toutes les références et le lien bien sûr, dans mon blog, pour le 28 avril prochain, si vous le permettez... ce n'est qu'un petit blog perso, visité par des amis et non politique ni polémique ni... rien de méchant ! si vous n'êtes pas d'accord, je refais le texte. Merci à vous, bien cordialement