mercredi 20 août 2008

Afghanistan - drame à la vitesse de l'éclair

10 soldats tués en Afghanistan dans des circonstances troublantes, c'est une hypothèse que nous avions ici déjà évoqué récemment. En attendant de pouvoir connaître exactement ce qui s'est passé, d'éventuels tirs amis meurtriers et/ou un retard conséquent des renforts et/ou l'absence d'appui aérien opportun des forces de l'Otan, je ne vais pas trop épiloguer.


Juste qu'après l'incident de Carcassonne où des civils furent blessés par erreur à balle réelle, il est bon de rappeler que le militaire français est engagé un peu partout dans le monde avec son cortège de risques et de drames. Tous les militaires français, y compris de Guyane ou des antilles.
Les leçons données par les politiques alors sur le manque de professionnalisme tombent un peu aux oubliettes et c'est tant mieux. D'autant que je suis loin d'être persuadé que l'armée française a aujourd'hui les moyens des ambitions politiques de notre Président. Moyens financiers mais aussi moyens de s'adapter à des discours changeants : assurer le maintien de l'ordre, sécuriser une zone à pied et être en guerre sont des choses bien différentes. Surtout en Afghanistan ou les combattants locaux ont une expérience incomparable des lieux comme du climat, anglais puis russes peuvent en attester...
Car oui, c'est une découverte dans le monde médiatique aseptisé qui nous entoure, là où il y a la guerre, il y a aussi la mort. Autre vérité pas bonne à entendre : la guerre, cela coûte très cher car cela nécessite une énorme logistique et des armements opérationnels. Dernier principe pas encourageant : là où les américains s'engagent, l'enlisement menace.
C'est dire si les orientations stratégiques prises ne sont peut être pas marquées d'une grande clairvoyance.
Le prix finalement à payer de la realpolitik existe donc, certes nous vendons quelques airbus ou TGV, mais nous perdons des hommes sur des théâtres d'opérations incertains où la légitimité et l'intérêt de notre présence se pose. Il n'est en effet pas interdit de penser, et la presse afghane commence à s'en faire l'écho, que les USA ne cherchent pas particulièrement à trouver Ben Laden, mais plutôt à occuper tout simplement ce territoire stratégique...
Au-delà de toutes ces considérations, j'ai été particulièrement choqué par deux petites phrases relatées largement dans nos médias :
A propos de François Fillon "Venu à l'hôpital de Clamart, il a brièvement rencontré quatre des 21 soldats blessés..."
A propos de Nicolas Sarkozy : "Nicolas Sarkozy a effectué une visite-éclair à Kaboul pour rendre hommage, au nom de Français "tristes" et "bouleversés", aux dix soldats tués lundi..."
Alors que ces deux personnages de l'Etat sont en vacances et que ce fait domine l'actualité, l'un ne se rend que brièvement à l'hôpital et n'a même pas la décence de saluer chacun des blessés, l'autre assure un aller-retour éclair à Kaboul là où lui-même le dit, une partie de l'avenir du monde se joue. Visiblement il ne se considère pas dans cette partie !
Doit on comprendre que leur action si limitée dans le temps mais si médiatisée n'avait pas d'autres buts que de les mettre en scène ? à cet égard le discours présidentiel dans l'enceinte militaire française a paru bien calculé, détaché voire inconvenant lorsque Nicolas Sarkozy après avoir affirmé ""Je vous dis en conscience que si c'était à refaire, je le referais", il ajoute esquissant un drôle de sourire, "pas la patrouille et l'enchaînement des événements...".
Un discours truffé de "moi je", lui qui se planque au Cap Negre après s'être déjà planqué ne serait-ce que pour son service militaire, à Paris... cela ne l'empêche pas de se mettre en avant incitant même les soldats actuellement en opération là-bas à .... "relever la tête" comme si ces professionnels aguerris avaient besoin de son avis d'expert !
Même en de telle circonstance, il est bien incapable de s'effacer, de faire preuve d'humilité et de respect, voire, soyons fou, de discrétion...
Bon alors moi je veux bien qu'il y ait un hommage de la Nation, mais si ceux qui nous gouvernent pouvait montrer l'exemple plutôt que de traiter l'évènement comme une vulgaire inauguration de centre commercial, la portée en serait tout autre.
Notons qu'il n'a pas lu aux soldats du 8° RPIMA la lettre de Guy Mocquet, c'est déjà ça !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste parce qu'on aurait pu croire qu'il se Mocquet...

ytty54 a dit…

en même temps lire la lettre de Guy Mocquet en afghan, ça doit être d'un chiant !