samedi 15 décembre 2007

Don Quichotte - entre rêve, idéalisme et absurdité


Alonso Quichano n'en reviendrait pas ! Lui qui prenait volontiers les moulins à vent pour des géants aux mains de malicieux magiciens a fait des émules français : habillés de noirs et de bleu, ces enfants de Don Quichotte nouvelle version utilisent la matraque pour combattre de nouveaux démons déguisés en tentes Décathlon...
Consternant
Alors que la Capitale française a vécu cette semaine au gré des envies et désirs du Guide lybien, ponts coupés, rues barrées, monuments bouclés... elle a gravit ce jour une nouvelle étape dans l'établissement d'une nouvelle forme de couvre-feu. Un couvre-feu réformé, forcément, comme tout ce qui existe en France puisqu'il peut se tenir le jour par exemple. Ou parce qu'il est à géométrie variable : on autorise les déplacements d'un dictateur, on empêche les plus pauvres de se protéger du froid.
Au pied de Notre-Dame, quel symbôle pour une Patrie catholique des Droits de l'Homme qui sort décidemment d'une semaine éloquente avec une sale gueule de bois...
Christine Boutin est outrée qu'une association place des tentes là où elle ne veut pas tandis que le thermomètre devrait passer sous les -5°...
Ministre du Logement et de la Ville, elle est pourtant censée mettre en application le droit opposable au logement. Un principe négocié à la hâte l'année dernière suite au campement médiatique du canal Saint Martin... A quelques mois des présidentielles, s'agissait de se doter d'une posture sociale certes, mais un an plus tard, force est de constater que peu a été fait de ce qui avait été dit...
"La dignité de l’Homme n’est pas dans le regard des autres : elle est. Elle n'est pas relative, elle n’est pas négociable. Elle ne dépend ni de la religion, ni de la couleur de peau, ni de l’état de santé. La dignité de l’Homme est, point." Dixit Christine Boutin, catholique fervente.
On aimerait qu'elle retrouve un peu de dignité pour se rendre elle-même en ces lieux de malheurs plutôt que d'y envoyer charger la brigade légère.
Faut-il en conclure qu'elle se sent investie d'une puissance quasi divine, la suite certainement logique de ses réussites politiques comme en témoigne sa candidature à la présidentielle 2002 ? Mais obtenir 1.15 % des voix prédestine t'il à quoique ce soit ? Ou doit on comprendre que c'est toute une classe politique qui se fout complètement de ces gens, près de 100 000, sans domiciles fixes et donc sans cartes d'électeurs non plus.
Josiane Balasko présente pour soutenir récemment les sans logis de la rue de la Banque déplorait d'ailleurs l'absence des politiques, notamment la gauche. Mais qui dit gauche en France dit caviar alors, le froid, la soupe tout ça...
Et Rama Yade ? Prompte à se faire vraiment ou faussement (?) remarquer face au "cas dafi", elle est là bien silencieuse... "La France est une puissance, elle n'a pas à s'excuser de signer des contrats. C'est la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui vous le dit. Mais la secrétaire des Droits de l'homme est obligée de vous dire que cela doit se faire dans la décence". De la décence tiens, ça ne serait pas justement ce qui manque quand on voit des policiers chargés des associations pacifistes ?
Il y a pourtant une certaine noblesse dans cette action de sensibilisation, un certain sens à mobiliser le plus grand nombre pour les plus démunis.
A quelques jours de Noël, ce pourrait être un joli conte plus conforme à l'esprit de noël que de pousser à toutes les surconsommations. Mais il n'est peut être pas aussi séduisant que de libérer Ingrid Bétancourt, ou peut être tombe t'il justement mal dans le plan de communication gouvernemental ? Borloo en caleçon (et agen ?) à Bali c'est tout de même autre chose !
« Dors, toi qui es né pour dormir... » dit le vieil hidalgo à son écuyer. Une maxime que nos élus politiques voudrait peut être imposer au citoyen ?

En attendant, peut-être faudrait il relire le vrai Don Quichotte, lui finalement ne manquait pas de valeurs et d'une certaine grandeur :
« Chevalier je suis, et chevalier je mourrai, s'il plaît au Très-Haut. Les uns suivent le large chemin de l'orgueilleuse ambition; d'autres celui de l'hypocrisie trompeuse; et quelques-uns enfin, celui de la religion sincère. Quant à moi, poussé par mon étoile, je marche dans l'étroit sentier de la chevalerie errante; méprisant, pour exercer cette profession, la fortune mais non point l'honneur, j'ai vengé des injures, redressé des torts, châtié des insolences, vaincu des géants, affronté des monstres et des fantômes. Je suis amoureux, uniquement parce qu'il est indispensable que les chevaliers errants le soient et l'étant, je ne suis pas des amoureux déréglés, mais des amoureux continents et platoniques. Mes intentions sont toujours dirigées à bonne fin, c'est-à-dire à faire du bien à tous, à ne faire de mal à personne. Si celui qui pense ainsi, qui agit ainsi, qui s'efforce de mettre tout cela en pratique, mérite qu'on l'appelle nigaud, je m'en rapporte à Vos Grandeurs, duc et duchesse. »

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