samedi 12 septembre 2009

Politique - Un hortefeux sans artifices


«Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes».
Cette petite phrase agite l'actualité politique de notre bel hexagone. Elle choque, elle énerve, elle est minimisée et même détournée. Elle concernerait en fait les auvergnats, ce qui en soit déjà interpelle car je rappelle aimablement que la densité de l'Auvergne n'excède pas les 50 habitants au km2, ce qui mon cher Brice ne justifie pas votre charge maladroite.
A moins évidemment que vous ayez une fâcheuse tendance à vous payer la tête du million d'internautes ayant visionné cette délicieuse confession.
Finalement, le plus étonnant dans cette affaire c'est... l'étonnement qu"elle suscite.
Bon déjà j'ai toujours trouvé que Brice Hortefeux avait des faux airs de Carl Lang vieux, alors...
Et puis d'un tout pimpant premier Ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, on ne pouvait pas non plus attendre des déclarations d'amour pour tout ce qui n'est pas blanc et franchouillard.
Parce que voyez-vous, même si ces déclarations me hérissent le poil il a parfaitement le droit de les tenir. Là n'est pas le problème. Mais qu'il les renie, s'embourbe dans des excuses vaseuses, mente c'est vraiment insupportable. Il est pourtant coutumier de propos tendancieux et ne cache pas plus que cela ses préférences. Alors ? pourquoi ne pas les assumer publiquement dés lors qu'elles sont montrées au public par le biais d'images tournées par une télévision publique ?
Et que tous ses petits camarades volent à son secours en multipliant les airs graves et les cris d'orphraies ne grandit pas tout ce petit monde.
Il n'est tout de même pas interdit de rappeler que la majorité présidentielle doit sa victoire aux transferts de voix du Front National, parti régulièrement approché par quelques prouesses lexicales comme le kaercher. En voici une de plus tenue lors des universités d'été de l'UMP ce qui ne va pas accroître l'aura du diplôme...
La droite qui se défend déjà d'être libérale, dit combattre le capitalisme financier dénonce maintenant toute préférence nationale, fichtre.
Alors c'est sûr qu'un Ministre de l'Intérieur se devrait d'observer quelques réserves, au moins les mêmes que celles qu'il impose à ses préfets... Mais on reconnaitra à notre classe dirigeante cette faculté à ne pas trop s'embarrasser de principes !
"Les cons ça ose tout disait Audiard c'est même à ça qu'on les reconnait" mais il devait penser à d'autres professions.
En parlant de profession il en ait une qui s'érige en modérateur voire en protecteur de nos chers édiles, ce sont les journalistes. Avec un accusé tout trouvé, internet et ses images volées.
A ce titre, l'éditorial du Républicain Lorrain ce 12 septembre laisse pantois? Notons qu'il est titré d'un "videogag" qui laisse à penser que son auteur, Philippe Waucampt, n'est pas arabe...
La thèse de l'accident et de la maladresse est retenue par des journalistes qui martèlent un curieux "Pour connaître l'intéressé, nous aurions plutôt tendance à opter pour...". Cette filiation affirmée, la presse s'en prend ouvertement "aux dérives de l'information à l'heure d'internet". Cet extrait tourné par une équipe de télévision habilitée et invitée aux universités de l'UMP est donc une dérive. Il ne s'agit pas à proprement parlé d'images volées dans une sphère privée mais bel et bien du suivi somme toute habituel d'un homme politique parmi les siens. Qu'importe, le coupable n'est pas l'émetteur mais le récepteur ce qui est assez cocasse. Avec des menaces non voilées exprimées par l'éditorialiste : "Après ça, il ne faudra pas se plaindre de constater que, soumis en continu à l'oeil de Big Brother, les politiques en reviennent comme un seul homme à la plus pesante des langues de bois." Fin de citation.
Big Brother, l'ennemi des libertés fondamentales et de la vie privée des populations ou des individus est enfin identifié ! c'est internet et cette information volatile, rapide, incontrolable. Une thèse largement repris par Henri Gaino qui confie volontiers que "La transparence absolue, c'est le totalitarisme". Vivement la main mise de l'Etat sur l'information donc.
Comble de la cruauté, ces vidéos non autorisées auraient une conséquence affreuse : le retour de la langue de bois. Car elle était partie voyez vous, vous ne le saviez pas ? moi non plus. Mais pourtant si, grâce au travail remarquable des journalistes presse et télé qui font un tel effort d'investigation, de recherche, sur fonds d'éthique, que les politiques se sont rendus. Et là, patatras, la faute à quelques internautes mal éduqués (dixit Henry Gaino toujours "« Pour l'instant nous n'avons pas appris collectivement à nous servir de la meilleure façon des nouvelles technologies de communication", vivement qu'il nous apprenne !), la langue de bois est de retour. Moi qui croyais benoitement que les tutoiements, les bises en coulisses des médias traditionnels, les questions préparées, les interventions scénarisées étaient plutôt à la base de l'émergence d'un nouveau média et d'un nouveau mode d'information, j'avais faux...
Et le Républicain Lorrain, qui connait Hortefeux tout en bénéficiant du monople de la PQR en Lorraine Nord nous l'explique bien, ouf. Toujours prompt à m'étonner de certains comportements je ne comprenais pas pourquoi il avait fallut un journaliste de la RTBF pour détailler les préparatifs d'une visite d'un Président de petite taille. Maintenant je sais c'est pour que la langue de bois ne revienne pas.
Et ça marche ! Au cours de son discours lors de ce déplacement chez Faurecia, le Président de tous les petits a demandé "à la ministre de l’Economie Christine Lagarde et à M. Estrosi de rencontrer les partenaires sociaux et les fédérations industrielles pour établir avec eux le format et le calendrier de travail de ces états généraux. Ces derniers pourraient être préparés dans les différentes régions par ateliers qui réuniraient PME, grandes entreprises, syndicats, universitaires, chercheurs et financeurs.Ces travaux pourraient se terminer par une convention nationale qui tracerait les lignes d’une nouvelle politique industrielle pour la France, avec une réflexion sur toutes les grandes filières à l’exemple de celles que nous avons déjà menées sur l’aéronautique, l’automobile et le bois".
A défaut de langue de bois on a au moins un cours sur l'emploi du conditionnel, pas belle la vie ?

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