dimanche 9 septembre 2007
Election - Michel Rocard Président !
Nous sommes le 6 mai 2007, 19h59 - La France entière retient son souffle. La question est sur ces millions de lèvres : qui ? oui, qui sera le nouveau Président de la République Française. Jusqu'à la dernière minute, la lutte a fait rage entre les deux poids plume finalistes. Nicolas Sarkozy, le candidat de la droite, qui s'y voyait déjà après un minutieux passage par le Ministère de l'Intérieur, peine à faire la différence, désorienté par son challenger : c'est un homme, il est expérimenté, âgé, ...
Michel Rocard !
20h - le visage apparait progressivement, on ne voit pas bien, à un moment je crois reconnaître Lionel Jospin, puis Sim, enfin Julio Iglesias mais ce n'est pas possible, ouf ! non, le vainqueur est : Michel Rocard !
Incroyable, la stratégie de désistement de Ségolène Royal pas assez crédible et populaire à la veille même du scrutin a renversé la tendance !
Ses premiers mots sont bouleversants : "Dire qu'en 1969, j'avais fait 3,61%..."
Plus rien ne s'oppose à ce qu'il prenne possession de l'Elysée, d'ailleurs le voilà, fringant, digne, il s'approche de la première marche et...
Patatras, quelle chute ! dans cet hôtel luxueux des environs de Calcutta, c'est pas la cité de la joie : Michel Rocard vient de tomber lourdement de son lit, la faute à un rêve par trop vécu. L'excitation d'investir l'Elysée lui a été fatale au moins autant que le sol carrelé qui accueille sa tête bien faîte de diplômé de l'Ena et de Science Po.
Quel drame ! le doux rêve de victoire se transforme en cauchemar, l'accident vasculaire le cloue en Inde, avec sa femme en plus, loin d'un pays où il aura toujours été populaire tant qu'il ne se présentait pas.
"Ne bougez pas trop Monsieur Rocard, il vous faut de la patience" lui confie le chirurgien indien, "Ne vous inquiétez pas Monsieur le Premier Ministre je vais mieux" lui répond il calmement. Jacques Chirac prend des nouvelles "Je vous remercie, cher collègue et prédecesseur" se voit il rétorqué.
Convaincu d'avoir été victime d'une tentative d'attentat d'Attac, il appelle Charles Hernu pour renforcer la défense du territoire puis s'inquiète de savoir si Arnaud de Montebourg a bien été conduit à la Bastille. Cette première journée est bien éprouvante et les médicaments tardent à faire leur effet. Avant de s'endormir, il reçoit cependant un dernier appel qui le surprend. C'est François Mitterrand en personne qui s'enquiert de sa santé. "Elégant" murmure t'il avant de s'endormir...
Drôle de destin tout de même que cet homme de gauche adepte de la décentralisation opéré en Inde et qui faillit même mourir décentralisé.
Le lendemain, il se sent mieux même si le traitement est modifié. Il s'emporte, c'est bon signe, de ne pouvoir joindre son Premier Ministre François Bayrou mais ses projets de réforme fusent. "Ah les français voulaient de la rupture, ils vont en avoir. Déjà je m'installe à Conflans puis, 6 mois de l'année je décentralise le pouvoir en Nouvelle-Calédonie. C'est mon heure maintenant. Et place au Revenu Maximum d'Insertion" lance t'il avant de recevoir la visite de son médecin. Celui ci est un peu géné, il s'explique mal pourquoi les mauvaises doses ont été administrées à son illustre patient. Mais Michel Rocard n'en a que faire, "Vous savez", lui glisse t'il avec le sourire, "moi aussi j'ai souvent eu du souci avec les proportions".
Les heures passent et, peu à peu, les médicaments agissent plus justement qu'une CSG d'automne 90. Europe, Europe, ce terme lui revient sans cesse en tête sans qu'il sache vraiment pourquoi. Il se revoit en Palestine mais ce n'était pas un voyage présidentiel, il se souvient de ses fameux brevets logiciels mais bientôt, c'est son ordinateur qui lui apprend la terrible nouvelle : Nicolas Sarkozy est le Président de la République. Révolution ? dans son délire intermittent, on l'entend dire "C'est le coup d'Etat permanent, il avait raison le vieux" puis il s'endort.
Au lendemain, Michel est réveillé par une dépêche radio laconique "L'ancien premier ministre français Michel Rocard qui a subi samedi 30 juin une opération d'urgence au cerveau après avoir été victime d'un malaise lors d'un séjour en Inde, semble bien réagir après son opération. Pour G.K. Prusty, le neurochirurgien qui a dirigé l'opération, "son état de santé est stable, il se remet bien". "Il va mieux" confirme, dimanche 1er juillet, Mme Rocard".
Un rêve est passé, le vieil homme politique ne sera jamais président, son destin ne grimpera pas au firmament. De retour en France, un peu las, on craint désormais plus pour son moral. De temps en temps quand il fait chaud, il a quelques signes de rechute, il explique à qui veut l'entendre "ah si Royal s'était désistée en ma faveur, vous savez, j'aurais pu gagner" l'interlocuteur acquiesce en général avant de prendre congé.
Et c'est là que notre nouveau président prend toute sa modeste dimension. Emu par cette désespérance, Nicolas Sarkozy passe quelques coups de fil afin que Paris Match joue le jeu de l'interviewer. Et bon prince, il en fait un Président, Président du comité sur la condition enseignante et le statut des enseignants...
un rêve éveillé en quelque sorte...
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