vendredi 30 novembre 2007

Le chiffre - 108 000 euros

Le problème du jour :
Je travaille depuis 12 ans, 45 semaines par an.
Je travaille 50 h par semaine sans récupération ni heures supplémentaires, soirées et week-ends compris.
Mon taux horaire moyen peut être estimé sur cette durée à 15 euros net/heure.

Question : combien de temps ai je travaillé plus sans gagner que dalle ?

Réponse :
Il faut considérer que j'ai travaillé environ 540 semaines.
Les 5 premières années je travaillais chaque semaine 11 heures de plus, depuis 2000, 15.
Soit un total de 2 475 + 4 725, 7 200 heures.

Au final, j'ai donc travaillé 7 200 heures de plus qui doivent me faire gagner en plus à minima* 108 000 euros.

Conformément aux affirmations de notre Président, je peux me considérer comme une victime du travail.
Comme il reçoit chaque victime, j'attend avec impatience d'être reçu à l'Elysée pour savoir comment mes arriérés me seront versés.


* à minima car je ne prend pas en compte les horaires de soirée ou de week end !

mercredi 28 novembre 2007

Pensées - Attali ou le triomphe de l'égo durable


Jacques Attali est partout, parle beaucoup, sur tout. A croire qu'il s'identifie à certains hommes politiques à succès, lui qui de son propre aveu "vit une seconde jeunesse".
Entre nième ouvrage paru, présidence d'une commission qui, suprême honneur, porte son nom, développement de son concept humble de Planet finance, il n'arrête pas.

Ancien haut fonctionnaire, économiste, écrivain puis homme d'affaires il est parfois comparé à un Pic de la Mirandole" moderne. Faut dire que le cursus du Monsieur plaide en sa faveur : polytechnique, école des Mines de Paris, Science Po Paris, ENA... il peut entrer au Conseil d'Etat à ... 27 ans !
Homme de l'ombre de Mitterrand, il construisit sa légende sur les notes quotidiennes qu'il rédigeait à l'ancien Président. Avant de prendre son envol. Irresistible besoin d'ascension, de reconnaissance, de consécration ?
Son retour sur la scène politique, après des passages parfois scabreux par les affaires, dans le camps d'en face qui plus est, ne peut qu'alimenter un sentiment malsain : le besoin irrépressible de lumière, le souci de laisser quelque chose dans l'histoire, que l'on parle de lui n'aveuglent t'ils pas cet esprit brillant fasciné par son égo ?
Jacques Attali est un homme de principe, sûrement, d'ailleurs il n'évoque pas sa vie privée mais ajoute volontiers qu'il est sorti « avec plusieurs femmes célèbres et que cela ne s'est jamais su »...
Tout Attali en somme. Le sherpa de 1981 s'est mué en ultralibéral éclairé qui veut libérer la croissance d'aujourd'hui tout en prévoyant l'avenir du monde de demain.
Celui qui fit rentrer à l'Elysée les époux Hollande vénère aujourd'hui Nicolas Sarkozy.
Trop heureux de s'être vu donner une seconde chance par un Président de la République coutumier du fait de réveiller les égos endormis, il est prêt à tout justifier.
Le voilà qui vole même au secours de Rachida Dati et de sa réforme de la Justice pour mieux stigmatiser les "prétendues" élites locales, ces "notables de quelques villes" qui osent s'opposer. Et de les rendre responsables des fermetures de tribunaux par leur incapacité à "éviter le déclin de leur ville". A mieux lire Attali, on comprend que ces prétendues élites sont les "élus, avocats et fonctionnaires".
Vu son cursus et son parcours professionnel c'est un jugement tout de même particulier car n'en représente t'il pas la quintessence, lui, de cette technocratie ? N'y a t'il donc pas de responsabilité de l'Etat dans les cataclysmes économiques que certaines régions ont pu connaître ? Faut il donc rendre seuls responsables de la fin de la sidérurgie en lorraine les élus locaux par exemple ? facile monsieur le conseiller.
Un conseiller qui explique que malgré cela, ces élites resteront en place car le peuple ne vaut pas mieux et donc ne les sanctionnera pas. Pourquoi nous ne valons pas mieux ? parce que nous avons "le sentiment que tout est dû" alors nous laissons filer les dépenses publiques en toute conscience...
Mais pas lui bien entendu, notre grand penseur est au-dessus de cela bien sûr, lui sait gérer c'est sûr. Pourquoi ne le laisse t'on pas faire d'ailleurs ? Ah oui, peut-être que parce qu'en tant que président de la Banque Européenne pour la Reconstruction Européenne il a laissé un sacré souvenir et une telle ardoise ! Les anglais en rient encore de ses dépenses fastueuses !
C'est vrai qu'il peut donner des leçons aux élites politiques lui qui n'a jamais affronté le suffrage universel.
C'est vrai qu'il peut imposer une morale lui qui a fondé une association à but non lucratif, Planet finance, ça jete non ? Bon d'accord le scandale de l'Angolagate l'a un tantinet éclaboussé mais moyennant une modeste caution d'un million de francs, le Grand Jacques n'a pas connu la prison, 20 ans après 1981. Recel d'abus de biens sociaux et trafic d'influence... Cela fait quand même tâche pour celui qui a, à plusieurs reprises, connut aussi la honte de l'écrivain dont on doute : plagiat, affirmation sans preuves, déformations de propos ont émaillé certains de ses ouvrages comme le fameux Verbatim. Mitterrand disait joliment de lui qu'il a "le guillemet facile" mais qu'« il est peut-être devenu plus soucieux du nombre de ses lecteurs que de vérité historique ». Tout Attali ça, soif de gloire...
Soif de gloire rime avec soif d'argent, souvent... alors en 2004, il replonge pour financement occulte de la municipalité de ... Saint Petersbourg. Accusé d'avoir perçu sans contrepartie deux millions de dollards il sera inquiété par la justice... russe.
C'est vrai qu'en manipulant tout cet argent c'est plus facile de dénoncer ces petites gens qui "défendent leurs avantages". Celui qui se fit l'apôtre de la fraternité prend ses distances avec le monde d'ici-bas.
Jacques Attali lui se donne un autre destin, supérieur forcément. Plus noble évidemment. Plus intelligent sûrement.
Théorique, assurément. Moins intéressé, faut pas pousser !!! Car finalement cette intelligence exceptionnelle n'aura jamais rien mis en application sans oublier de s'enrichir.
Un peu l'inverse de ces élites locales finalement qu'il dénonce...

Henri Bergson disait, Monsieur Attali, "La seule cure contre la vanité, c'est le rire, et la seule faute qui soit risible, c'est la vanité"...

lundi 26 novembre 2007

Presse - le silence des agneaux


Alors que partout les illuminations de Noël déjà répandent leurs lumières féériques, la lorraine ouvre ses marchés de Noël et attend avec impatience l'arrivée imminente de Saint Nicolas. Dans cette ambiance festive et propice à la légèreté, la presse locale nous rappelle cependant que le père Fouétard n'est jamais trés loin.

Deux petites saynetes plutôt cocasses ont hélas suscité un traitement médiatique discutable, la faute à quelques pressions bien senties...


La première met en scène un député renommé du nord de Metz qui récemment s'est ému d'être l'objet de courriers de menaces plutôt prometteurs. De retour de l'Assemblée, le voilà même qui peut à peine se doucher que déjà son beau 4x4 flambe, entraînant dans sa combustion la mini bmw de Madame. C'en est trop pour notre honnête élu qui se complait bien vite dans la peau de la victime que l'on empêchera cependant pas de faire son travail et patati et patata. Les médias relayent volontiers ces cris du coeur déchirant de l'élu bafoué. L'enquête s'engage et les quartiers sensibles voisins sont soupçonnés. Fort heureusement, ils ne sont pas les seuls. Quelques jours plus tard c'est le... fils du député qui est placé en garde à vue puis interné. Le tout dans le silence - ben oui faut respecter la vie privée nous dit-on...

Question vie privée, ma seconde saynète se déroule dans le parloir d'une prison où un prévenu prépare sa défense en compagnie de son avocate préférée. Celle-ci peine semble t'il à le convaincre du bien fondé de sa ligne de défense puisqu'elle va jusqu'à le supplier à genou de l'écouter. Surprise dans cette curieuse posture par les gardiens elle n'aurait pas de suite pu s'expliquer. Un relent de sa bonne éducation sans doute où l'on ne parle pas la bouche pleine...
Pour une femme de prévenu, ce type de disgressions s'accompagnent de fait de plusieurs semaines d'interdiction de visite. Problème la robe noire concernée est trés connue dans la cité bucale, euh ducale et particulièrement proche de nombre de réseaux et des milieux journalistiques. Malgré l'insistance des gardiens de prison (qu'elle revienne ?), l'affaire se classe doucement mais sûrement dans le silence des agneaux...

dimanche 25 novembre 2007

Football - Lille s'enlise à Nancy

Sur un terrain gorgé d'eau et légèrement gelé, nouvelle douche froide pour le Losc défait 2/0 par une pâle équipe lorraine. Faute de défenseurs centraux suffisants dans son effectif, Lille alignait donc un duo arriére droit de ligue 2-jeune de cfa aguichant face au dauphin de Lyon.
Les premières minutes s'avéraient cependant séduisantes avec une bonne circulation de ball
e et un Bastos percutant. Malgré le froid pesant, on s'échauffait même d'une belle frappe de Debuchy sur... le poteau. Les nancéens lents et statiques n'inquiétaient guère les lillois bien en place mais vite privés de leur capitaine. Tafforeau, longuement soigné au bord du terrain laissait ses petits camarades 8 minutes durant à 10 contre 11. Claude Puel estime après match que "Nous avons été un peu déstabilisés par la sortie prématurée de Tafforeau".
Faut reconnaître que c'est plutôt son non-remplacement qui a posé problème, les nancéens s'engouffrant sur ce côté gauche allégrement. 8 minutes plus tard donc c'est le jeune Lebbi, pour sa première apparition dans le groupe pro, qui est lancé dans le grand bain. Pour ce milieu de terrain défensif de la CFA, c'est un drôle de baptême quand même que de se coltiner le flanc gauche et de devoir contenir un certain... Kim tandis qu'Emerson, reruté au Brésil pour pallier Tafforeau, restait sur le banc... 5 minutes plus tard Kim s'échappe à la limite du hors jeu et va défier seul Sylva. Sa tentative de grand pont s'achèvera par terre. Le carton rouge n'était pas trés loin...
La mi-temps se siffle sur ce 0-0 logique et vient soulager Fauvergue touché et nous, frigorifiés.
La seconde-mi temps repart sur les même bases avec notamment un Yanes remuant pour ses vrais débuts sous le maillot lillois. Lui manque un peu de puissance pour rivaliser cependant.A revoir.
Le public nancéen est bien passif sauf sur les coups de pieds arrétés de Gavanon. On se croirait dans un mini Gerland ! Notons qu'ils ont raison car suite à une faute peu évidente côté gauche, le coup franc finit sur la tête de Puygrenier qui pique son ballon devant une défense absente et un Sylva passif. Nous voilà beaux, menées à 25 minutes de la fin... On attend avec impatience l'entrée au moins de Mirallas, l'international belge en lieu et place d'un Fauvergue combattif, seul à répondre au défi physique adverse avec Debuchy, mais boitillant.
Grâce à la pelouse nous aurons notre deuxième occasion du match sous la forme d'un ba
llon fusant perdu par Nancy... dans sa surface. Dumont s'engage et frappe... à côté. Nos deux remplaçants attendent toujours sur le bord de touche. Ils seront super bien placés pour voir Dia, entré peu avant, slalomer dans une défense flottante. Après avoir passé en revue 4 joueurs sur 50 mètres, il donne une passe que la sortie approximative de Sylva rendra décisive. 2/0 la messe est dite, nous pouvons désormais jouer avec deux attaquants cela n'a plus aucune importance. La hola est dans le stade, tout sourit à un pourtant médiocre Nancy. Lille finit la tête basse et le moral dans les chaussettes. Le coup de sifflet final est une délivrance au vue de la prestation d'ensemble et du froid glacial !!!
13° pour l'instant nous flirtons avec la relègation. Pas sûr que le recours massif et soudain aux trés jeunes joueurs soit une solution. C'est bon pour l'avenir me dit-on. mais l'avenir se comptera en nombre de points
et pour l'instant nous en avons bien peu.
Au-delà c'est le contenu des matchs qui pose interrogation : l'équipe n'a pas de fil conducteur, un bon jeu court qui s'effiloche en route, pas de jeu long, peu de renversement et surtout quasi pas de différences individuelles faites (
à part Lischteinher et Bastos). Cela fait beaucoup d'insuffisances et de manques à presque mi-championnat. Si le groupe semble solidaire sur le terrain, il se révolte peu et capitule faute de moyens. Il y a un constat d'impuissance à accepter plutôt que de croire benoîtement en de lendemains meilleurs.
Un mot sur le coaching pour finir : la gestion des rempacements à été
simplement aberrante et trés pénalisante pour l'équipe.
Prochain match, la réception de l'OM pour un duel de mal classé qu'il fa
ut gagner. Problème, à part Metz, les mal classés semblent mieux armés que nous...

samedi 24 novembre 2007

Le chiffre - 24


Le ministre de la cohésion sociale Jean-Louis Borloo avait, le 25 octobre 2005, lancé l'opération "Maison à 100 000 euros".
"Grâce à la Maison à 100 000 euros, le rêve se concrétise : pour l'équivalent d'un loyer HLM, les ménages disposant de revenus modestes, vont pouvoir acquérir une maison de qualité, bien intégrée dans son environnement, dans sa ville. Les outils existent, les aides sont disponibles" nous expliquait-il alors.
L'ambition était de construire 20 000 à 30 000 "maisons à 100 000 euros" par an.

En 2007, 30 communes ont adhéré à l'Association des maisons à 100 000 euros - devenue Association française d'accession populaire à la propriété (AFAP) - et prévoient de réaliser environ 800 maisons en 2008, mais au prix moyen de 120 000 euros.

Au jour d'aujourd'hui, on peut donc nationalement recenser vingt-quatre maisons, qui ont été livrées, fin 2006, à Mantes-la-Jolie.

Le coup médiatique avait peu estimé l'effet repoussoir de la complexité du dispositif comme l'extrême coût des terrains constructibles.

Encore un bon exemple de la vision décalée de ceux qui nous gouvernent avec la banale réalité pécuniaire de notre quotidien.

Mais bon cela le fait bien rigoler quand même...

jeudi 22 novembre 2007

Défense - mais où est donc passée l'armée française ?

Entre publicité high-tech épurée de recrutement et pérégrinations de la 7° Compagnie au clair de lune, où en est l'armée française professionnelle aujourd'hui ? Faut il se fier à l'image moderne véhiculée ou doit on craindre que Pitivier & Co auraient encore toute leur place dans bien des régiments ?
Forte de ses presque 350 000 hommes, l'armée française ne fait pas rigoler en nombre, c'est sûr. C'est par rapport au nombre d'habitants, proportionnellement plus que les Etats-Unis par exemple. Quant au budget de quelques 50 milliards d'euros il nous positionne également dans le peloton de tête des armées selon le PIB.
Côté emploi ce n'est pas mal non plus l'armée jouant un rôle non négligeable d'insertion des jeunes notamment, 35000 environ chaque année. Et côté patrimoine c'est presque Bizance puisque le patrimoine immobilier issu de la période de conscription permet à la Grande Muette de se muer en opérateur immobilier et de dégager de substantielles marges autour de ses 130 casernes désormais inoccupées.
Bien sûr de cette masse globale émargent déjà quelques surprises comme le fait de posséder plus d'une trentaine de bases aériennes ce qui fait beaucoup. Ou de compter presque 5000 personnes au sein des services centraux du Ministère de la défense ce qui permet assurément au Ministre de se sentir en sécurité... ou de proposer 1300 blindés quand l'Angleterre fonctionne avec 400...
Mais c'est surtout lorsque l'on parle matériel que l'inquiétude grandit. Une doctrine fortement teintée d'indépendance a permis à notre pays de se constituer une industrie de premier plan à même de permettre de développer ses propres programmes.
Mais entre l'hélice du porte-avion nuucléaire Charles de Gaulle, la complexité absolue du Rafale, les retards du char Leclerc ou les déboires de nos sous-marins nucléaires, force est de constater que notre équipement n'est pas à la hauteur de notre ambition. Du reste le marché pourtant florissant des ventes d'armes nous le rappelle tous les jours puisque ni le Rafale ni le Leclerc n'ont jamais trouvé preneur à l'étranger (si l'on excepte la tragi-comédie des Emirats Arabes Unis). Ennuyeux pour des programmes aussi lourds financièrement, le programme Rafale aurait ainsi coûté 35 milliards d'euros environ...
Tout se passe comme si c'était désormais cette industrie chère à Monsieur Dassault qui dictait sa loi. Nombre de politiques de gauche comme de droite n'hésitent d'ailleurs plus à reconnaître que les dépenses militaires ont d'abord pour but de donner du travail à cette industrie.
Pourquoi pas.
Problème, la vision du monde sortant de ces établissements commerciaux n'est elle pas restée trop axée sur un concept de guerre froide, de dissuasion, à l'instar de toute notre organisation militaire multiple et parfois désordonnée ?
Résultat, nous ne pouvons guère assurer une présence militaire hors de nos frontières supérieure à 15 000 hommes aujourd'hui.
Un rappel utile car si peu audible à l'époque de la guerre naissante en Irak. Notre grandeur politique à refuser le conflit alors n'était-elle pas en partie guidée par notre incapacité à nous y engager ?
Un rappel inquiétant si l'on veut bien considérer ici que le temps de la guerre froide est révolu, que la menace russe est limitée mais la menace terroriste trés pesante et disparate.
L'Armée semble être devenu un jouet au service du politique, un moyen d'assurer une présence française aux quatre coins du monde comme à la grande époque du rayonnement français.
Mais quid de notre capacité à nous projeter ? pas évident si l'on ajoute le fait que nous ne possédons pas d'avions furtifs...
à protéger le territoire national ? pas forcément d'une invasion, mais d'actes terroristes sur nos centres énergétiques par exemple...
Bref au-delà de financer les industries et de permettre à nos politiques de briller, sait elle encore combattre et nous protéger ?
Notre nouveau président semble vouloir s'aligner sur nos cousins d'Amérique et craint l'islam, l'occasion de beaux discours au Congrés certes, mais aussi le risque de bientôt ne plus être épargné de la menace terroriste comme notre non-alignement chiraquien nous l'a permis.
Il faudra alors être prêt et ne pas juste signifier
"J'ai glissé... chef !"

lundi 19 novembre 2007

Opinion - Robert Redford et les médias

De Robert Redford pour expliquer son dernier film "Lions et agneaux"

Les journalistes devraient être sceptiques, à la recherche de la vérité.
Et surtout pas des partisans avec des préjugés favorables ou défavorables !
Mais aux Etats-Unis, on a non seulement dissimulé la vérité, mais on en a créé une autre.

dimanche 18 novembre 2007

Europe - Srebrenica n'en finit pas

Un nouveau charnier vient d'être découvert à Kamenica. Plus de 500 corps exhumés, enième réminiscence du massacre de Srebrenica, plus grande tuerie que l'Europe ait connue depuis la dernière guerre mondiale. Comme si cette tâche sombre, symbôle de l'échec européen et occidental, n'en finissait pas de se rappeller au bon souvenir de ceux, nombreux, qui voudraient qu'elle n'ait pas existé...
Du 11 au 16 juilet 1995, les serbes de Bosnie investissent cette petite enclave à majorité musulmane "défendue" par 500 casques bleus hollandais. Ces derniers, en l'absence de soutien aérien et de directives claires, laisseront faire le macabre tri femmes-enfants/hommes.
8000 personnes seront ainsi éliminées méticuleusement. Une cinquantaine de charniers ont depuis été recensés...
On espère que Srebrenica n'en finit pas de hanter les nuits de ceux, militaires et politiques, qui laissèrent faire.
Les responsables ?
Les Serbes de Bosnie d'abord bien sûr autour de Ratko Mladic et son chef politique Radovan Karadzic. Leur projet ethnique était clair et peut être considéré comme atteint puisqu'aujourd'hui la ville est serbe. Tous deux sont toujours en fuite c'est dire la maîtrise de ce dossier par les hautes autorités judiciaires... c'est dire peut être également le peu d'empressement de beaucoup à ce qu'ils s'expriment.
L'ONU ensuite.
Car résister, intervenir, en plus de juste s'interposer, c'était possible comme déjà en 1993 le général Morillon avait tenté de le faire vraiment.
Sa synthèse de l'évènement deviendra avec le temps un témoignage à charge : "je suis convaincu que la population de Srebrenica est tombée victime de la raison d’Etat, mais d’une raison d’Etat qui se situait à Sarajevo et à New York, et certainement pas à Paris."
Sarajevo et New York, deux capitales en pleine discussion à l'époque des faits font partie du réquisitoire.
Car dénoncer le départ et l'inactivité des casques bleus hollandais ne doit pas faire oublier que, sur ordre de la présidence bosniaque, les forces de Bosnie avaient déserté Srebrenica avant l'assaut serbe. La prise de position de la communauté internationale aux côtés des musulmans devait être déclenchée par un fait majeur. Srebrenica fut celui-là.
Les Etats-Unis, soucieux de reprendre la main sur ce terrain au détriment de l'ONU, promirent l'intervention de l'Otan si survenait un fait majeur. Srebrenica fut celui-là.
Les gouvernements occidentaux enfin, qui manièrent la gloriole et l'à-peu-près sans jamais vouloir mesurer l'antériorité de ce conflit (des siècles) et sa haine emmagasinée. Qui se sont satisfaits d'un dispositif onusien minimaliste et bien sûr insuffisant et qui vendirent à leur opinion publique le principe de la guerre propre. Dans la continuité de la guerre du golfe et ses célèbres frappes chirurgicales, les occidentaux se sont engagées en Bosnie avec cette drôle d'ambition : "0 mort".
Pas de mort, pas de responsabilité, pas d'engagement, notre nihilisme politique n'est il pas finalement notre pire ennemi ? Nous le masquons en multipliant les sujets d'intérêt, les actions de communication pour mieux amener l'opinion politique à zapper inlassablement. Qui se soucie de la Bosnie et de Sebrenica aujourd'hui ?
Pourtant, Sebrenica en terme de morts civils, c’est plus de dix Oradour-sur-Glane, plus de deux fois le 11-Septembre new-yorkais, plus de cent fois les attentats de Londres... le tout à 1h30 de Paris mais nous ne vivons pas au rythme du relativisme et des chiffres réels, juste au rythme de l'impression et de la sensation.
Nous le paierons sûrement un jour en Iran ou ailleurs quand notre aventurisme désuet et calculateur se heurtera au froid réalisme d'un adversaire déterminé.
Notre confort quotidien et notre grandiloquence seront mis à mal. Que serons nous alors capables de faire ?
Qui veut mourir pour Sarajevo ? personne me répondait-on jadis et c'était vrai. Quoique, des soldats français y sont morts avec courage et bravoure, il reste donc quelques enclaves de valeurs en France, saurons-nous mieux les protéger que Srebrenica ?

Mourir en combattant, c'est la mort détruisant la mort. Mourir en tremblant, c'est payer servilement à la mort le tribut de sa vie. Shakespeare

vendredi 16 novembre 2007

Chômage - Une monarchie au secours de l'emploi

Bonne nouvelle pour l'emploi dans notre beau pays avec l'annonce par l'INSEE que "le taux de chômage en France métropolitaine au sens du Bureau International du Travail (BIT) s'établissait à 8,1% de la population active au deuxième trimestre 2007".
Au-delà des soubresauts de conjoncture et de l'efficacité des politiques de l'emploi, ce chiffre positif s'explique surtout par une stratégie originale d'aide au retour à l'emploi : le 2f2d que vient d'expérimenter Claude Chirac, au chômage forcé depuis le printemps dernier. Pour cette éphémère (et non diplômé, Rachida) élève de Science Po Paris, l'heure était depuis le retrait de Jacques Chirac au pouponnage et au repos, un rude coup pour les statistiques du chômage français et pour son régime indemnitaire.
Heureusement, le 2f2d se met en place fortuitement pour lui permettre d'exercer tout son talent et ses compétences. Baptisé filsde-fillede, ce nouveau concept de reconversion axé sur la solidarité sélective fait des émules puisque qu'Arnaud Lagardère se dit déjà preneur de stagiaire tandis qu'Arnaud Klarsfeld se voit donner l'occasion de repostuler à quelque chose. Des tests de mise en place avaient déjà été engagés en septembre quand le fils Sarkozy et la fille Tapie projetaient de jouer la comédie avant de se rendre compte qu'ils étaient suffisament comiques comme cela sans besoin de supports particuliers.
Revenons à Claude donc, celle qui, mariée peu de temps à feu Philippe Habert ne s'était pas trompée en tout cas de témoin, un certain Nicolas Sarkozy... qui lui proposera, bon Prince, en mai dernier le poste de Consul de France à Los Angeles.
Finalement, là voilà qui par ses mérites donc intègre la direction de la communication du groupe PPR dirigée par François-Henry Pinault, l'heureux rejeton du fondateur milliardaire François Pinault (3° fortune de France autour de 10 milliards d'euros...). Promotion de choix puisqu'elle fera partie du comité exécutif du groupe, et continuité des liaisons dangereuses de l'Etat avec ses plus riches sujets puisque François Pinault est bien sûr un grand ami de notre ancien président. C'est avec lui qu'il mangea le soir de son élection. Du reste pour l'anecdote, Jacques était cet été l'invité de François du côté de Saint-Tropez et ces dames furent vues plusieurs fois dépensant quelques milliers de pièces jaunes en shopping divers.
Elle laissera de son poste élyséen quelques moments rares comme ce téléguidage du père par portable lors d'un voyage officiel "«Tiens-toi, tu veux. Ne déconne pas. Evite d'aller te vautrer avec je ne sais qui. Avec toutes ces traînées qui te courent aux fesses!».
Un temps inquiété à l'époque bénie de la mairie de Paris dont elle était conseillère, de 1989 à 1993, sa rémunération avait ému le pouvoir judiciaire car il émanait d’une ... société privée. Sans suite.
A 45 ans la voilà en charge de l'image de marques de luxe comme Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent ou les enseignes de distribution Conforama et FNAC, rien que cela.
Son bilan nous dit-on légitime cette prestigieuse affectation. C'est assez cocasse tout de même si l'on veut bien considérer deux choses :
en noyautant à l'extrême toutes les apparitions de son père elle en a fait un personnage distant, éloigné du quotidien, des français comme des médias.
Sarkozy prend aujourd'hui le contre-pied avec facilité de cette stratégie et joue la proximité et l'omniprésence ; tout le monde applaudit...
Même si elle avoue volontiers sa peur de ce "saut dans l'inconnu" (sic) on ne doute cependant pas de sa faculté d'adaptation, on connait la chanson de cette nouvelle forme de monarchie au pays des filsàpapa :
"Voici venir les filsàpapa, ils font les fous, dans la famille des fillesàpapa, viens avec nous chez filsàpapa, ils se reconvertissent à volonté chez PPR..."
Drôle de régime spécial que ce 2f2d tout de même mais qui ne risque pas d'être réformé de sitôt...

mercredi 14 novembre 2007

Musique - "C'est pas ma faute à moi" clame l'industrie du disque

La chute des maisons de disque n'en finit plus si l'on veut bien croire les -20% de ventes de CD musicaux enregistrés depuis le début de l'année. Avec un coupable tout désigné, le téléchargement de ces vilains internautes fossoyeurs du paysage culturel de demain...
Bon une fois qu'on a dit ça il faut tout de même bien considérer que nombre de personnes qui ne téléchargent pas n'achètent pas non plus. Pourquoi ?

  • Bêtement je dirais d'abord qu'il n'y a peut être pas grand chose à acheter... Que les temps de la démocratisation (années 70) puis de la diffusion de masse (année 80) ne sont plus de mises. L'offre est à la fois multiple et réduite, pré-formatée et parfois baclée. Objectivement, un vrai bon album du début à la fin et pas seulement trois titres corrects, ce n'est pas si courant. "C'est pas ma faute à moi" clame Julien, intronisé chanteur vedette par la grâce de la télévision crochet. Refrain repris par l'industrie du disque qui refuse de se remettre en cause, cautionne des carrières ultra rapides et des produits marketing à la qualité douteuse au nom du sacro-saint profit. Oui mais avec les TIC, si un album est mauvais, la planète entière le sait en quelques minutes !
  • En second, on peut penser qu'il y a d'autres choses à consommer : du téléphone portable, de l'internet, de la télévision illimitée, du DVD... le porte monnaie du mélomane n'étant pas aussi extensible qu'une corde vocable, il faut bien faire des choix. D'autant que ces activités sont également très chronophages. Pire certains supports canibalisent même le CD comme les chaînes de télé musicales par exemple.
  • Troisième raison apparente, le consommateur ne trouve pas le produit qui lui plairait ou pense qu'il ne le trouvera pas. Plusieurs pistes : la quasi-disparition des magasins de vente spécialisés et avec le conseil, l'orientation, l'accompagnement à la découverte. La grande surface incite à acheter pas à chercher. Dés lors les têtes de gondole guettent l'indécis mais se ressemblent toutes et vénèrent toujours les mêmes vedettes. Idem pour les grandes émissions télévisées : halyday, bruel, garou, fiori, dion... avec ça on fait quelques émissions non ? problème on propose une offre restreinte et plutôt redondante qui ne passionne plus toutes les foules. Et qui condamne les autres artistes. La pensée se radicalise. Les tonnes de compilations en tout genre accroissent ce sentiment de fourre tout et d'uniformité. Les vrais-faux retours, adieux... en rajoutent une couche. Le marketing appliqué aux albums avec pré-annonce de lancement, publicité, publi-reportage, présence dans les émissions, inondation radio... crée un terrible fossé entre ces artistes et les autres en terme de temps d'expression, de lisibilité.
  • Quatrième frein, la radio, média naturel de la musique aurait elle ratée le virage du nouveau millénaire ? autant la télé satellite révolutionne l'offre, autant le haut débit permet un surf illimité sur le web, autant les fréquences radio demeurent figées. L'echec des radios libres devenues toutes commerciales et semblables ne proposent ni débouchés ni perspectives de développement.
  • Le support lui-même le CD a vécu : fragile, imposant il ne peut légitimement se mesurer aux supports numériques. D'autant qu'il se vend cher.
  • La structure de l'industrie elle-même, faite de majors et de puissants labels ne permet plus assez de réactivité. Les voilà incapables de dénicher les nouveaux talents et dépassés par des initiatives non anticipées : le succès de Kamini sur le web depuis son village de l'Aisne, Radiohead qui met en vente son album sur internet au prix que les fans veulent bien l'acheter, Prince qui le propose gratuitement...
  • Le piratage enfin qui excuserait tous les points précédents et justifierait les chiffres alarmants et les mesures radicales d'interdiction demandées. Bon, quand j'étais petit, jeune lecteur, j'avais un poste radio cassette à double cassette qui me permettait à la fois d'enregistrer la radio sur une cassette vierge ou de copier une autre cassette. Personne ne nous reprochait rien. Curieux. Aujourd'hui les ventes légales en ligne progressent de 8% ce n'est déjà pas si mal et atténuent encore sûrement le vrai-faux séisme de la fraude.

La musique accumule les fausses notes, la faute surtout à des chefs d'orchestre par trop consuméristes. Et si l'avenir appartenait aux artistes ? et s'il retrouvait une liberté, une autonomie source de plaisir retrouvé pour l'auditeur. Car la demande est bien réelle, et parfois assouvie sous certaines formes en témoigne par exemple le succès des tournées, des spectacles, des lives. A eux aussi de se mobiliser, comme Avril Lavigne, contre cette hypocrisie repressive.
Et gloire aux victimes de ce monde impitoyable : Jeanne Mas a vendu 500 exemplaires de son dernier album, Romane Serda compagne de Renaud, 8000, et Michel Jonasz, 10 000...

lundi 12 novembre 2007

Le chiffre - 1850

Le dispositif "Défense 2° Chance" instauré en juin 2005 à l'attention des jeunes en rupture scolaire et sociale présente un premier bilan. 22 centres se sont ouverts qui accueillent 1850 "volontaires intégration". Petit souci, les prévisions du gouvernement Villepin établissaient un objectif de... 20 000 jeunes en 2007 ! c'est dix fois moins quoi. Pire, le système est bugétivore puisqu'il consomme 850 personnes, quasi un salarié pour deux formés... le tout approche les 100 millions d'euros, soit plus de 54 000 euros le stagiaire. A ce prix là, le ministère a le bon goût de préciser que 60 à 70% (ce qui fait un écart certain) retrouverait le chemin de l'insertion. Ouf.

A noter qu'il existait déjà des Ecoles de la Deuxième Chance s’adressant aux jeunes de 18 à 25 ans sortis du système scolaire sans diplôme.
L’Ecole de la Deuxième Chance offre une formation en alternance de 9 mois à 1 an. Il s’agit de parvenir à la maîtrise des savoirs de base : lire, écrire, compter, notions d’informatique, notions d’une langue étrangère.
Le réseau E2C France compte à ce jour 15 membres qui représentent 35 écoles en fonctionnement sur 12 régions et 23 départements. Sur la seule année 2006, ce sont 2700 jeunes qui ont bénéficié de cette organisation soutenue par l'Europe et les collectivités territoriales en liaison directe avec le monde de l'entreprise et les chambres de commerce. Résultat un taux d'insertion équivalent, 64% mais pour un coût par élève bien inférieur, de l'ordre de 12 500 euros.
22 centres - 850 formés depuis 2005 - 100 millions d'euros
35 écoles - 2700 formés par an - prix d'encadrement d'un élève : 10 euros de l'heure

cherchez l'erreur ...
- n'y aurait il pas des sessions de rattrapage pour nos élites politiques ? la décence ne devrait elle pas conduire les instigateurs de ce genre de fiasco à se retirer des affaires publiques ? ou faut-il les y pousser ?

"Presque toujours en politique le résultat est contraire à la prévision"
François René de Chateaubriand

samedi 10 novembre 2007

Santé - Alice au pays de l'oubli

En 1901 déjà qu'Alois Alzheimer donne une explication à des troubles observés sur de jeunes patients. Le siècle ne sera pas de trop pour que la connaissance de cette maladie progresse lentement et par là-même que les diagnostics s'affinent. Pour aujourd'hui, révéler l'ampleur d'un phénomène : 860 000 personnes en France sont aujourd'hui concernées, dont Alice, par ce fléau exponentiel qui implique plus de 100 000 nouveaux cas chaque année.
Du coup branle-bas de combat dans notre pays, comme souvent bien tardif. Pour l'anecdote ce que nous qualifions encore de maladie nouvelle est aux Etats-Unis une maladie publique. Drôle d'ironie que ce manque de reconnaissance d'une maladie qui aboutira justement à la non reconnaissance même des proches. Mais ça ne fait plus sourire Alice.
Au début il y a quelques troubles de la mémoire, des mots et noms dont on ne se souvient pas, qui sont sur le bout d'une langue de plus en plus hésitante. Tout vient petit à petit, progressivement si l'on peut dire et, c'est un des drames de cette maladie, insidieusement, sans crier gare, caché derrière l'inattention, la fatigue, la vieillesse, la dépression. "Tête en l'air", Alice tardait à finir ses phrases, à honorer un rendez-vous, à repositionner dans le temps une rencontre.
Puis vient les premières implications dans le quotidien : les clés que l'on cherche et recherche, la rue d'à-côté si famillière mais que l'on ne reconnaît plus, le danger de la route que l'on ne se représente plus, le frigo et les courses que l'on ne gère plus... Maladie du cerveau dégénérante elle prive à chaque nouvelle étape le malade d'autres fonctionnalités.
Le caractère de la personne peut alors selon de nombreux témoignages rapidement changer d'où une difficulté supplémentaire pour l'entourage. Aigreur, agressivité, délire... amènent à une nouvelle dimension qui signifie clairement que plus rien ne sera comme avant. En conscience ou non ? les médecins et une majorité de famille répondent par la négative. D'ailleurs Alice le disait souvent "Je ne suis pas malade" - "Je rentre quand à la maison ?" "Tu crois que je pourrais reconduire ?" Pas sûr cependant qu'il n'y ait pas des périodes de lucidité qui expliqueraient d'ailleurs facilement le lien direct entre maladie d'Alzheimer et dépression, anxiété, repli sur soi.
Le souvenir du présent s'efface à peine apparu, les phrases sont répétées à l'infini - l'évocation du passé demeure mais avec de moins en moins de repère temporel. Puis il disparait également dans un autre monde, celui de l'oubli, peut être des rêves et de je ne sais quelles merveilles, Alice. Dans ces moments-là, elle dit " Je pars loin... j'étais dans mes songes...".
L'autonomie se perd peu à peu, bientôt ce sera l'alitement permanent. Les fonctions de base ne seront plus assurées, ce sera la malnutrition, la fragilité aux infections, l'isolement total.
Alice ne méritait pas ça, sa famille non plus.
Alzheimer c'est un trou noir qui aspire le cerveau humain, c'est le sol de notre mémoire qui se dérobe sous nos pieds - c'est un monde plein de vide qui s'installe. Alice sombre chaque jour et une partie de nous avec et rien n'y changera. Reste à se souvenir des belles choses comme le dit le joli film. Car le pire est sûrement encore à venir jusqu'à la fin programmée qui fera figure de délivrance.
En attendant, tout n'est pas bouleversé : Alice est coquette, élégante, soucieuse du visiteur, lance volontiers la conversation qu'elle abandonne aussitôt.

Mais le regard est las, fixe et souvent triste car le temps n'est pas l'ami de la maladie ressentie. Son témoignage le plus poignant, Alice le résume en 2 mots : "C'est long".

vendredi 9 novembre 2007

Rock - Louis Bertignac et Paul Personne

2006 - au Cabaret Sauvage - Vas y guitare
ça dépote...


jeudi 8 novembre 2007

Michelin - une stratégie pneu orthodoxe

"Construire une croissance de qualité", c'est par ces mots que l'illustre entreprise française fondée en 1889 par les frères Michelin, André et Édouard, vous accueille aujourd'hui.

En 2006, Michelin a produit 190 millions de pneumatiques dans 69 sites répartis dans 19 pays et imprimé 15 millions de cartes et guides. Une référence.
Dans la foulée de ces résultats prometteurs, Michelin annonce une hausse de 4,0% de ses ventes nettes consolidées à 12,6 milliards d’euros pour les 9 premiers mois de l’année 2007 (+7,2%, à taux de change constant).
Tout roule pour le maître du pneu qui peut même annoncer
une amélioration de 2.2 points de sa marge opérationnelle à 10.2% pour le premier semestre 2007. Les chiffres positifs s'enchaînent irrésistiblement depuis la croissance soutenue des volumes vendus : + 3,6% au maintien de l’effet prix-mix à un niveau élevé : +4,4%, jusqu'aux ventes nettes : + 4,7% (+ 8,2% à parités constantes) ou la hausse du résultat net : +58% et la nette amélioration du cash flow libre : +382 millions d’euros.
Ouf quel bonheur de pouvoir ainsi truster les performances.

Jusque sur le plan sportif puisqu'au Championnat du Monde MotoGP 2007, la victoire revient à Pedrosa et Michelin à Valence. Cerise sur le gâteau, Michelin a même reçu le prix du meilleur rapport annuel 2006, dans la catégorie CAC 40 lors de la 53e soirée de la communication financière organisée par « la Vie Financière » en partenariat avec « Les Echos ». N'en jetez plus !
Les faits marquants de la multinationale de Clermont-Ferrand nous permettent de voyager de par le monde : Amérique du Nord : mesure d'optimisation industrielle, Etats-Unis : importants contrats avec l'armée américaine, Canada : investissement de productivité à l'usine de Bridgewater, Allemagne : accord sur l'avenir des sites de production, Japon : spécialisation de l'usine d'Ota...

Et l'Europe me direz vous ? Ben là d'un coup c'est de restructuration dont on parle. Après toute cette litanie positive cela fait un poil désordre. On frôle la sortie de route. Le plan de réduction des coûts et d'amélioration de la rentabilité passe donc par la France et l'Espagne. La faute à 2006, année maudite où s'est passé quelque chose d'horrible : un recul des profits...

Dés lors la logique financière se met en branle et les grands moyens sont de rigueur : non remplacement d'un départ à la retraîte sur deux (sur les 20 000 prévus), renforcement de la présence dans les pays émergents.

C'est dans ce contexte drastique qu'est annoncée la fermeture de l'usine Kléber de Toul (Meurthe-et-Moselle) en 2009 : le fabricant de pneumatiques y est le principal employeur de la région avec 826 salariés et 40 intérimaires. Il fait aussi travailler directement une quarantaine de sous-traitants autour de cette ville de 17000 habitants. Un drame absolu pour l'économie locale, un drame connu de ceux qui voulaient bien l'entendre puisque les investissements se faisaient très rares depuis plusieurs années. A qui la faute ? À de mauvais produits nous dit-on, des pneus "milieu de gamme" "très fortement concurrencés par des pneus importés de pays à faibles coûts de production" – La faute aux hommes également puisque « L’usine a un coût de production plus de 50% supérieur à celui de ses concurrents, et n’est plus compétitive ». Même l'inénarrable député locale Nadine Morano, proche de Super Sarkozy en déjante...

L’annonce séme la consternation chez les salariés, mais pas trop chez les investisseurs, l’action Michelin prenant en milieu de journée de l'annonce 0,90% à 99,26 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en légère baisse.

Mieux, le groupe indique déjà qu’il embauchera entre 2007 et 2011 plus de 4000 personnes en France, où sa production devrait progresser de plus de 7% sur cette période (et plus de 600 personnes en Espagne). Le bibendum tourne t'il rond ? Deux milliards d’euros seront investis en Europe de l’Ouest, dont 1,15 milliard en France et 320 millions en Espagne. Mais pas à Toul.

Depuis, Michelin a publié un chiffre d'affaires de 4,18 milliards d'euros en hausse de 2,5% contre une progression de 3,4% attendu par le consensus.

Ce doit être pour ça que Toul est condamné...


Edouard Michelin, un des fondateurs, disait pourtant

« C'est souvent la solution écartée d'office qui aurait été la bonne »

mais la roue tourne d'une drôle de façon, dans le sens de la croissance ou de la fermeture, avec la même efficacité mais la même froideur. A trop emprunter la route de ses profits, pas sûr qu'à la fin elle n'y risque pas la crevaison.

mardi 6 novembre 2007

Médias - Tour de passe passe pour LVMH

LVMH a gagné la partie et acheté au groupe du Financial Times le quotidien "Les Echos". 240 millions d'euros auront donc suffit à Bernard Arnault pour devenir grand patron de presse. Au passage, le voilà obligé de se débarrasser de son autre titre économique, La Tribune. Ambiance...
L'homme le plus riche de France aura donc obtenu ce qu'il voulait malgré l'animosité d'une majorité des 500 personnes employées.
Pour pallier à ces craintes, l'homme d'affaires a ajouté des clauses censées rassurer comme la mise en place d'un comité de surveillance et le maintien de l'excellent Erik Izraelewicz. Une technique pas trés convaincante puisque le journal, depuis, ne paraît plus.
Une double cession pour un seul bénéficiaire, voilà la situation pas banale mais absolument pas remise en cause qui se présente pour notre presse économique. Belle leçon de stratégie à disséquer dans nos grandes écoles de commerce quand l'ancien numéro 2 devient le nouveau numéro 1 tout en ayant le choix de son futur numéro deux.
Beau silence des politiques sur le sujet.
Sur le plan strictement économique, on ne peut que s'étonner de la somme avancée pour un titre au chiffre d'affaires de 125 millions d'euros environ pour 10 millions de bénéfices nets annuels.
Nul doute que la vraie raison de l'acquisition est à trouver ailleurs, du côté du poids politique du journal par exemple désormais aux mains d'un proche de Super Sarkozy.
Bernard Arnault prend ainsi la glorieuse suite des industriels détenteurs de médias et proche de l'Etat : Bouygues (TF1), Bolloré (Direct8, DirectMatin), Lagardère (Europe1) ou encore Dassault (Le Figaro). Quelle main mise !
Outre la proximité du pouvoir, il s'agit de se demander comment la cinquantaine de marques de luxe que composent LVMH seront "objectivement" traitées dans les colonnes de Bernard...
Ce roubaisien polytechnicien se lance dans une nouvelle carrière médiatique depuis l'entreprise BTP de papa à l'immobilier Férinel puis au textile via Boussac, entreprise à la dérive cédée par le gouvernement Fabius. En liquidant Boussac, il ne conserve que Christian Dior et s'ouvre les portes du luxe. Avec un patrimoine estimé aujourd'hui à plus de 21,5 milliards d'euros, l'homme n'a plus besoin de faire du chiffre mais comme beaucoup d'homme d'affaires ayant réussit, il a le sens de l'anticipation et des choix judicieux. D'ailleurs il était témoin du mariage de SS et ce n'était pas pour faire plaisir à Cécilia...
Il n'en reste pas moins que notre paysage médiatique change et je le regrette. Le média dirigé par un industriel devient un produit à vendre.
Ce que j'attends d'un média ce n'est pas qu'il soit un produit formaté, une marque repère, un recueil quotidien de ce que je veux entendre ou lire. Non la force d'un média c'est son indépendance, sa liberté de ton, de traitement de l'information. Qu'il me surprenne, me dérange, m'interpelle... que la qualité journalistique m'éblouisse, m'impressionne, me séduise. Que chaque article m'apprenne, m'enrichisse, me nourrisse.
Là, avec Bernard Arnault, dit l'ange exterminateur ou... le colin froid, on en est bien loin. Certes il est amateur d'art mais il vient aussi de prendre 9% de parts dans Carrefour... de là à faire des Echos une marque de distributeur de bas de linéaire...
Thomas Jefferson au XVIII° siècle disait que "Dans la presse, seules les publicités disent la vérité". Il ne croyait pas si bien dire, on y arrive !

lundi 5 novembre 2007

A découvrir - la croix de Camargue


Paul Herman, peintre et sculpteur, a créé en 1924 la croix de Camargue, symbôle pour les gardians et les pêcheurs, les habitants de ce drôle d'endroit qu'est la Camargue. Il était le fondateur d'une association libre des amis de la Camargue.
La croix latine est posée sur une ancre et munie de tridents, l'instrument de travail utilisé par le gardian lors de la garde des taureaux
la croix représente la foi commune aux deux corporations,
le cœur, la charité représentée par le coeur central
l’ancre marine des pêcheurs terminée aux trois extremités par des tridents, l’espérance
Les trois vertues sont issues du final de l'Hymne à la Charité (cf. la première lettre aux Corinthiens au chapitre 13)

Généralement, la croix des gardians est associée aux arlésiennes, habitantes d'Arles joliment habillées et coiffées. Elle s'appelent souvent Mireille, altière, gracieuse, élégante, elles se font cependant souvent attendre.
Il arrive aussi qu'elle soit marraine d'un gardian, d'un taureau ou d'une fillotte ; voire qu'elle se réfugie en Lozère les jours d'intempérie.
Pour autant, il y a toujours des exceptions qui s'habillent curieusement en écoutant de la musique techno tout en envoyant des e-mails à longueur de journée mais généralement celles-là ne gagnent pas l'élection...
Le tout se déroule dans une nature sauvage et parfois complice. Ainsi du côté d'Olga vous pourrez découvrir, si vous y croyez vraiment, la mer à lulu, sorte de mer magique dénuée de toute vague et qui fait le bonheur des enfants.
En repartant, passez par chez Raymond, sorte de Père Fouras port saint louisien, tour à tour pêcheur, chasseur, peintre, cuisinier et modéliste. Il vous accueillera toujours divinement.
Par jour de grand mistral, si vous prêtez attention, vous aurez peut être la chance, non loin du Clocher de la paix, d'apercevoir sainte fafa. La légende veut que cette petite vierge aixoise rencontra ici la révélation et y mordit à pleine dent.
En passant devant le stade, saluez le terrain de tennis où le champion local espagnol José perdit ses dernières illusions.
Au retour votre pélerinage camarguais ne doit pas omettre la ferme des éoliennes dite ferme à zaza en mémoire de celle qui les vit la première.
Sur le chemin du retour vous penserez à ceux qui l'ont quitté à jamais comme Roger ou Simone et vous vous en retournerez vers la civilisation en compagnie de nouveaux compagnons à l'humour piquant, les moustiques...

Les classiques - Hommage de Malraux à Jean Moulin

« Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique et les combats d'Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit… »
« C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France... »