"Jean-Pierre m'a tué" est l'étrange inscription qui orne désormais le mur d'enceinte de l'habitation de Pascal Sevran, demeure qui, heureusement pour l'intéressé n'est pas encore sa dernière...
Et voilà comment une légende construite par une telle longévité journalistique se trouve bien mise à mal ! ancien présentateur télé, ancien rédacteur en chef de radio, ancien directeur de l'information et jusqu'à Président d'une radio, tout ça pour ça, finir bêtement au bêtisier pour une précipitation ballotte sur la mort trop vite annoncée d'un sombre animateur du passé.
Tant de pouvoirs concentrés en ses mains, tant d'opinions manoeuvrés, tant de prises de position affirmées pour être la risée de sa propre équipe de rédaction. Certes Audiard nous dirait un retentissant "Les vieux, faut bien que ça mange !", mais tout de même que restera t'il donc d'Elkabbach dans l'histoire alerte de notre journalisme professionnel ?
Il ne subsistera finalement que du glauque, du partisan, du malsain.
Depuis sa démission de France 2 pour incompatibilité d'avec un nouveau Président en 1981, à son re-départ de France Télévision quelques années plus tard pour cause d'argent public largement dilapidé au profit de petits camarades producteurs, ce ne sont pas ses analyses, sa rigueur ou son objectivité qui resteront dans les mémoires. Plutôt sa capacité à virer un journaliste trop zélé (Claude Sérillon) coupable de trop traiter l'affaire des diamants de Bokassa ou sa faculté à se rapprocher du pouvoir (un certain Sarkozy) pour valider la nomination d'un journaliste chargé de couvrir l'actualité d'un ... Ministre de l'Intérieur.
Une carrière faite d'intrigues, de manigances, de promiscuité, de secrets pour se faire surprendre un soir d'Avril, mais pas un premier, par une mauvaise blague. Cela aurait pu être "Le PSG tout prêt du titre" ou "Casimir n'a toujours pas été libéré" voire "Marcel Amon cartonne avec son nouvel album", non, ce fut "Pascal Sevran est mort". Une information sidérante d'importance et dont on comprend tout de suite qu'un Président d'Europe 1 s'en saisisse dans l'instant. Puis l'impose, vieille habitude, à ses équipes sans autre forme de procès pour faire la une du journal du soir.
Mais cet incorrigible imbu de lui même, cet invétéré donneur de leçon sombre corps et âme d'en avoir trop dit et trop fait. Pourfendeur du web, il dénonçait dans le journal La Croix (11/04/08) en début de ce mois : "Des sites qui, pour exister, pour faire un coup, pour nuire à un adversaire, lancent des rumeurs, des fausses informations, des ragots, des nouvelles non vérifiées. La tentation est grande pour des sites de taper fort afin de se faire entendre, quitte à ne pas vérifier ou à ne pas donner la parole aux personnes qu’ils attaquent."
Quelques jours à peine donc avant la (petite) mort de Pascal Sevran...
Rassurant, il précisait pourtant "Tout ce qui relève de la vie privée, de la « peopolisation » du politique n’est pas relayé par notre rédaction".
Ben non pas par la rédaction de la radio du fils Lagardère, juste par lui... qui pourtant entend "ne plus se laisser détourner par la dictature de l'émotion".
Petit jusque dans ses erreurs, il n'hésitera pas à annoncer le lendemain de sa nouvelle bourde «J'assume personnellement une erreur collective» obligeant la Société des rédacteurs d'Europe 1 a répondre par communiqué: «Il apparaît que la responsabilité de Jean-Pierre Elkabbach est directement engagée dans cette annonce erronée. Il apparaît que lui seul a été le donneur d'ordre. Il a transmis l'information et ordonné qu'on la diffuse».
Ridiculisé, ringardisé, ce libéral viscéral gardera pourtant solidement sa place malgré ce qu'il convient d'appeler une authentique faute professionnelle qui dans tout autre métier se concluerait fatalement.
Espérons qu'il prenne au moins pendant quelques temps la possibilité de se consacrer pleinement à la création de son groupe de travail chargé, à Europe 1, de réfléchir sur «les sources, la vérification de l'information, la crédibilité des sites Internet, des blogs, les rumeurs, les frontières entre la vie publique et la vie privée».
Il aura surtout du temps pour méditer sur le sens du journalisme en s'appuyant, pourquoi pas, sur cette belle définition : 'Le journalisme, ce n'est pas un dépotoir. Ce n'est pas là où l'on revient quand on a échoué partout.' Ce doit être vrai, c'était un certain Jean-Pierre Elkabbach qui l'a dit !
Non, vraiment, le plus drôle serait que Pascal Sevran lui survive, l'occasion d'une rétrospective savoureuse des meilleurs ratés de JPE. Une émission "La chance aux chansons" spéciale déontologie et belles âneries, ça marcherait, c'est sûr, et de là-haut, quel bonheur pour lui de voir son éternelle ambition et besoin de reconnaissance enfin récompensés. Même si c'est à titre posthume.
vendredi 25 avril 2008
Jean-Pierre Elkabbach - Faites entrer l'accusé
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2 commentaires:
"Non, vraiment, le plus drôle serait que Pascal Sevran lui survive,"
... Raté !
ça se trouve il s'est laissé mourir de désespoir...
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