Au beau milieu de mesures pour l'emploi au fâcheux parfum de déjà vu, après les largesses financières accordées aux banques et les errements boursiers, il ait des domaines qui ne perdent pas le Nord encore moins le sens des affaires. Les pompes funèbres en font partie qui connaissent une croissance insolente. A croire que voilà le secteur porteur de demain, celui que les prochains fonds souverains ne manqueront pas de soutenir avec vigueur.
Et si c'était là le nouveau fer de lance de l'économie française ? après l'automobile, l'aéronautique ou la recherche médicale, la mort made in France a telle des chances de redonner des couleurs à notre commerce extérieur ?
Sur le plan national, en tout cas, voilà une industrie qui revit affichant sur 10 ans une croissance de 34%, de quoi faire son trou en toute impunité...
Et puis c'est un marché particulièrement porteur dans un pays qui vieillit, où l'on vit certes plus longtemps mais enfin il y a des limites naturelles qui font que, forcément, on a recours aux funestes pompes. Peut on rêver finalement meilleure opportunité que ce segment si vaste qu'il englobe tout être vivant sans compter, parfois, les animaux !
L'autoroute c'est plus rapide mais vous pouvez toujours emprunter une route nationale, TF1 c'est le plus simple mais vous pouvez zapper, l'épicerie du coin est la plus pratique mais vous en trouverez une autre un peu plus loin. Seule la mort ne vous offre aucune alternative, elle vous attend à coup sûr. Votre cible, c'est l'annuaire téléphonique tout entier !
Alors forcément, voilà qui aiguise tous les appétits et tous les fantasmes sans vergogne. Avec un coût de quelques 4000 euros en moyenne, les obsèques sont le dernier luxe que l'on offre à celui qui s'en va. Et par les temps difficiles qui courent et qui risquent de durer, c'est peut être le seul luxe que l'on s'offrira bientôt, un luxe à titre posthume en quelque sorte, ultime pied de nez de l'économie de marché ...
A moins que l'on en vienne bientôt à devoir emprunter pour mourir, peut être même en hypothéquant sa propre tombe au risque de finir dans la fosse commune. Ou à saisir les vivants pour se séparer des morts. La future crise des subprimes terrassera t'elle plus les morts que les vivants ? peut être pas si d'aventure un nouvel encenseur du low cost ne diffuse de nouveaux produits : des enterrements à même la terre, des obsèques sur le territoire de l'Union européenne, des crémations dans les centrales à charbon, que sais-je...
Le web est d'ailleurs bien discret en la matière, les comparateurs de prix qui foisonnent pourtant ne prenant pas encore en compte ce type de demande. Partezmoinscher.com par exemple se contente des voyages physiques alors que sur kelkoo, si vous tapez mourir, rien ne vient.
Le plus cocasse est tout de même que le phénomène s'est accru avec... la libéralisation du secteur qui n'a jamais connu autant de croque-morts attirés par les quelques 570 000 décés annoncés en 2020, y at'il plus alléchante perspective ? Assureurs et gestionnaires de chambres funéraires se sont également engagés sur ce chemin lucratif, le dernier chemin, presqu'un chemin de croix financier. De quoi rendre la dernière quête cruciale pour la famille du défunt.
On attend donc de ces opportunistes qu'ils sauvent désormais notre économie en exportant leur savoir-faire, en particulier dans ces pays dits en développement qui sont souvent peu regardants en la matière...
Et puis alors qu'une vaste refonte de la formation professionnelle est annoncée par notre Président des annonces, peut-on lui suggérer qu'il n'omette pas de proposer des formations qualifiantes es-décés à destination des familles. Car si l'épisode est on ne peut plus naturel, rien ni personne ne nous prépare à cet instant délicat où les aspects matériels passent bien évidemment au second plan. Un second plan aux conséquences souvent douloureuses sur le... plan monétaire mais qu'un vieux fond de morale nous empêchera souvent de dénoncer. Quand bonnes éducation et conscience viennent au secours de la filouterie, c'est toute une argumentation commerciale qui se délecte déjà.
Sacré dilemme. Et pour des siècles et des siècles.
mardi 28 octobre 2008
Obsèques - Un business mortel
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