On peut difficilement y couper, la crise est parmi nous, nous envahit notre quotidien, nous obsède. A moins d'être envoyé en mission de l'autre côté de la Méditerranée, elle s'impose. Elle menace, elle s'aggrave même nous dit on.
Car tout est dit. Tout est dans la description, le commentaire, on refait le match chaque jour sans réflexion, perspective ou analyse. Et pour pouvoir décrire un match, il faut des joueurs, une action... alors le premier qui bouge, on se précipite sur lui, on le scrute à l'infini, on détaille le moindre de ses gestes.
Résultat, la crise coûte c'est sûr aux investisseurs imprudents, et encore plus sûr aux contribuables français à qui l'on annonce tranquillement qu'ils contribueront au secours de leurs banques qui pourtant, elles, viennent bien rarement à leurs secours.
Et voilà que la crise fait vendre, beaucoup,... des journaux, des spots de publicité, des émissions spéciales, des conférenciers, des livres... c'est le sujet du moment, presqu'une success story bientôt érigée en modèle.
Mais plus elle rapporte et plus elle coûte car plus on en parle plus elle accentue sa présence. C'est un drôle de dilemme dont la seule issue est la sortie positive, l'évènement fort qui sonnera comme un happy end, un coup de sifflet salvateur évitant si possible les prolongations : conférence de presse, réunion des 3, sommet des 4, politique des 12, volonté des 25 sont tour à tour lancés pour briser la spirale infernale.
Dans l'affollement, les rédactions disent tout et son contraire en espérant bien tomber. Parfois la surexitation provoque des bévues en Une même du Monde, une cocasserie qui inquiète tout de même sur la capacité à appréhender des questions plus complexes...
Les médias sont ainsi les grands bénéficiaires du moment par leur capacitié d'un coup à focaliser l'attention, centraliser l'information, dérouler le scénario.
Puis viennent les politiques habituellement peu présents ou influents sur le terrain économique. Les voilà aux premières loges d'un film qu'on croirait réalisé pour eux. Ils deviennent les derniers recours avant cataclysme, la superproduction américaine n'a qu'à bien se tenir, nous aussi on a l'étoffe des héros. D'apprentis sorciers souvent sanctionnés par le marché réel, les voilà pilotant le devenir du marché virtuel, quelle revanche. Et sans dépenser un centime de leur poche, que l'argent des autres !
Reste le monde de la finance, opaque, obscur, malmené, presque liquidé d'avoir pris trop de libertés. Irrésitible et inaccessible quand il gagne des millions, il se réfugie dans les bras du nouvel Etat-Providence quand les pertes s'accumulent. Avant de rebondir, ces dernières garanties. En cela, il invente un nouveau modèle économique où il culmine : c'est peut être le renouveau de l'activité industrielle occidentale qui se joue aujourd'hui. Il n'est plus question de matières premières, d'innovation ou de matières grises il n'est plus question que d'argent à la couleur fascinante. Etat et particuliers sont invités à produire de l'argent, un argent qui d'une manière ou d'une autre finira dans les caisses des banques.
Le regretté Paul Newman disait «Si vous êtes à une table de poker et que vous n’arrivez pas à savoir lequel de vos adversaires va être le pigeon de la soirée, c’est qu’il y a de bonnes chances que ce soit vous.» Vous voyez où nous nous trouvons ?
Nous reste plus qu'à travailler. Car plus de crédit entre nous, un simple don suffit. L'humanitaire au bénéfice de la finance, il fallait y penser, la crise l'a fait. Le Banquethon est lancé, record à battre ? 360 milliards en 2008. Car si le marché se nourrit de confiance, la banque ne s'alimente que de monnaies sonnantes et trébuchantes. Mais puisque c'est pour la bonne cause...
lundi 13 octobre 2008
Economie - quand la crise fait vendre
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