Faisant fi de plus de quarante ans de vie politique française, Nicolas Sarkozy a unanimement décidé seul de faire réintégrer l'Otan à la France. Prenant ainsi le contre-pied d'un acte fort mené par le Général De Gaulle. Le Général De Gaulle, pour les ignorants ou ceux qui ne disposeraient comme manuel d'histoire que de Gala ou Paris Match , était un militaire puis homme politique français qui fut même président du temps d'avant que Nicolas Sarkozy le soit. Car en effet il faut se souvenir qu'il y eut une vie, des hommes, des idées, la croissance même avant notre suprême Président. De Gaulle disais-je, celui qui s'est toujours "fait une certaine idée de la France", avait quitté avec fracas l'organisation politico-militaire au nom de l'indépendance de notre pays. Sa position fut confirmée par les présidents suivants car il y eut d'autres présidents avant Nico 1er, sisi, enfin des sous-présidents, des chauffeurs de salle si on peut dire. Pour le coup, la salle est désormais chauffée et cette nouvelle décision unilatérale ne manque pas de faire réagir à gauche comme à droite.
Car au-delà du bien-fondé, c'est d'abord la méthode qui interpelle, un homme seul annonce sa volonté début avril de réintégrer un pays. Tout chef des armées qu'il soit, quand on dit vouloir revaloriser le rôle du parlement, c'est tout de même bien cavalier de l'écarter de tout débat voire d'un vote. Un homme seul qui s'est, en un début de mandat, déjà beaucoup trompé et qui, s'il met volontiers en avant son volontarisme ou son hyperactivité, ne brille pas par sa vision politique, son intuition ou sa clarté. Et avec un tel record d'impopularité, peut il s'autoriser à encore décider seul ?
Dans un contexte de crise économique mondiale larvée, nul doute que les tensions internationales vont se démultiplier, signe que cet engagement n'est pas anodin. En Occident déjà, puis sur bien d'autres théâtres d'opérations existants tels l'Irak ou l'Afghanistan, et sur de nouveaux territoires tout aussi sûrement.
En Occident, l'Otan version 2008 ne peut dissimuler ce penchant qui leva tant de critiques : l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie et la Slovaquie sont les membres les plus récents. La Géorgie, l'Ukraine et la Macédoine les prétendants. Un fort accent de l'Est pour l'organisme jadis opposé au Pacte de Varsovie, comme un air de victoire que de rallier des ennemis d'hier, mais sans que cela ne remette en cause une obsession : la Russie. Une obsession américaine peut être mais pas pour nous. Super Président de l'Europe il y a peu, pourquoi le Président français ne pousse t'il pas au renforcement d'une Europe de la Défense qui ne soit pas contrôlée par l'Otan ? Alors ?
Faut-il justifier notre retour par notre nécessité-obligation d'être présent sur les conflits du moment ? En Afghanistan, nous nous renforçons régulièrement tout en sachant que cette guerre d'occupation n'a pas d'issue. Et en Irak, Nicolas Sarkozy vient de s'y rendre pour une de ses visites éclair dont il a le secret et dont même l'utilité et les résultats restent secrèts...
Otan en emporte le vent de nos convictions et de nos idéaux, une seule remarque doit prévaloir dans ce débat : si Nicolas Sarkozy avait été Président en 2003, nous serions depuis, aux côtés de nos frères américains, en guerre à Bagdad. Et c'est bien ce qui peut nous inquiéter au plus haut point. Car si l'on peut se moquer des rois fainéants du temps jadis, l'Histoire se souvient de l'autorité de Jacques Chirac à ne pas engager la France en Irak, du discours de De Villepin devant l'ONU comme auparavant d'un Mitterand à Sarajevo ou main dans la mains avec son homologue allemand. Elle se souviendra que NS à bafoué notre pays en matière militaire comme dans d'autres...
Sans aucune contrepartie, nous voilà aux services de plus puissants et peut être plus malins que nous. L'arrivée d'Obama à ce titre devrait accroitre ce souci de l'Otan d'impliquer le plus grand nombre dans ces conflits hasardeux dont les Etats-Unis ont l'habitude. Sans compter que les adversaires, ainsi démultipliés, pourront ajouter la France à leurs nouveaux ennemis...
Mais que va t'on donc faire dans cette galère ? s'afficher aux côtés des plus forts ? pas si sûr. Rouler des mécaniques, c'est bien aventureux. Par ambition économique ? coûteux. Par mimétisme politique ? dangereux.
On peut s'attendre dans les prochaines semaines à une stratégie de communication plus massive de l'Elysée, un débat nous est promis, ce qui en sarkozien veut dire que je vais vous expliquer pourquoi j'ai raison et si vous n'êtes pas d'accord c'est que vous êtes un adversaire de la France, vos positions sont archaiques et votre démarche étriquée.
Mais au-delà on comprendra que ce rattachement est celui de tous les opportunismes et donc fatalement de tous les dangers. D'Otan qu'il intervient alors que notre pays s'enlise, s'appauvrit, s'affaiblit y compris sur le plan militaire'.
Une question nous taraudera cependant bientôt : qui voudra mourir pour l'Otan ?
Finalement alors que sa dernière intervention télévisée fut baptisée par ses médias de tournant social, on notera qu'en quelques jours le Président de tous les français annonce la suppression de la taxe professionnelle au bénéfice des seules entreprises, l'alignement atlantiste de notre politique extérieure ou une refonte du trop long congé maternité sans omettre de distribuer allègrement les deniers publics au secteur privé. Comme si la crise lui permettait d' accélérer ses orientations, à l'instar des mesures radicales prises par certains grands groupes au profit de leurs seuls actionnaires. Et comme la récession ne srait encore qu'à venir, on peut craindre le pire !
samedi 14 février 2009
Rupture - Otan on emporte le vent
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