Ou la politique à coups de marteau...
En cette période de fêtes, elles n'y sont plus vraiment, à la fête. Elles, ce sont les deux classes biberons de l'équipe Sarkozy, les éminentes réussites du défunt black blanc beur. Rama Yade et Rachida Dati subissent des foudres copieuses sans que l'opposition y soit vraiment pour quelque chose.
La contestation est née dans leur domaine de compétence mais peinait jusqu'alors à se faire entendre même si les magistrats n'ont pas ménagé leur peine. On se souvient ainsi du spectaculaire et silencieux boycott du Tribunal de Metz laissant la Garde des Sceaux se garder elle-même.
Puis les médias ont emboité le pas lui donnant d'un coup un tout autre écho. Adieu couvertures bienveillantes, gravures de mode et interviews conciliantes bonjour les articles plus critiques et acides, flairant ici ou là les prémices de quelques dysfonctionnements. Jusqu'à l'annonce de scandales à venir.
A trop avoir voulu gommer la distance entre le people et la politique, les deux compères ne peuvent pas trop s'étonner de ce retour de flamme. A trop paraître sans convaincre, les voilà qui lassent voire fatiguent même les rédactions les plus soumises. Qu'on se le dise, ce lynchage médiatique en règle n'est pas plus approprié que la vénération de l'année écoulée.
"Celui qui porte l'idôle ne l'adore pas" se vérifie pour le moins si l'on veut bien considérer aujourd'hui que c'est du parti présidentiel que s'élèvent les plus virulentes critiques. Trop longtemps tues, trop souvent dédaignées, elles explosent aujourd'hui que la récession s'impose, que la crise se vit difficilement. Surtout pour les députés dont les circonscriptions sont autant de pétaudières où il ne fait pas bon se clamer de l'UMP. Et autrement moins protégées et préservées que les visites ministérielles ou présidentielles. Surtout quand l'UMP, aux yeux du grand public, prend les traits voire les formes des deux donzelles pré-citées. Annoncées proches du président, chouchous, protégées, pour la première fois cette position de choix les dessert, ces mêmes députés appréciant modérément les initiatives présidentielles sur le travail du dimanche et autres réformes incongrues. Alors que les français voient leurs entreprises souffrir, le marché de l'emploi plonger, l'avenir s'obscurcir... le fossé se creuse entre les hommes de terrain, l'Elysée et sa cour. A défaut de toucher au roitelet, crime de lèse-majesté, les députés se payent les symboles. Avec d'autant plus d'agressivité qu'ils sont malmenés jusque dans les travées de l'Assemblée par une opposition rassemblée alors qu'ils évoluent plutot en ordre dispersé.
Dans ce contexte délétère, certains prétendants y voient aussi l'occasion jadis inespérée d'enterrer deux géneuses de politiser en rond. Pas étonnant de retrouver parmi ces courageux les noms du surcoté Kouchner et des sous-doués Estrosi et Morano. Cette dernière que l'on dit trés trés proche du député maire de Nice (c'est une autre façon vieille comme le monde d'éviter les élections, le... copinage) s'est même fendue d'une déclaration nauséabonde. Pour les lorrains, ce n'est pas une surprise, sa gouaille étant tristement célèbre, en France cela peut dénoter, la candidate malheureuse à la Mairie de Toul s'évertuant à donner une toute autre image... « On n’est pas protégé parce qu’on est d’origine maghrébine ou africaine. On doit (faire) comme les autres, et je dois dire même, plus que les autres ». Avouons qu'on se rapproche là plutôt d'une discrimination... négative.
Au final, il est tout de même plus rassurant que les élus locaux, terreau de notre démocratie retrouvent de la voix et de l'ambition face à la politique Bling-Bling et copain-copain des sphères parisiennes.
En refusant de s'engager dans la campagne des Européennes Rama Yade s'est mise hors jeu aux yeux de son mentor, une faille dans laquelle se sont engouffrés les habitués des dures joutes locales. Elle ne s'attendait pas à de telles conséquences, l'exercice du pouvoir fait perdre asurément quelqu'humilité et une bonne dose de clairvoyance. Pourtant, en déclarant jadis "J'incarne tout ce que les hommes politiques ne sont pas : une femme, jeune, noire et musulmane", la plus jolie de nos secrétaires d'Etat, convenons en, ne devait s'attendre qu'à des embrassades... d'autant qu'en matière de Droits de l'Homme, elle n'aura guère brillé en une année olympique chinoise et des visites libiennes ou syriennes plus que discutables.
Rachida pendant ce temps se fait toute petite, ce qui, encecinte est en soit une performancec. Elle qui n'a pas toujours brillé non plus par son engagement. Mais quand l'on rentre à l'Ecole nationale de la Magistrature sans concours puis que l'on devient Directrice Général adjointe d'un Conseil général sur titre on n'acquiert pas les bases du jeu démocratique, il en va des concours comme des élections... Aujourd'hui maire d'un 7° arrondissement de Paris pas inaccessible, elle s'enlise dans des affirmations maladroites et son passé sarkosyte.
Le plus drôle reste cependant à venir. Que deviendront elles ? les répudier signifierait dénoncer ses propres choix, les conserver attiserait les mécontements partisans alors que se profilent doucettement les élections régionales et que l'année 2009 s'annonce socialement houleuse.
Rachida serait bien inspirée de prendre son congé maternité, quand à Rama, on ne sait pas.
Rachida et Rama sont dans un bateau, Rachida tombe à l'eau. Que reste t'il ? Rama, oui, il ne lui reste plus qu'à ramer, ramer, ramer...
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