Il y a des textes qui passent les siècles avec une telle modernité qu'on les croirait sortis d'une analyse de la veille. Ecrit en 1688, "Les Caractères" de la Bruyère entrent dans cette fameuse catégorie. Egalement intitulés "Les moeurs de ce siècle", cette oeuvre satirique semble bien pouvoir s'appliquer au XXI°...
"La prévention du peuple en faveur des grands est si aveugle, et l'entêtement pour leur geste, leur visage, leur ton de voix et leurs manières si général, que, s’ils s’avisaient d’être bons, cela irait à l’ idolâtrie."
"Il coûte si peu aux grands à ne donner que des paroles, et leur condition les dispense si fort de tenir les belles promesses qu’ils vous ont faites, que c’est modestie à eux de ne promettre pas encore plus largement."
"Les grands se gouvernent par sentiment, âmes oisives sur lesquelles tout fait d'abord une vive impression. Une chose arrive, ils en parlent trop ; bientôt ils en parlent peu ; ensuite ils n’en parlent plus, et ils n’en parleront plus. Action, conduite, ouvrage, événement, tout est oublié; ne leur demandez ni correction, ni prévoyance, ni réflexion, ni reconnaissance, ni récompense."
"L’on doit se taire sur les puissants : il y a presque toujours de la flatterie à en dire du bien ; il y a du péril à en dire du mal pendant qu’ils vivent, et de la lâcheté quand ils sont morts."
"Cette affectation que quelques-uns ont de plaire à tout le monde."
"Il y a bien autant de paresse que de faiblesse à se laisser gouverner."
"C'est le rôle d'un sot d'être importun : un homme habile sent s'il convient ou s'il ennuie ; il sait disparaître le moment qui précède celui où il serait de trop quelque part."
à méditer et garder à l'esprit en cette époque où la satire peine à s'exprimer...
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